1 – Le projet : Un III° Millénaire pour la France et l’Europe
Alors que s’ouvre le troisième millénaire, la France et l’Europe se trouvent à la croisée des chemins. Dans un monde en plein bouleversement, l’histoire hésite quant au sort de notre nation et de notre civilisation. Et, comme fasciné par le gouffre qui s’ouvre devant lui, notre pays semble perdre sa raison et sa lucidité. Nos compatriotes paraissent frappés de stupeur, les élites subjuguées par ce qui survient et nos institutions neutralisées par le cours des choses.
Pourtant, aujourd’hui comme hier, l’avenir n’est écrit nulle part et l’histoire s’affirme toujours comme le fruit de la volonté des hommes. Aussi le Mouvement national républicain a‑t-il comme projet de conjurer ce que d’aucuns prennent pour la fatalité et de rendre un avenir à notre peuple. Il veut lui ouvrir les yeux sur la réalité de la décadence et l’engager sur la voie du renouveau. Un renouveau adapté au XXIe siècle et conforme à son génie propre.
Les fruits amers du XXe siècle
Le siècle écoulé nous lègue en effet un monde contrasté où deux réalités antagonistes conjuguent leurs effets, l’une pour amollir et assoupir les Français, l’autre pour dissoudre leur identité et les détruire. Une situation qui a pris corps dans les décennies passées et qui projette sur les années à venir l’ombre de dangereuses menaces.
Le xxe siècle avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices pour notre pays et notre continent. Après une longue période d’expansion et de découverte, l’Europe exerçait sur le monde une prépondérance sans partage. Sa civilisation rayonnait dans tous les domaines et sur toutes les terres. Tout au long du siècle, le monde occidental a d’ailleurs connu un progrès matériel sans précédent. Le développement de la science et de la technique a offert aux Européens une puissance et une richesse qu’ils n’avaient jamais connues jusque-là. Grâce aux avancées de la médecine et à la croissance économique, l’ouvrier français d’aujourd’hui connaît une vie plus longue et plus facile que jamais. Et, pendant les cinquante dernières années, la France et l’Europe occidentale ont pu vivre dans un grand confort nourri par la prospérité économique, la paix internationale et la stabilité politique.
Pourtant, le xxe siècle est passé et il n’a pas tenu ses promesses d’un monde meilleur. L’an 2000, que redoutaient certains mais qui faisait rêver tant d’autres, est venu et il n’a répondu à aucune espérance. Pour la France, pour l’Europe, le siècle qui s’ouvre apparaît lourd d’incertitudes et de dangers. Aujourd’hui, en effet, la réalité doucereuse et lénifiante du monde de l’abondance et du confort commence à céder la place à une autre réalité. Une réalité jusqu’à présent sous-jacente, mais dont les terribles impératifs s’imposent peu à peu à nos compatriotes et font tomber leurs illusions quant à l’avenir qu’on leur prépare.
Car la France semble en proie à un processus de dilution qui détruit peu à peu ses valeurs, ses institutions et son peuple lui-même. Ainsi, notre pays vieillit de plus en plus et ne renouvelle plus ses générations alors qu’une immigration de peuplement imprime chaque jour un peu plus sa marque sur notre sol. Un état de guerre ethnique larvée gagne des portions croissantes de notre territoire. L’islam s’impose déjà comme la deuxième religion dans notre pays et cherche à faire prévaloir ses mœurs et ses coutumes.
L’ordre et la loi reculent tandis que la violence s’installe dans nos cités. La peur s’insinue dans les villes et les campagnes à mesure que la délinquance impunie se fait plus arrogante. Le tissu social se délite. Les égoïsmes donnent libre cours à leurs appétits, encouragés par la domination sans partage des intérêts mercantiles et le matraquage cynique d’une publicité toute-puissante. Et cela, au mépris de la misère et de la pauvreté qui reviennent en force, frappant de plein fouet les plus faibles de nos compatriotes. Hier encore pays de haute culture, la France se laisse peu à peu subjuguer par une sous-culture cosmopolite et malsaine qui soumet son peuple et sa jeunesse à un abrutissement médiatique sans précédent. Progressivement, c’est le laxisme qui tient lieu de règle en matière de mœurs, tandis que la corruption des puissants vient saper systématiquement la morale civique. Quant à la bureaucratie, qu’elle soit étatique, bruxelloise ou locale, elle est devenue omniprésente et paralysante. Sécrétant une réglementation aussi prolifique que contraignante, engendrant des taxes, des charges et des impôts toujours plus lourds, elle étouffe les initiatives, bride les énergies et stérilise la création et l’entreprise.
Les institutions elles-mêmes se trouvent subverties les unes après les autres. La citoyenneté, pourtant fondement de la cité et de la république depuis la plus haute antiquité européenne, se vide jour après jour de sa substance. On abolit peu à peu toute distinction entre citoyens et résidents, au point d’instaurer une véritable priorité en faveur des étrangers aux dépens des Français de souche. La préférence nationale devient une discrimination et même un délit qui prive de leur sens les notions pourtant essentielles de communauté et de fraternité nationale.
L’école, qui de tout temps assurait la transmission du savoir et de notre héritage de civilisation, a abandonné cette mission essentielle pour se transformer en une chambre de résonance de la société et de toutes ses déviances, au point que la délinquance, la drogue et la violence s’y développent tous les jours. L’armée, qui incarnait la volonté de notre peuple de durer et de survivre et maintenait vivantes les valeurs patriotiques, a été coupée de la nation pour se trouver progressivement démantelée.
La démocratie, que le régime brandit à tout propos contre ses adversaires, devient une coquille vide, réduisant ainsi les libertés concrètes des Français. La liberté d’expression et la liberté de recherche sont mises en tutelle au nom d’un antiracisme truqué qui vise à culpabiliser nos compatriotes. La prétendue liberté de l’information n’empêche ni la censure, ni les manipulations, ni l’espionnage, ni les procès en sorcellerie. Au nom de la mixité sociale, alibi du mélange ethnique, on va même jusqu’à retirer à nos compatriotes la liberté de choisir leur voisinage.
Cette logique totalitaire se trouve de surcroît considérablement amplifiée par l’Europe de Bruxelles qui se comporte comme une oligarchie aux pouvoirs de plus en plus étendus. Pour la première fois dans notre histoire en temps de paix, la France a dû renoncer à sa souveraineté, à son droit qu’on croyait pourtant inaliénable de frapper sa monnaie, de conduire sa politique budgétaire, de garder ses frontières, de décider qui peut pénétrer sur son sol. Pour la première fois, plus de la moitié des règles qui gouvernent la vie des Français n’ont pas été édictées par des élus ou des dirigeants français, mais sont imposées depuis l’étranger par des instances étrangères.
Au seuil du XXIe siècle, les facteurs de décomposition de notre société se sont tellement multipliés qu’ils affectent maintenant la vie quotidienne et le sort de beaucoup de nos compatriotes. Pourtant, les responsables du régime ne s’inquiètent pas de ces phénomènes dans lesquels ils ne semblent voir que les effets inévitables des mutations nécessaires à notre entrée dans le monde de demain. Monde qu’ils décrivent tous par un maître mot : mondialisation !
Les nuages noirs du XXIe siècle
Sans faire la distinction entre les facteurs objectifs de la mondialisation, que sont par exemple les nouveaux moyens de télécommunication, et l’obsession idéologique qui conduit à juger tout ce qui en résulte comme systématiquement bénéfique, les tenants du régime transforment des mécanismes purement techniques de rétrécissement de la planète en une doctrine politique de promotion du cosmopolitisme.
Confondant ainsi mondialisation et mondialisme, ils en viennent à voir dans les évolutions actuelles un processus irréversible d’unification de la planète. Les économies, les nations, les civilisations, les cultures, les races, voire les religions, seraient amenées à se fondre en une entité unique, à se mélanger en un immense melting-pot planétaire. Et chacun de se féliciter des mécanismes unificateurs mis en place par les nouvelles techniques de communication et d’applaudir aux nouvelles règles de décloisonnement des économies. Et tous, faiseurs d’opinion, princes de la finance et responsables politiques, d’en demander toujours plus pour accélérer ce processus et pour y adapter, au besoin contre leur volonté, les peuples et les nations. Dérégulations, suppression des frontières, destruction des obstacles aux échanges, mise en cause des souverainetés populaires, contournement des lois étatiques, fusion internationale des entreprises, tout, et n’importe quoi, doit être entrepris pour assurer la domination de leur nouvelle idole, la mondialisation. Les nations doivent céder la place au nouvel ordre mondial, les économies nationales se fondre dans le grand marché planétaire, les États se soumettre aux organismes internationaux, à l’Onu, à l’Otan, à l’OMC. Et malheur à ceux qui refusent. Ils seront brisés comme l’ont été l’Irak et la Serbie.
