L’autre scénario. Chapitre 10 : À la recherche de l’harmonie perdue

22 juin 2020

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Ils habitent en France dans les ban­lieues des grandes villes, mais ils ont sou­vent l’im­pres­sion de vivre à l’é­tranger dans des con­trées loin­taines. Tous les mois, ils ren­con­trent des dif­fi­cultés pour boucler leur bud­get et, tous les ans, ils ressen­tent de l’an­goisse pour con­cevoir leur avenir. Beau­coup d’en­tre eux sont au chô­mage, mais ceux qui effectuent des petits boulots ne gag­nent pas plus. Quand ils ont un loge­ment, ils aimeraient en chang­er, mais ils n’en ont pas les moyens. Quand ils ont un emploi, ils aimeraient gag­n­er plus, mais ils sont con­tents s’ils ne le per­dent pas. Leurs enfants ne pos­sè­dent pra­tique­ment rien, mais ce sont eux qui sont rack­et­tés. Beau­coup ont peur, mais ceux qui devraient les ras­sur­er s’in­téressent davan­tage à ceux qui les ter­rorisent. Ils respectent la loi, sinon ils sont sûrs d’être punis, mais ceux qui la bafouent sont rarement pour­suiv­is. Ils sont cen­sés obtenir l’ap­pui de la nation, mais ils ont l’im­pres­sion d’être aban­don­nés par ceux qui la dirigent.

Ce sont nos com­pa­tri­otes en dif­fi­culté, beau­coup n’ont pas de quoi vivre de leur tra­vail et doivent compter sur des allo­ca­tions de toutes sortes. Ils subis­sent la vio­lence et les agres­sions. Cer­tains sont même sans domi­cile fixe, d’autres sont pénal­isés par leur hand­i­cap. La vie est pour eux une épreuve per­ma­nente et, si beau­coup se bat­tent pour sur­vivre et s’en sor­tir, d’autres som­brent dans la mis­ère, dans la mar­gin­al­ité ou, pire, dans la délin­quance, la tox­i­co­manie ou l’alcoolisme.

Ils font par­tie de ceux que la classe poli­tique appelle les exclus. Mais sont-ils les seuls dans notre pays à con­naître des dif­fi­cultés ? Je ne le pense pas, car, au-delà des qua­tre mil­lions de per­son­nes vivant en dessous du seuil de pau­vreté, au-delà des deux mil­lions de mal logés, c’est main­tenant une frac­tion très impor­tante de la pop­u­la­tion qui, sans con­naître des tour­ments extrêmes, éprou­ve un mal-vivre crois­sant. Les class­es que l’on qual­i­fie de moyennes sont, elles aus­si, con­fron­tées à des prob­lèmes économiques et soci­aux : le chô­mage, la pré­car­ité, la baisse rel­a­tive du niveau de vie, mais aus­si la délin­quance et la cohab­i­ta­tion sou­vent dif­fi­cile avec les immigrés.

Et que dire de ce sen­ti­ment flou et incer­tain qui saisit beau­coup de nos com­pa­tri­otes et leur laisse croire que l’hori­zon est bouché et que le présent se dérobe ? Comme s’ils n’ap­parte­naient plus à une com­mu­nauté véri­ta­ble, comme si les repères qui organ­i­saient leur vie avaient dis­paru, comme s’ils n’avaient plus de per­spec­tives ni pour leurs enfants ni pour eux-mêmes.

Cette réal­ité, la classe poli­tique sem­ble la mécon­naître. En tout cas, elle n’en voit que sa dimen­sion sociale. Elle qual­i­fie d’ailleurs le prob­lème de « frac­ture sociale » et cherche à la réduire en créant, selon le jar­gon qu’elle affec­tionne, du “ lien social ”. Quant à la solu­tion, elle se trou­ve selon elle dans le retour à la « cohé­sion sociale. » En ramenant tout à une ques­tion sociale, c’est-à-dire à un domaine qu’elle croit con­naître et maîtris­er, la classe poli­tique et médi­a­tique évite de s’en­gager sur un ter­rain où son action et ses dogmes pour­raient être remis en cause. Mais, ce faisant, elle s’in­ter­dit de com­pren­dre la réal­ité des phénomènes délétères qui décom­posent actuelle­ment la société française. Là encore, elle se con­damne à ne rien résoudre et à tout laiss­er se dégrader.

Il est en effet absurde de croire que cette pro­fonde déchirure de notre société pour­rait être refer­mée par plus de presta­tions de sol­i­dar­ité, plus de loge­ments HLM et des semi-emplois sub­ven­tion­nés par l’É­tat. Vouloir résoudre le prob­lème par ces seules mesures, c’est ignor­er que la société française est en train de se dis­lo­quer sous la pres­sion de leviers autrement plus dévas­ta­teurs encore que le chô­mage et la pré­car­ité. C’est refuser de voir que les frac­tures qui la tra­versent sont plus nom­breuses et plus pro­fondes que le seul fos­sé qui sépare les « exclus » des « nantis ».

Certes, la décom­po­si­tion de la société française com­porte des caus­es économiques : les affres liées à l’emploi que l’on a per­du ou que l’on ne trou­ve pas, l’anx­iété provo­quée par les petits boulots qui ne durent jamais assez longtemps et qu’il faut rechercher sans cesse, le dés­espoir sus­cité par la délo­cal­i­sa­tion de son entre­prise ou l’an­goisse de ne plus pou­voir pay­er son loy­er. Autant de sit­u­a­tions évidem­ment graves et inquié­tantes que les Français ne devraient pas con­naître en aus­si grand nom­bre en ce début du vingt et unième siècle.

Mais cette réal­ité par­ti­c­ulière­ment choquante n’est pas la seule frac­ture qui dis­loque notre société. Regar­dons aus­si celle qui fait éclater notre nation en com­mu­nautés eth­niques et religieuses plus ou moins antag­o­nistes. Totale­ment con­traire à nos tra­di­tions et à notre droit, la com­mu­nau­tari­sa­tion com­mence en effet à pro­duire ses effets dévas­ta­teurs. Les ten­sions et les affron­te­ments com­mu­nau­taires se font main­tenant plus fréquents et beau­coup plus graves qu’on ne le recon­naît offi­cielle­ment. La résur­gence de l’an­tisémitisme, lequel avait pra­tique­ment dis­paru de la vie courante depuis les lende­mains de la guerre, n’en est-elle pas le signe le plus patent ? Véhiculé par cer­tains musul­mans, ce sen­ti­ment de haine crée dans de nom­breux quartiers de réelles dif­fi­cultés de vie pour les juifs.

Plus glob­ale­ment d’ailleurs, les événe­ments qui ont eu lieu à Paris en mars 2005 puis en mars 2006, au cours desquels les man­i­fes­tants lycéens et étu­di­ants avaient été vio­lem­ment attaqués par des voy­ous d’o­rig­ine maghrébine et africaine, mon­trent qu’il existe désor­mais un racisme anti-blanc. Un racisme dont la réal­ité avait d’ailleurs été établie par la presse et notam­ment par le jour­nal le Monde qui titrait le 16 mars 2005 : « Man­i­fes­ta­tion de lycéens : le spec­tre des vio­lences anti-blancs ? ». À cela s’a­joutent le racisme anti-arabe et le racisme anti-noir, large­ment dénon­cés par les médias et les autorités. Résul­tat : beau­coup de nos quartiers con­stituent main­tenant de véri­ta­bles chau­drons d’an­tag­o­nismes par­ti­c­ulière­ment dif­fi­ciles à vivre pour nos com­pa­tri­otes. Des chau­drons