Aux yeux des dirigeants des nations européennes, la globalisation constitue en effet un impératif auquel il faut se soumettre les yeux fermés, sans se soucier des conséquences souvent dramatiques qui en résultent pour les peuples.
L’immigration devient ainsi un phénomène normal, présenté même comme bénéfique puisqu’il permettrait de compenser la chute de la démographie française et européenne. Ainsi l’Onu préconise-t-elle, dans un rapport publié en 1999, l’arrivée en Europe de 159 millions d’immigrés supplémentaires d’ici à 2025, dont 23 millions pour la France. Projet qui changerait pourtant radicalement la nature de la population européenne, laquelle compte aujourd’hui 400 millions d’habitants. « Un changement géopolitique majeur », reconnaît l’Onu sans vraiment s’en inquiéter. Sur le plan religieux, la montée en puissance de l’islam sur le continent européen et la prochaine entrée de la Turquie dans l’Europe correspondent à cette même volonté mondialisatrice visant, selon la formule d’un ministre français, à faire en sorte que « l’Europe ne reste pas un club chrétien ».
Dans ce processus de mélange planétaire, c’est encore l’Europe de Bruxelles qui joue le rôle d’accélérateur. En cherchant à étendre toujours plus le nombre de ses membres, elle se transforme progressivement en une nouvelle Babel qui détruit les entités nationales, dépossède les peuples de leur souveraineté, démantèle les États sans même défendre l’identité et les intérêts du vieux continent. Bien au contraire, l’Europe de Bruxelles se soumet aux États-Unis d’Amérique qui s’affirment de plus en plus comme l’inspirateur et le garant de ce nouvel ordre mondial. Devenus depuis la disparition de l’Union soviétique la seule superpuissance planétaire, ceux-ci tentent d’imposer partout dans le monde leur modèle cosmopolite et marchand, celui qui fonde leur propre société. Bien qu’ils connaissent chez eux de graves échecs, les Américains agissent partout avec détermination pour faire prévaloir leur vision du monde et se comportent ouvertement comme le bras séculier de la mondialisation.
C’est dans le domaine économique que ce processus prend actuellement la plus grande ampleur. Facilité par l’essor spectaculaire des moyens de transport et de télécommunication ainsi que par les dérégulations généralisées, le commerce mondial se développe à un rythme accéléré tout comme les regroupements d’entreprises et les délocalisations. Se crée ainsi dans chaque secteur l’ébauche de quelques grands groupes qui placeront le monde sous la coupe d’oligopôles transnationaux. Déjà, il n’existe plus que deux constructeurs d’avions, Airbus et Boeing, et les entreprises, à mesure qu’elles se mondialisent, se regroupent progressivement, de telle sorte que leur nombre diminue dans le secteur de l’automobile, des transports aériens, des télécommunications et de l’électronique. Par le jeu de ce monstrueux Monopoly, l’économie mondiale tend à se structurer autour d’entités financières internationales échappant au contrôle des États, étrangères aux préoccupations humaines, nationales et sociales, et mues seulement par les lois implacables de l’argent.
Telles sont les perspectives d’avenir que nous présentent les tenants de l’établissement à l’aube du XXIe siècle. La marée migratoire, la globalisation de l’économie, l’étouffement bureaucratique et fiscal, l’eurofédéralisme bruxellois et le nouvel ordre mondial américain, autant de phénomènes qui accentuent la dérive totalitaire et l’impérium des valeurs marchandes, autant de mécanismes qui concourent à la mondialisation et ne peuvent donc qu’entraîner la destruction de notre nation et de notre civilisation.
Le souffle de notre peuple
Au Mouvement national républicain, nous voulons au contraire la survie de la France et de l’Europe. Nous voulons défendre notre peuple et sa civilisation, nous voulons rester ce que nous sommes, nous voulons un avenir dans la fidélité à nos valeurs et à notre identité. Le MNR s’oppose donc globalement au projet de l’établissement. Et l’antagonisme qui en résulte correspond clairement à l’enjeu majeur du siècle qui vient. D’un côté les tenants du mondialisme, de l’autre les promoteurs de nos identités. D’un côté les zélateurs du totalitarisme politiquement correct, de l’autre les défenseurs de nos libertés et de nos valeurs de civilisation. Dans cette grande bataille qui s’engage, nous avons choisi notre camp. Et notre ambition est simple : rassembler tous les Français attachés à leur nation et à leur civilisation pour faire obstacle aux entreprises néfastes du mondialisme, du totalitarisme et du matérialisme.
Nous affirmons sans ambages notre attachement à notre peuple et notre amour de la France. Pour nous, elle représente un trésor vivant. Sans elle, quelque chose d’essentiel manquerait au monde. Certains prétendent l’amputer, la faire naître en 1789 ou mourir en 1940. Nous, nous en recueillons tout l’héritage, son histoire et sa foi, ses penseurs, ses chefs et ses ingénieurs, ses rois et ses généraux, ses arts et sa science, ses vins et sa cuisine. Du plus profond de son inépuisable richesse intellectuelle, affective et morale, la France nous parle par ses voix intérieures depuis des millénaires. Mémoire et source de vie, elle est le résultat d’une longue histoire d’amour entre un peuple et une terre. Non sans mal, dans le sang, la sueur et les larmes, mais aussi par le cœur et par le génie, le peuple a fécondé la terre et la terre a façonné le peuple. De cette nation, « faite de main d’homme » pour reprendre la belle formule de Paul Valéry, est née une très haute civilisation qui s’est élevée au sommet des réalisations humaines et des conquêtes de l’esprit.
Nous revendiquons le droit de préférer ce pays-là, ce grand pays qui est le nôtre. Nous osons préférer sans complexe notre civilisation, notre histoire et notre nation. Nous préférons la France non seulement parce qu’elle est nôtre, mais parce qu’avec Saint Louis, Pascal, Molière, c’est une manière très mesurée, très humaine d’aller haut, de penser clair, de concevoir le beau. Elle nous amène sans façon au-dessus de nous-mêmes, elle nous lie doucement à la terre et au ciel. Elle ajoute quelque chose à la vie et à la beauté du monde. Aussi reconnaissons-nous un destin singulier à notre pays. Un destin qu’il nous faut assumer et qui nous porte à proclamer les droits imprescriptibles de la France et des Français. Les droits des vivants, des morts et des générations à venir, car notre pays n’appartient pas à la génération présente, nous l’héritons de nos grands-parents et nous l’empruntons à nos petits-enfants.
Et, dans cette bataille que nous engageons contre les forces pernicieuses du mondialisme, nous sommes portés par le souffle de notre peuple, un souffle qui nous dépasse et qui transcende notre combat. La France, nous le savons, a connu en maintes occasions dans son histoire des périodes aussi difficiles que celle d’aujourd’hui et, à chaque fois, elle a su trouver en elle-même les ressources vitales pour se ressaisir et reprendre sa marche en avant. Cette fois-ci encore, elle trouvera la force de résister à la destruction, de s’opposer à la dilution et de se redresser pour poursuivre son cheminement dans l’histoire. Aussi sommes-nous bien plus forts qu’il n’y paraît puisque, précisément, nous sommes l’expression politique de la volonté de notre peuple de résister et de survivre. Nous sommes son bras séculier, l’instrument qu’il se donne pour affronter les forces du mondialisme, de l’étatisme et de la décadence. Aussi engageons-nous le combat avec la certitude de l’emporter face à un adversaire certes considéré comme omnipotent, mais qui se révèle en réalité beaucoup plus fragile que les apparences ne le laisseraient croire.
Tourner le dos aux erreurs du passé
Les phénomènes auxquels nous assistons actuellement ne sont pas en effet la manifestation d’un grand courant d’avenir qui prendrait sa source aujourd’hui pour aller se renforçant dans les décennies à venir. Ils sont au contraire l’aboutissement exacerbé de mécanismes qui ont pris corps au XXe siècle et qui appartiennent donc au passé. Ainsi, le processus de décomposition de la nation qui se déroule sous nos yeux, loin de répondre à on ne sait quelle nécessité historique, résulte en réalité des erreurs idéologiques et politiques commises tout au long du siècle écoulé. Car, au-delà des progrès matériels enregistrés durant cette période, le XXe siècle aura été au total particulièrement funeste pour l’Europe et pour la France.
Il aura été le siècle du totalitarisme, celui au cours duquel les dangereuses utopies liberticides élaborées au siècle précédent, communisme et national-socialisme, se seront incarnées politiquement. Si ce dernier a disparu, le marxisme et l’égalitarisme continuent d’exercer leur domination politique et idéologique, en particulier dans notre pays. Et, si les méthodes brutales et sanglantes des grands totalitarismes ont été abandonnées, c’est pour adopter les techniques plus subtiles et plus efficaces du politiquement correct. La pensée unique et le terrorisme intellectuel pratiqués aujourd’hui semblent en effet avoir asservi les esprits avec plus d’efficacité que la terreur physique et s’affirment donc comme la version contemporaine des totalitarismes passés.
Le siècle écoulé aura vu également s’imposer les intérêts marchands que symbolisent le consumérisme et le règne de l’argent. Il aura connu l’effacement des valeurs traditionnelles et humanistes au profit de la domination froide des impératifs de la technique et des exigences des marchés. Et cette très grave dérive du XXe siècle donne aujourd’hui son plein effet avec l’occultation du politique, l’affaissement des nations et la disparition des valeurs. L’aube du nouveau siècle est donc marquée par l’exacerbation du matérialisme en gestation depuis des années.
De même, l’utopie cosmopolite qui a parcouru le siècle passé sous la forme de l’internationalisme, du libre-échangisme et du mondialisme atteint maintenant son point culminant avec la frénésie mondialisatrice qui prend, à l’échelle de la planète, la dimension d’une véritable hystérie collective. Là encore, il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau, mais de l’aboutissement explosif de tendances passées.
Enfin, le XXe siècle aura été en France l’occasion d’une montée en puissance du socialisme, de la social-démocratie et donc de l’étatisme et du fiscalisme, aboutissant aujourd’hui à une législation tentaculaire et asphyxiante, en même temps qu’à des taux de prélèvements obligatoires jamais atteints dans notre histoire.
Paradoxalement, l’aube du troisième millénaire ne marque donc pas le début d’une ère nouvelle mais plutôt la fin d’une période écoulée. Les crises qui s’annoncent prennent racine dans les erreurs du XXe siècle et les mécanismes que nous combattons ne sont donc pas porteurs d’avenir puisqu’ils résultent du passé.
Rompre avec un système illégitime
Cela est d’ailleurs si vrai que les zélateurs de ces utopies funestes sont eux-mêmes des hommes du passé. En France, l’établissement qui gouverne notre pays depuis cinquante ans est en effet directement issu de l’après-guerre, qu’il s’agisse de la gauche socialo-communiste ou de la droite gaulliste et centriste. C’est la guerre qui a fondé leur pouvoir et leur légitimité et ce n’est pas un hasard s’ils se réfèrent autant à cette période de notre histoire.
Aujourd’hui, cependant, les uns comme les autres ont trahi leurs idéaux d’origine. Les néo-gaullistes ont renoncé à défendre la souveraineté et l’indépendance de la France, ils ont accepté la domination américaine et l’eurofédéralisme bruxellois. Avec la cohabitation, ils ont renié l’esprit de la Ve République pour se vautrer dans le régime des partis et des combinaisons politiciennes. Quant aux socialo-communistes, ils ont, eux aussi, tourné le dos à leurs propres convictions en se ralliant aux puissances d’argent. Les communistes ne se définissent plus comme les adversaires du marché et les socialistes jouent pleinement le jeu de l’ultralibéralisme international, acceptant sans état d’âme le mondialisme économique qui donne tous les pouvoirs au grand capitalisme international.
Aussi les partis de l’établissement ont-ils perdu toute légitimité. En trahissant leurs anciens idéaux, ils ont renoncé à peser sur la réalité et se contentent désormais de vouloir ce qui survient et d’approuver ce qui arrive. Ainsi affirment-ils que « les immigrés ne repartiront plus », que « la France est multiconfessionnelle », que « le mondialisme est une chance pour notre pays », que « l’Europe de Bruxelles est irréversible » et que, de toute façon, « il n’y a qu’une seule politique possible ». Comment s’étonner dès lors que gouvernements et majorités changent sans que rien ne change ? Et comment ne pas comprendre que les Français n’aient plus confiance dans cette classe politique uniquement préoccupée par la conservation de ses privilèges et qui, devenue incapable de servir, ne songe désormais qu’à se servir ?
Ainsi la fausse droite et la gauche se trouvent-elles en situation de complicité historique pour se partager le pouvoir et empêcher par tous les moyens, y compris les plus odieux, l’émergence d’une nouvelle force politique. Un souci qui va d’ailleurs si loin que, pour se maintenir au pouvoir, les politiciens ont engagé une véritable guerre froide contre le peuple. C’est ainsi qu’ils cherchent à neutraliser son esprit critique, à bloquer ses capacités de réaction et à le déposséder progressivement de ses prérogatives.
Et, dans ce combat, tout est bon : les lois liberticides qui interdisent les opinions non conformes, les commissions ou les juges qui se substituent aux instances représentatives, les médias qui asservissent les esprits au politiquement correct, l’école qui enseigne la pensée unique, l’Europe oligarchique qui bafoue la souveraineté du peuple.
Ce régime frappé d’impuissance, désormais conscient de la fragilité de son assise démocratique et par conséquent de la faiblesse de sa légitimité, cherche à renforcer cette dernière en faisant revivre artificiellement les événements qui ont fondé autrefois son pouvoir. La deuxième guerre mondiale est donc sans cesse brandie comme une incantation pour tenter à la fois de régénérer le système et de diaboliser ses adversaires. Faute de légitimité réelle, le régime essaye de se raccrocher à une légitimité virtuelle, celle qu’il construit artificiellement en invoquant la Résistance et la lutte antifasciste. Aussi sort-il de la réalité d’aujourd’hui et de demain pour chercher refuge dans le passé en s’efforçant de plaquer sur le monde actuel des schémas qui datent d’il y a plus de cinquante ans. En ce sens, les responsables de l’établissement appartiennent clairement au passé. Loin d’être ancrés dans le XXIe siècle, ils s’affirment comme des hommes du XXe siècle maintenant révolu.
Face aux entreprises délétères qui menacent notre nation et notre civilisation, les dirigeants du système se comportent comme ces déserteurs qui, en plein combat, abandonnent leur poste. Et, dans la décadence qui frappe la France et l’Europe, la trahison sans précédent des élites politiques, mais aussi intellectuelles, artistiques, scientifiques et morales, de notre pays aura joué un rôle éminemment funeste. Car, à aucune autre période de notre histoire, on ne les a vues aussi soumises, aussi moutonnières, aussi unanimistes et aussi irresponsables qu’aujourd’hui.
Sur toutes les grandes questions, qu’il s’agisse par exemple de l’immigration, de l’Europe bruxelloise, de la mondialisation, de la guerre au Kosovo ou en Irak, de l’avenir de la nation, c’est le même discours qui revient sur toutes les lèvres. Chez les politiques du régime, mais aussi chez les journalistes, chez les intellectuels ou chez les artistes. Le même discours larmoyant, moralisateur et mondialisant, comme si tous, par lâcheté ou par bêtise, communiaient dans la même pensée. Cependant, par delà l’effet de propagande qu’il produit, cet unanimisme bêlant traduit surtout une terrible faiblesse de la pensée unique. Car, si elle est unique, c’est précisément parce qu’elle n’est pas une pensée, mais une simple logorrhée dictée par un terrorisme intellectuel aussi stupide et aveugle que celui pratiqué par les dictatures du XXe siècle.
Le retour des identités
Aussi les forces de décomposition nationale se révèlent en réalité beaucoup moins puissantes et irrésistibles qu’on ne veut le faire croire au peuple français car elles résultent des erreurs du siècle précédent, ne sont promues que par des hommes du passé et ne sont soutenues par aucune pensée cohérente.
En effet, le melting-pot planétaire qu’on invoque à tout bout de champ n’est pas généralisé. Le mécanisme de mondialisation accélérée touche principalement l’Europe et l’Occident et fort peu les autres régions du monde. Ainsi, par exemple, les phénomènes de migration ne concernent pas l’Afrique ni l’Asie. À l’évidence, aucun courant migratoire ne vient envahir la Chine, l’Inde ou le Nigéria. Cette mondialisation, à laquelle tout doit être subordonné et qui n’atteint finalement que les peuples blancs et les nations occidentales, constitue donc un marché de dupes pour les Européens. Pourquoi devrions-nous abandonner notre identité alors que, dans le reste du monde, chacun continuerait de défendre jalousement sa culture et son peuple ?
Ce grand courant de mondialisation dont l’établissement et les médias font la promotion représente donc en réalité un phénomène limité. Limité dans l’espace mais aussi dans le temps, car le monde ne s’achemine pas vers toujours plus de mélange et d’unification. Au contraire, on assiste un peu partout au réveil des aspirations identitaires. N’oublions pas que c’est le sentiment national qui joua le rôle de catalyseur dans la chute du communisme en Europe de l’Est. Les grands ensembles qu’ont pu être, chacun à leur échelle, l’URSS, la Yougoslavie ou la Tchécoslovaquie ont volé en éclats sous la pression de la volonté identitaire des peuples. Le réveil de l’islam et la montée de l’intégrisme musulman vont dans le même sens et manifestent le désir, parfois exacerbé, des civilisations d’affirmer leur propres valeurs face au mondialisme. Quant à la Chine, elle cultive un sentiment national très fort, tout comme l’Inde, le Pakistan et la plupart des pays du tiers monde.
En réalité, le monde de demain sera plus affirmé dans sa diversité et dans la variété de ses identités qu’il ne l’est aujourd’hui. Tout comme le monde d’aujourd’hui est beaucoup moins uniforme que celui du début du siècle quand l’Europe dominait la planète et imposait à travers les océans son modèle de civilisation. Le phénomène de l’affirmation des peuples et de leur identité est donc une réalité d’avenir.
Le déclin des mondialistes
La force du régime et des mécanismes pervers qu’il véhicule ne réside donc pas dans la réalité des faits mais dans une formidable mise en scène politico-intellectuelle qui vise à abuser les Français et les Européens. Ainsi existe-t-il un véritable montage destiné à rendre légitime la vision mondialiste du régime et à discréditer systématiquement tout attachement à notre nation et à notre civilisation. Et les mécanismes de la pensée unique sont à cet égard d’une simplicité tout à fait conforme aux règles élémentaires de la propagande. Ils tiennent en deux postulats : la nation c’est condamnable, la mondialisation c’est irréversible.
Ainsi les tenants du système pratiquent-ils un matraquage incessant contre l’idée même de nation. Tel général haut placé dans la hiérarchie de l’Otan déclare obsolète l’État-nation. Tel conseiller diplomatique du président de la République explique que la nation ne peut être désormais que pluri-ethnique et multi-confessionnelle. Quant à la présidence française de l’Union européenne, elle annonce que l’Europe est dorénavant un lieu de métissage. Et les faiseurs d’opinion de proclamer par ailleurs à longueur de temps le caractère inéluctable et irréversible de la mondialisation. En cherchant ainsi à transformer leurs choix idéologiques en vérités intangibles, les responsables de l’établissement ne se donnent même pas la peine d’éviter les contradictions dans lesquelles ils se font enfermer par les événements.
Ainsi les mêmes interviendront politiquement ou militairement pour assurer l’indépendance de la Tchétchénie ou de la Bosnie, mais expliqueront qu’elle n’a plus de sens pour la France. Les mêmes interdiront le droit de conquête au Koweït mais l’accepteront pour le Liban. Et, confronté aux réalités, M. Kouchner, tout en reconnaissant publiquement que la société multi-ethnique est impossible au Kosovo, continuera de la prôner pour la France.
Il est vrai que la manipulation dont nous sommes victimes ne s’appuie pas sur des réalités, mais sur des condamnations morales prononcées au nom d’une prétendue éthique qui entend aujourd’hui régenter les choix politiques de l’établissement. Ainsi la nation serait moralement condamnable car source de discrimination, d’exclusion, voire de racisme et de guerre. Et la mondialisation serait l’horizon indépassable du bonheur humain ou, à tout le moins, le bien vers lequel elle doit progresser. Plus généralement, tout ce qui implique le maintien des communautés est assimilé au mal en tant que forme d’exclusion. Et, inversement, tout ce qui est mélange et ouverture relèverait par nature du bien.
L’indigence de la pensée unique apparaît à ce stade d’autant plus odieuse que ceux qui brandissent l’arme morale pour diaboliser les convictions identitaires sont souvent aussi ceux qui se livrent à la corruption et bafouent la morale élémentaire. L’hypocrisie est telle que l’on veut aujourd’hui évacuer la morale du domaine des actes individuels pour l’exhiber dans le champ politique en vue de délégitimer les conceptions que l’on combat ! Or, rien n’est plus contraire à l’ordre des choses : la morale doit régenter le comportement des personnes, et non servir de justification hasardeuse à des choix politiques partisans.
Une telle attitude montre la fragilité des positions du système réduit à se fonder exclusivement sur un dévoiement de la notion même de morale et à utiliser ce montage éthico-idéologique pour tenter de camoufler ses propres faiblesses. Ainsi, le défaitisme que le régime inculque à notre peuple, le doute et la culpabilité permanente qu’il entretient à propos de ce que nous sommes et de ce que nous pouvons faire visent principalement à masquer l’incapacité de la classe politique à peser sur les événements.
Car, si les Français sont convaincus que la France n’a plus d’avenir et ne peut plus rien faire par elle-même, comment pourraient-ils en vouloir à ses dirigeants de n’avoir rien accompli pour son redressement ? En se livrant sans relâche à la dévalorisation de la France et de la nation, les politiques espèrent s’absoudre de leur impuissance. Pour autant, cet artifice ne suffira pas à sauver le système, car, comme au temps de la défunte Union soviétique, l’idéologie officielle est confrontée à l’épreuve des faits et battue en brèche par la réalité.
Le régime peut bien expliquer aux Français que l’immigration est inéluctable et bénéfique, nos concitoyens savent à quoi s’en tenir et cherchent par tous les moyens à se tenir à l’écart des populations immigrées. On peut leur affirmer que l’insécurité n’est qu’un sentiment et que celle-ci se stabilise, ils constatent presque tous les jours qu’elle ne cesse de se répandre. On peut par des tours de passe-passe leur annoncer des baisses d’impôts, ils savent pour beaucoup d’entre eux que la pression fiscale ne se relâche pas. Ainsi le régime s’apparente-t-il de plus en plus, toute proportion gardée, à celui de l’ex-URSS. Cramponné à son idéologie, coupé du peuple et impuissant à agir sur la réalité, l’établissement ne se maintient que par le poids de l’intelligentsia et la force du totalitarisme. Jusqu’au jour où, brutalement, le mur s’effondrera.
Les atouts du renouveau
L’avenir n’est donc pas fermé et le combat du MNR pour le renouveau de la France et de l’Europe peut donc déboucher sur une grande victoire. Et cela d’autant plus que nous voulons nous appuyer sur les opportunités historiques qui s’offrent à notre nation en ce début de millénaire.
N’oublions pas, d’abord, que notre pays demeure l’une des grandes puissances mondiales. Il dispose de l’arme nucléaire stratégique. Il s’affirme comme le quatrième pays exportateur de la planète. Nos chercheurs, nos ingénieurs et nos entrepreneurs n’ont rien à envier à ceux d’outre-Atlantique. Les Français ont su s’illustrer dans de nombreux secteurs de pointe comme l’aéronautique, le spatial, le nucléaire civil, les industries d’armement ou le génie biologique. Nous disposons d’un vaste territoire doté d’une agriculture puissante et notre peuple demeure inventif et entreprenant. La France n’est donc pas une puissance moyenne comme aime à le souligner l’établissement. On cherche seulement à lui faire oublier qu’elle est une grande nation dotée d’un riche patrimoine et de fortes potentialités.
Il suffit donc de libérer son génie et son énergie pour qu’elle puisse mener à bien de grandes entreprises et accomplir des œuvres remarquables. Elle dispose en outre, tout comme les autres pays européens, d’une liberté nouvelle, car l’implosion de l’ordre de Yalta, avec l’effondrement de l’Union soviétique, devrait lui permettre de s’émanciper de la tutelle américaine et de retrouver dans un monde multipolaire une marge de manœuvre qu’elle avait perdue.
De plus, notre pays n’est pas isolé sur la planète, car tous ceux qui luttent pour réguler le désordre économique mondial seront de notre côté. Tous ceux qui refusent l’hégémonie américaine nous soutiendront. Pour peu qu’elle déclenche une grande dynamique mondiale fondée sur l’identité et la liberté des peuples, la France verra se tourner vers elle les nations qui veulent rester elles-mêmes. Elle se trouvera aussitôt entourée d’amis et d’alliés à l’échelle de la planète.
Les valeurs du redressement
Aussi voulons-nous ouvrir à la France les voies du XXIe siècle et offrir à notre nation et à notre continent les moyens de redevenir eux-mêmes. Alors que l’établissement a diabolisé les valeurs héroïques de l’énergie et de la transcendance, nous voulons rendre à notre peuple le goût des entreprises prométhéennes.
Nous rejetons les manœuvres visant à le dévaloriser et à le culpabiliser. Nous refusons le goût morbide pour la repentance et l’évocation incessante des heures les plus sombres de notre passé. Nous voulons que les Français reprennent confiance en eux-mêmes, qu’ils redeviennent conscients de leur grandeur, fiers d’eux-mêmes et de leur pays, qu’ils retrouvent l’amour de l’action, de la grande santé, qu’ils respirent de nouveau l’air du large et des aventures généreuses.
Nous voulons réveiller la force de la liberté. Non pas la liberté de tout faire, mais la liberté au sens européen du terme, c’est-à-dire au sens de la maîtrise de soi et de son destin. La liberté, nous la voulons pour les Français mais aussi pour la communauté qu’ils forment. Nous voulons la souveraineté face au carcan mondialiste et social-démocrate, face au politiquement correct et à la pensée unique.
Nous voulons renouer avec l’esprit d’entreprise, avec le goût de la recherche et de l’invention, avec les qualités propres aux grands capitaines d’industrie qui permettent de reculer les limites du possible.
Nous voulons aussi retrouver l’une des vertus cardinales de notre civilisation : le sens de la mesure. Car nous refusons de soumettre la nature en la détruisant à la manière des barbares. Nous voulons que soient respectés l’ordre naturel et les lois de l’harmonie. Nous ne confondons pas progrès social et consommation frénétique, bonheur humain et matérialisme, qualité et quantité. Nous respectons l’héritage naturel et le patrimoine de civilisation que nous ont légués les générations qui nous ont précédés.
Nous voulons rendre vie à l’esprit de finesse caractéristique des vertus françaises. Nous voulons retrouver la juste hiérarchie des valeurs. Rétablir la primauté de l’ordre politique au service du bien commun, préserver les intérêts particuliers mais les maintenir à leur juste place.
Nous voulons redonner vie à la fraternité, à la préférence pour notre prochain et pour notre nation. Permettre à chacun de vivre au sein d’une vraie communauté et non dans un désert d’égoïsme.
Nous voulons enfin retrouver la vitalité et la force collective. L’Europe comme la France, loin d’avoir honte de la grandeur et de la puissance, doivent au contraire y aspirer. Loin de rejeter le progrès, nous voulons le maîtriser et le mettre au service de nos valeurs. La force bien utilisée est féconde car elle est utile à la vie et, parce que nous refusons de régresser, nous voulons le développement.
Les voies de la renaissance
Aussi sommes-nous en mesure d’affirmer que notre nation tout comme l’Europe a un avenir, car nous possédons les réponses aux questions qu’elles se posent. Quand le régime n’a plus rien à dire à notre peuple, nous, nous avons un but et une voie à lui proposer et la volonté de l’y conduire.
Redonner vie à notre nation, rendre confiance et fierté à notre peuple, libérer ses énergies créatives, assurer la protection et l’harmonie de son territoire, affirmer sa culture et ses lois fondamentales, voilà notre projet.
Nous voulons œuvrer à la renaissance de notre civilisation, renouer avec les valeurs traditionnelles qui la fondent, retrouver les vertus éminentes qui ont fait la grandeur de notre peuple.
Nous voulons bâtir une Europe des nations, assurer la puissance collective des grands peuples européens, les libérer de la tutelle américaine, rendre au vieux continent la force civilisatrice qui a été la sienne au fil des siècles écoulés.
Nous voulons fonder une république forte, conforme aux traditions nationales, garante de l’intérêt public, de la liberté des personnes, de la souveraineté du peuple et de la fraternité des citoyens.
Nous voulons pour cela instaurer un État fort. Un État qui ne soit pas une administration oppressive. Mais un État qui incarne l’intérêt général, fasse respecter les lois et exprime la volonté populaire. Un État protecteur qui garantisse la liberté et la sécurité des personnes et des communautés.
Nous voulons établir les familles comme cellules fondatrices de notre société, leur donner le prestige et les prérogatives qui leur appartiennent légitimement. L’école de leurs enfants doit être préservée des préjugés, de la propagande et de la violence.
Nous voulons organiser la société de façon à laisser toute leur place à ceux qui entreprennent, qui créent et qui travaillent. Chacun doit pouvoir jouir des fruits de son métier pour en faire bénéficier ses proches et ses descendants.
Nous voulons encore libérer les Français. Les libérer de la peur du politiquement correct, leur rendre le droit d’aimer et de préférer les leurs. Libérer les Français du poids étouffant de la bureaucratie et du fiscalisme. Les libérer de l’occupation étrangère que beaucoup subissent comme une souffrance indicible. Libérer les Français des affres de la délinquance qui rend insupportable leur vie quotidienne. Les libérer des injustices, du chômage et de la misère. Les libérer du mépris que leur vouent les prétendues élites.
Tel est le projet du MNR, un projet qui permettra à la France de rompre définitivement avec les erreurs du XXe siècle et de se tourner avec confiance vers le millénaire qui s’ouvre. Un projet qui entend inscrire de nouveau la France et l’Europe dans une grande œuvre de civilisation. Un projet qui consiste à enraciner le monde de demain dans les valeurs permanentes et universelles de notre civilisation. Car tel est le défi qui nous est lancé par le siècle qui s’ouvre. Ou nous laissons les erreurs anciennes atteindre leur paroxysme jusqu’à la destruction de tout ce que nous avons été. Ou nous rompons avec les errements actuels pour ouvrir une voie nouvelle et sauver ce que nous sommes.
Pour devenir ce que nous sommes
Le Mouvement national républicain a fait clairement le choix du renouveau. Il veut réaliser une synthèse originale et féconde entre les traditions et la modernité, entre l’impératif d’identité et les exigences du monde d’aujourd’hui. Le MNR veut rompre avec la barbarie et renouer avec la civilisation. Il veut tourner la page des erreurs passées pour écrire celle des temps à venir. Celle qui nous permettra de devenir ce que nous sommes !
2 – Les propositions : la France à nouveau
Les valeurs
Nobles et exigeantes, les vertus propres à notre civilisation occidentale ont de tout temps eu pour effet d’élever les hommes et les peuples. Ce sont elles qui ont permis à la France de se forger le destin exceptionnel qui est le sien.
Façonnées par l’esprit de liberté et de transcendance, pétries de volonté d’action et de conquête, de sens de l’éthique et du devoir, de goût pour la compétition et la connaissance, d’aspiration à l’harmonie et au dépassement de soi, elles ont su, mieux que toutes les autres dans le monde, réaliser l’équilibre entre l’épanouissement des personnes et le développement des communautés, entre les impératifs de la vie spirituelle et la maîtrise du monde matériel. Sans ces valeurs, véritable colonne vertébrale de notre civilisation, notre nation se dissoudrait en un agrégat d’individualités désorientées.
La santé mentale de la nation
Aussi, pour le MNR, les valeurs ont-elles un rôle essentiel à jouer dans le redressement de la France dont elles constituent l’armature spirituelle. Ce sont donc leur vitalité, l’influence bénéfique que les valeurs exercent sur les hommes et les communautés, qui garantissent la bonne santé mentale de notre patrie. En revanche, leur remise en cause ou leur abandon portent immédiatement atteinte à l’intégrité et à l’équilibre psychologique de la nation.
Aussi y a‑t-il un lien direct entre l’état de la société et la nature des vertus dominantes. Que celles-ci soient exigeantes et exaltent le respect des personnes, le sens de la communauté, le goût de l’émulation, l’honneur, le courage, la quête de la vérité, et le peuple, naturellement, en dehors même du cadre des lois et du pouvoir, sera porté à se dépasser, à exceller, à vivre en paix et en harmonie. Si, à l’inverse, prédominent des anti-valeurs prônant la jouissance, la paresse, l’individualisme, le mensonge et la lâcheté, alors la société sera d’elle-même incitée à se laisser glisser sur la pente de la régression, de la violence et du désordre.
L’observation du passé confirme cette vérité immémoriale. Ainsi Rome a connu, lors des différentes phases de son histoire, cette loi permanente des sociétés humaines. Dans sa période d’expansion, la virtus romaine s’imposait avec une rigueur extrême et chaque citoyen s’efforçait de briller dans l’observation des préceptes qui en découlaient. A l’inverse, la décadence s’est accompagnée d’un relâchement général des mœurs et d’un dévoiement des vertus traditionnelles.
Les leviers de la renaissance
Pour nous, l’enjeu des valeurs se situe donc au cœur de la bataille politique. Car celles-ci ne concernent pas les seuls individus, mais bien la nation tout entière. Comment, en effet, établir une séparation entre l’ordre du politique, qui serait celui du collectif, et le domaine des valeurs, qui relèverait de la sphère du privé? Ces dernières ne sont pas l’apanage d’un choix exclusivement personnel et il n’existe pas de marché des valeurs où chacun sélectionnerait celles auxquelles il se réfère comme on choisit des produits dans un magasin. Une telle vision, relativiste et purement matérialiste, méconnaît complètement la réalité des sociétés humaines. Les valeurs ne peuvent être en effet que communes et partagées et, pour s’affirmer en tant que telles, elles doivent être reconnues.
Aussi le Mouvement national républicain conçoit-il le renouveau des valeurs comme un moyen de la renaissance de notre pays. Certes, il n’est pas question de verser ici dans le moralisme. Notre projet ne vise que le redressement de notre pays et, pour cela, s’appuie sur cet enseignement de l’histoire des civilisations : la renaissance d’un peuple passe par le renouveau de ses valeurs. Une civilisation repose sur une hiérarchie de normes et l’ordre qui en découle est d’autant mieux respecté qu’il se fonde sur des valeurs communément acceptées plutôt que sur des lois imposées par la contrainte. Le MNR veut donc user du levier des valeurs comme d’un outil politique mis au service du redressement national.
Certains objecteront que les valeurs ne se décrètent pas et que, si elles contribuent à pourvoir la nation d’une armature, elles en sont aussi le produit naturel. Il serait donc vain, selon eux, de vouloir redonner vie à des normes que le peuple a laissées dépérir. Sans doute, en effet, les valeurs sont-elles en partie déterminées par la société, mais ce serait une grave erreur de sous-estimer par ailleurs le rôle souverain du pouvoir en ce domaine. S’agissant des valeurs, la fonction des gouvernants est à nos yeux éminente. Car, dans la mesure où leur mission première consiste à assurer la continuité et le progrès de la communauté dont ils ont brigué la charge, il entre dans leurs responsabilités de défendre et de promouvoir les normes fondatrices de cette dernière.
Le combat pour les valeurs
Or, dans ce domaine, la classe politique fait preuve d’une totale impéritie. Non seulement elle se désintéresse superbement de cette question essentielle mais, plus grave, elle contribue concrètement à saper ce qu’elle a pour mission de défendre. Que ce soit sous couvert de libéralisme, de socialisme, de socialo-libéralisme ou de mondialisme, les gouvernements successifs ont, par laxisme ou par esprit doctrinal, implicitement ou délibérément œuvré à la destruction de nos valeurs traditionnelles.
Face à l’effondrement de la natalité et à la désagrégation des familles, la classe politique n’a réagi que par l’instauration du PACS, par l’idée du mariage homosexuel et de l’adoption des enfants par les couples gay. Face à la montée de la violence et de la délinquance, les dirigeants de notre pays ont été incapables de promouvoir les principes d’autorité ainsi que de respect des personnes et des biens et se préoccupent souvent davantage des coupables que des victimes. Lorsque la pornographie se développe aux yeux de tous et notamment des enfants, une partie de la classe politique ne trouve rien d’autre à faire que de participer à des défilés publics des plus douteux comme la Gay Pride.
Comment s’étonner de cette dérive lorsque la morale la plus élémentaire est bafouée par la montée de la corruption et que ceux qui devraient défendre les valeurs de notre pays les renient au point que le patriotisme se trouve aujourd’hui ignoré dans les discours publics et banni des programmes scolaires ?
Mais, paradoxalement, il y a peut-être, face à cette situation dramatique, des raisons d’être optimiste, car si l’abandon des valeurs qui ont façonné notre civilisation ne résulte pas seulement d’une dégénérescence propre à notre société, mais aussi et surtout d’actions néfastes commises par les responsables politiques, cela signifie, à l’inverse, qu’un gouvernement ayant retrouvé le sens de sa vraie mission pourra entreprendre avec succès un travail de réhabilitation systématique. Si l’effacement des valeurs n’est pas qu’un phénomène spontané et mécanique de décadence, ce qui a été consciemment détruit par certains pourra être rebâti par d’autres. C’est tout le sens du combat pour les valeurs qu’entend mener au pouvoir le Mouvement national républicain.
Un homme libre et responsable
Ce combat exige d’abord que l’action politique et l’exercice des responsabilités souveraines soient réenracinés dans des principes qui sont à la base de notre civilisation européenne et chrétienne. Rappelons que les dirigeants de notre pays, quels qu’ils soient et quels que soient leur étiquette et leur programme, sont tenus de par leurs fonctions de servir la France et le peuple français. Ils sont là pour rechercher le bien commun de notre nation et doivent se soumettre aux normes qui sont celles de notre civilisation.
Pour nous, l’action du pouvoir doit donc renouer avec la conception exigeante qui est celle de l’homme dans notre civilisation. Celle d’un être libre, responsable de lui-même et de ses actes, dont la vie et la dignité doivent être respectées de la conception à la mort naturelle. Celle d’une personne à part entière qui n’existe pas seulement par ses capacités et ses exigences physiques, mais qui est douée d’une dimension spirituelle. L’homme participe du sacré et ne peut donc pas plus se satisfaire du matérialisme prôné par le socialisme que de l’individualisme véhiculé par l’ultralibéralisme.
Des communautés naturelles et enracinées
L’homme par ailleurs n’existe pas seul, coupé de ses congénères. Il ne s’épanouit qu’enraciné dans des communautés naturelles et organiques, au premier rang desquelles figurent la famille et la nation, communauté des morts, des vivants et des générations à venir. La famille est essentielle pour l’homme européen, car elle est la cellule de base de notre civilisation où chacun prend conscience de l’espace et du temps, du bien et du mal et reçoit avec son éducation un premier legs de notre héritage commun. Quant à la nation, elle lui donne sa place dans l’histoire et dans le monde. Installée sur la terre de ses ancêtres, unie par une langue, une histoire et une culture, elle constitue une communauté de destin qui fait de ses membres les dépositaires d’un héritage exceptionnel. Héritage que nous avons le devoir de préserver et de faire fructifier pour le transmettre à nos descendants.
Aussi est-il vital de s’opposer aux entreprises mondialistes de dilution culturelle, de mélange migratoire et de démantèlement des nations et de défendre notr identité pour construire l’avenir dans la fidélité à notre civilisation.
Une civilisation d’ordre et de liberté
La liberté est une autre condition de l’épanouissement individuel et collectif car, sans liberté de penser, de s’exprimer et d’agir, il n’y a pas d’initiative ni de responsabilité pour les personnes et donc pas d’harmonie, de force ni de richesse pour les communautés. Aussi récusons-nous toutes les formes de totalitarisme. Celles qui sont connues comme telles dans l’histoire. Mais aussi celles, plus douces en apparence, du politiquement correct et de la pensée unique qui stérilisent l’esprit et entravent la recherche de la vérité. Comme celles, plus ordinaires et plus familières, qui asservissent les citoyens aux contraintes d’un État tentaculaire et omnipotent et réduisent les hommes à la condition d’assistés au mépris de leur dignité et de leur libre arbitre.
Pour autant, cette liberté ne doit pas être confondue avec le laxisme. Elle est en effet aux antipodes de la « libération » chère aux gauchistes qui rend chacun esclave de ses instincts. La liberté, la vraie, impose au contraire la maîtrise de soi et n’a de sens qu’assortie de devoirs et de règles. Car c’est l’anarchie qui tue la liberté quand l’ordre la préserve. Il n’est pas en effet de civilisation sans normes et sans modèles ni de communauté harmonieuse sans ordre, sans autorité et sans hiérarchie. Aussi le MNR veut-il rétablir la prééminence du politique sur l’économique, de l’intérêt général sur les intérêts particuliers, de la volonté du peuple sur les groupes de pression. La justice et la loi doivent s’imposer et ceux qui enfreignent les règles de civilisation doivent être sanctionnés par une peine proportionnelle à l’attachement que l’on porte aux valeurs qu’ils transgressent. Tels sont les grands principes que nous entendons rétablir au fondement de notre nation et sans lesquels aucune action de renaissance ne pourra se développer avec ampleur dans notre pays.
Fiers de notre histoire
Pour y parvenir, le MNR considère comme essentiel de réenraciner notre peuple dans son histoire. La conscience de notre passé constitue à cet égard une exigence primordiale, car elle permettra aux Français de renouer avec la fierté de ce qu’ils sont et à nos valeurs de retrouver leur légitimité et leur lustre. Ce nécessaire travail de mémoire n’est d’ailleurs contesté par personne dans son principe. Mais, curieusement, celui auquel s’attache nos élites vise exclusivement à culpabiliser les Français. Selon l’intelligentsia, notre peuple serait au fond mauvais, cupide, prédateur, voire tortionnaire. Durant la colonisation, n’a-t-il pas honteusement exploité et opprimé les populations soumises ? N’est-il pas de ce fait responsable de la misère du tiers monde ? N’est-ce pas lui qui s’est livré au trafic des esclaves ? Et si l’on remonte aux Croisades, n’a-t-il pas odieusement agressé le monde musulman ? Les malheureux Français, dont la plupart n’ont évidemment vécu aucun de ces événements, doivent subir à longueur d’année la commémoration de ces fautes ou prétendues fautes qui retombent sur leurs épaules. Que ce soit sous forme de films, d’émissions télévisées ou de célébrations officielles, nos compatriotes sont en permanence amenés à se couvrir la tête de cendres et à macérer dans ce que certains appellent maintenant les heures sombres de notre histoire.
Peu importe que les autres peuples du monde aient tous commis leur lot d’agressions et d’atrocités, peu importe que les Algériens du FLN se soient rendus coupables de terribles exactions, peu importe que l’esclavage ait été organisé avec le concours des tribus arabes et des chefs africains et qu’il soit encore pratiqué dans certains pays musulmans, peu importe, les coupables, ce sont les Européens et tout particulièrement les Français ! Ce sont eux que l’on désigne et que l’on cloue au pilori. Comme l’écrit Max Gallo, « ce que veulent les procureurs, ceux qui font le procès de la France, c’est que la France s’agenouille, baisse la tête, avoue, fasse repentance, reconnaisse ses crimes, et, en robe de bure, se laisse couvrir d’insultes ».
Le MNR veut rompre avec ces errements. Il considère que, si rien ne doit être oublié, la mémoire doit porter principalement sur les périodes les plus belles et les plus valorisantes de notre passé, car, chacun le sait, les références historiques ont une fonction pédagogique. Comme l’écrivait Chateaubriand, « il ne faut présenter au monde que ce qui est beau, ce n’est pas mentir à Dieu que de ne découvrir de sa vie que ce qui peut porter nos pareils à des sentiments nobles et généreux ». Ressasser les années les plus sombres c’est rabaisser notre pays, exalter les époques les plus éclatantes c’est pousser notre patrie à se dépasser. D’ailleurs, que dirait-on d’un homme qui ne se souviendrait, parmi ses ancêtres, que de celui qui a mal agi? On s’interrogerait sur sa santé mentale et on rechercherait les causes pathologiques de cette obsession morbide. Sans aucun doute son médecin s’efforcerait de le déculpabiliser en l’invitant à privilégier le souvenir de ses origines les plus prestigieuses. C’est une démarche de ce type que préconise le MNR afin de lever le voile qui semble être tombé sur notre histoire.
Attachés à nos traditions
Notre peuple n’a d’avenir que s’il est enraciné dans son passé. Car nos valeurs ne sont pas seulement l’expression de principes intemporels, mais s’inscrivent dans l’acquis de notre civilisation et nous parviennent comme un héritage. Les traditions, qui sont le précieux produit de l’expérience des générations disparues, revêtent donc une grande importance pour notre pays. Elles constituent un trésor amassé au fil des siècles qu’il faut conserver. Croire que ce patrimoine spirituel nous serait définitivement accordé et qu’il se perpétuerait de lui-même alors que l’État resterait passif et indifférent serait une grave erreur. Au contraire, selon le MNR, les pouvoirs publics doivent agir pour assurer la pérennité de cet héritage en redonnant toute leur place à l’histoire et aux traditions dans la vie de notre cité.
Le devoir du souvenir
Nous voulons donc multiplier les occasions propices à ce travail de mémoire. C’est ainsi que de grandes manifestations publiques peuvent être consacrées à l’évocation d’événements importants de l’histoire de notre nation et faire revivre les heures les plus belles des siècles écoulés, celles qui illustrent le mieux les vertus ancestrales de notre patrie. Ce n’est pas hélas ce qui se pratique aujourd’hui et il est particulièrement choquant que toutes les grandes célébrations organisées ces dernières années par les pouvoirs publics, qu’il s’agisse de la Coupe du monde de football ou du passage à l’an 2000, n’aient cherché qu’à exalter le mondialisme, dans une volonté affichée de déracinement. Plutôt que cette entreprise subversive, il aurait été possible, avec les mêmes moyens, de proposer des spectacles tout aussi impressionnants mais visant à magnifier les réussites de la nation française à travers les siècles, les découvertes, les conquêtes, les victoires, et également les grandes figures de notre patrie.
Aussi voulons-nous mettre les techniques de communication de masse au service de la valorisation de nos traditions et de notre passé. Pourquoi ne pas diffuser à la télévision de vastes fresques historiques? Pourquoi ne pas renouer avec des séries romancées plongeant dans l’histoire des siècles écoulés et qui remportent toujours auprès du public un large succès? Quant à l’école, elle doit privilégier l’enseignement de l’histoire, et tout particulièrement celle de notre pays, et leur réserver une place beaucoup plus importante dans les programmes scolaires. Car seule une approche chronologique des faits permettra aux générations futures de remonter aux sources de leur passé et de découvrir les origines et la légitimité des normes qui nous régissent.
L’impératif du sacré
Pour gagner le combat des valeurs, le Mouvement national républicain est par ailleurs partisan de favoriser le retour du sacré. Car, comme l’affirmait Pierre Chaunu, « aucune société ne peut faire l’économie du sacré ». De même que les hommes tendent vers un but qui les dépasse, une civilisation a besoin de se donner un sens. Un sens que seul peut lui offrir ce souffle divin qui, transcendant le monde et les réalités matérielles, ordonne les choses, les êtres et les valeurs et leur confère une dimension et une légitimité sans lesquelles tout devient égal et inutile. Comment ne pas constater en effet que le matérialisme, en abolissant le sacré, détruit les valeurs et rabaisse l’individu plus sûrement encore que lorsque celui-ci se laisse dominer par ses instincts? Les peuples européens ont besoin de la terre mais aussi du ciel pour se doter d’un horizon et donc d’une perspective. Qu’on les prive de cette dimension spirituelle et ils dépérissent comme un prisonnier dans une cellule sans fenêtre. Toute entreprise de désacralisation représente donc pour notre pays une mutilation de nos valeurs.
Redonner sa place au christianisme
Or, aujourd’hui, nous assistons à un affaiblissement inquiétant du sacré dans toutes les sphères de la société, y compris dans celles qui paraissaient pourtant les moins vulnérables. À commencer par les gouvernements, qui, toutes couleurs politiques confondues, ont facilité, voire encouragé cette évolution néfaste.
Par laxisme, ils ont trop souvent accepté de voir la religion chrétienne tournée en dérision alors qu’ils se déclarent choqués de toute mise en cause de l’islam. Selon une conception dévoyée de la laïcité, ils cherchent en effet à hisser la religion musulmane au niveau de la religion chrétienne sans comprendre que la laïcité, c’est la neutralité des pouvoirs publics, ce n’est pas de placer toutes les religions au même niveau. Car on ne peut pas traiter le christianisme qui a façonné notre civilisation pendant quinze siècles comme l’islam qui est marginalement présent sur notre sol depuis quelques décennies.
Que l’on soit croyant ou non, le christianisme est une composante de notre identité nationale et une facette de notre civilisation et cette réalité ne doit pas être occultée. Dans le respect de la laïcité républicaine, le christianisme doit donc conserver sa place particulière dans notre vie publique. Et si la liberté de culte doit être respectée, il n’est cependant pas question pour nous de laisser une religion étrangère comme l’islam prendre sur notre sol une importance qui provoquerait une rupture avec notre identité, nos traditions et nos valeurs.
Pour la noblesse du politique
Dans le domaine du politique également, le sacré est menacé et, là encore, la responsabilité en incombe essentiellement à l’établissement puisque, dans sa pratique de gouvernement, il s’est employé lui-même à désacraliser l’exercice souverain du pouvoir. Or, nous estimons que le gouvernement d’une nation ne se réduit pas, comme on le laisse entendre trop souvent, à une mission de gestion telle qu’on peut l’exercer dans le secteur privé. La France n’est pas une entreprise et les ministres, le Premier ministre, a fortiori le président de la République, incarnent dans l’exercice de leur fonction une réalité qui dépasse largement les actes techniques qu’ils peuvent accomplir quotidiennement. Responsables de la nation et de son destin, investis d’une charge, d’essence suprême, qui doit les conduire à transcender les contingences individuelles pour représenter les aspirations collectives de leur peuple, ils sont censés inscrire leur action dans l’histoire de notre pays. Or, les dirigeants actuels de la classe politique, ayant totalement perdu de vue ces impératifs, se sont au contraire employés à banaliser le politique et à dépouiller systématiquement leur fonction de tous les attributs qui faisaient le prestige du pouvoir. La mode est de ressembler à tout le monde, de se dévoiler sans pudeur sur les estrades et de se soumettre à toutes les exigences des médias. N’est-il pas en effet très choquant de voir des hommes politiques détenteurs d’une part de pouvoir se laisser aller à des comportements indignes et jouer les saltimbanques dans les médias?
Pour le prestige du pouvoir
Il est donc essentiel que les hommes politiques, spécialement ceux qui exercent des responsabilités souveraines, retrouvent la retenue et la distance qui correspondent à leur fonction. L’exercice du pouvoir doit de nouveau inspirer le respect aux citoyens, car, si ceux-ci ne retrouvent pas un sentiment d’estime pour leurs dirigeants, il n’y a plus de réel gouvernement possible. Comment en effet gouverner des citoyens qui n’ont plus que mépris pour leurs dirigeants? « Lorsque les peuples cessent de respecter, ils cessent d’obéir », disait Rivarol.
Le MNR est donc partisan de réhabiliter l’exercice souverain du pouvoir en lui rendant tout son prestige dans la forme et dans le fond. En ce sens, le protocole, le faste des manifestations publiques doivent être revus pour rendre à la fonction souveraine le lustre qui doit être le sien et le respect qu’elle doit inspirer. Ainsi, par exemple, l’entrée en fonction du président de la République et des assemblées parlementaires pourrait donner lieu à une cérémonie d’investiture publique et solennelle au cours de laquelle un serment serait prononcé devant la nation.
Bannir la corruption
Mais le prestige de l’exercice du pouvoir renaîtra réellement le jour où les responsables politiques auront retrouvé les chemins de la rigueur et de la vertu. Ceux qui dirigent doivent donner l’exemple. Ce qui implique que la corruption doit être impitoyablement bannie au sein de la classe politique. Sans doute, la nature humaine étant ce qu’elle est, notre pays comptera-t-il toujours des personnages publics indélicats et malhonnêtes. Mais, dans une société saine, les moutons noirs sont exclus du troupeau et les coupables condamnés.
S’ils sont au contraire protégés par leurs pairs et soustraits aux rigueurs de la justice, tous deviennent leurs complices et c’est le système en son entier qui se trouve atteint dans sa légitimité. Se produit alors le scandale suprême : ceux qui font les lois et les appliquent aux autres, loin de montrer l’exemple, s’autorisent à les transgresser. Aussi voulons-nous que tous ceux qui se rendent coupables de tels agissements soient sanctionnés. Pour autant, la multiplication des contrôles et des règlements ne suffira pas à éliminer la corruption et à faire renaître la probité. L’assainissement des affaires publiques ne pourra en réalité s’opérer qu’avec la mise à l’écart d’une classe politique dévoyée et l’apparition d’une nouvelle élite dirigeante qui fera de l’intégrité une règle de vie.
Pour une morale civique
Dans cet esprit, le combat pour les valeurs préconisé par le MNR passe plus globalement par la réhabilitation de la morale civique. Certains beaux esprits ne manqueront pas de se montrer scandalisés par une telle perspective et chercheront à la discréditer en brandissant le spectre de l’ordre moral. Il n’est bien sûr pas question pour nous d’instaurer quoi que ce soit de tel, mais, sans verser dans le moralisme, il convient cependant qu’en ce domaine, la puissance publique fixe les bornes à ne pas dépasser. L’État n’a pas, comme on le dit trop souvent, à suivre l’évolution des mœurs et encore moins à la précéder dans la décadence. Il doit œuvrer au bien commun de la nation et, s’il lui faut en effet prendre en compte des changements de comportement au sein de la société, nous voulons qu’il le fasse sans porter atteinte aux vertus qui en constituent les fondements et qu’il combatte résolument les évolutions néfastes qui les mettent en cause.
Par ailleurs, il doit mieux assurer la promotion des règles de morale civique au sein de la société. Ainsi, par exemple, le MNR veut-il rétablir à l’école les cours de morale, car la démocratie, plus que tout autre régime, ne peut se passer de vertus civiques. N’en déplaise aux sceptiques et aux avant-gardistes de tout poil, il est nécessaire d’enseigner aux jeunes enfants des notions simples mais essentielles telles que l’honnêteté, le respect d’autrui, la famille, les valeurs patriotiques, le sens du devoir. La Fontaine, reviens !
Enfin, le combat du MNR pour les valeurs implique le retour des vertus ancestrales qui ont modelé notre civilisation.
Le dépassement de soi
La première d’entre elles est celle du dépassement de soi, du combat, de l’émulation, celle qui incite à la découverte, celle qui conduit à repousser ses propres limites et à mettre en pratique la formule de Bernanos : « On ne subit pas l’avenir, on le fait. » Une valeur exigeante qui a permis à nos ancêtres européens d’acquérir toujours plus de connaissances et de découvrir la planète entière. Une vertu qui a fait de notre monde européen la plus grande civilisation que la terre ait connue. Or, cette qualité d’essence prométhéenne se trouve aujourd’hui étouffée dans un monde égalitaire et irresponsable, où les pratiques d’assistance et l’infantilisation s’imposent à tous. Nous voulons donc insuffler à nouveau à la société ce goût de la conquête et de l’entreprise, ce sens de l’émulation et de la lutte. Pour ce faire, le MNR propose que les pouvoirs publics fixent dans tous les domaines des objectifs ambitieux pour que soient exaltés sans complexe les succès et les victoires et que soient récompensés au grand jour les exploits, le mérite et le talent. Admises dans le sport, la compétition et la sélection doivent être rétablies dans l’enseignement, dans les arts, l’administration et la vie professionnelle. Une nation, comme un organisme vivant, est soumise à la compétition et à la sélection. Si nous refusons de régresser, nous devons accepter l’émulation et la lutte.
Les devoirs autant que les droits
Pour recréer cette dynamique de civilisation, il faudra renouer avec les vertus traditionnelles. L’honneur, le courage, le dévouement, le sens du sacrifice et de la fraternité, le respect de la famille, le patriotisme, le civisme, le goût du travail bien fait. Nous voulons que toutes ces valeurs retrouvent en France une place éminente dans la hiérarchie des références sociales, en commençant par celle de l’État et des pouvoirs publics. Sur ce point, la notion de droit, universellement revendiquée, doit elle aussi reprendre sa juste place, qui n’est pas toute la place. Il n’est de droits pour un membre de la communauté nationale qu’assortis de devoirs envers la nation. Pour rétablir ce juste équilibre, le MNR préconise donc de développer largement le sens des responsabilités et de remettre partout en usage des mécanismes sociaux qui placent de nouveau les hommes face à leurs devoirs.
Ressourcer la nation
Ainsi les valeurs qui ont fait la force et la grandeur de notre civilisation pourront-elles reprendre en France toute leur vigueur. Cette vigueur qui a tant contribué au rayonnement de notre peuple et de notre nation. Aujourd’hui, c’est donc dans les fondements de notre civilisation que la communauté nationale doit se ressourcer. C’est là qu’elle retrouvera le génie de notre peuple et puisera l’énergie nécessaire pour s’en montrer digne. Ainsi commence la renaissance d’une nation.
Avec son programme « Pour que vive la France », le MNR s’affirme comme le mouvement qu’attendaient tous les Français attachés au renouveau de la France. Le MNR refuse la fatalité du déclin. Il combat pour la souveraineté et l’identité de notre nation mais aussi pour l’ordre et les libertés dans notre pays. Il défend les Français en apportant des remèdes de bon sens à tous les fléaux qui les frappent. Le MNR inscrit son action dans le cadre de la République et de ses principes. Il est attaché à la tolérance et au droit des personnes. Il veut agir avec fermeté mais avec mesure. En ce sens, il répond à tous ceux qui désespéraient de voir leurs idées ignorées par les uns ou caricaturées par les autres.
Le programme de Poitiers
Le 30 septembre 2000, notre mouvement a adopté à Poitiers le texte de son programme de gouvernement intitulé « Pour que vive la France ». Ce faisant, il accomplissait un acte majeur sans lequel une formation politique n’existe pas vraiment. Un mouvement est en effet une communauté d’hommes et de femmes rassemblés par un projet qu’ils proposent à leurs compatriotes de réaliser au service du bien commun. Cet acte fondateur, le MNR l’a accompli alors qu’aucune formation de la classe politique ne serait aujourd’hui en mesure de le faire. Les partis actuellement en lice sont en effet tellement dépourvus d’idées ou tellement divisés qu’aucun n’est capable de se doter d’un vrai programme et qu’aucun ne l’a fait. Le projet élaboré par le MNR prend position sur les graves problèmes de notre temps et apporte des solutions aux difficultés que connaissent nos compatriotes. Il affirme sans hésitation ce que nous sommes et ce que nous proposons. Il se situe donc aux antipodes du politiquement correct, montrant ainsi qu’il existe une autre voie que celle imposée par l’établissement, une voie alternative à la pensée unique. En adoptant ce projet, notre mouvement s’affirme donc comme une force politique d’envergure qui a vocation à rassembler largement. Notre programme peut en effet recueillir l’assentiment d’une majorité de nos compatriotes. Son propos est de réunir sur l’essentiel. Il se trouve tout entier contenu dans cette volonté qui est la nôtre : offrir à notre peuple, à nos familles et à nos enfants la possibilité de continuer à vivre en accord avec leur civilisation, permettre à la France de poursuivre sa marche en avant dans l’histoire.
Certes, de graves dangers obscurcissent l’horizon mais, comme la France l’a fait en bien des occasions au cours de son histoire, il est possible aujourd’hui d’écarter les dangers, de conjurer les menaces et de rétablir notre peuple dans la plénitude de ses droits. Il n’y a aucune fatalité à l’effacement de la France et le renouveau est possible. C’est tout le sens de notre combat. Un combat qui n’a rien d’un repli chauvin et frileux derrière nos frontières puisqu’il s’inscrit dans une entreprise européenne et mondiale de défense de l’identité des peuples et de la diversité de la planète. Tel est le sens de la première partie de ce document qui insère notre projet dans le monde et dans l’histoire. La seconde partie explicite nos propositions, lesquelles doivent permettre à la France et à l’Europe de reprendre leur essor. Quant à la troisième partie, elle précise les mesures concrètes qui sont les nôtres pour rendre possible ce qui est nécessaire. Notre mouvement bien que jeune a déjà subi des attaques injustes. On essaye de nous faire passer pour ce que nous ne sommes pas ou de nous rattacher à des erreurs avec lesquelles nous avons rompu. Voici l’occasion de nous connaître tels que nous sommes et de savoir ce que nous voulons. En lisant ce programme, vous comprendrez que nous sommes simplement le souffle de notre peuple qui veut vivre et que votre place est parmi nous.
Bruno Mégret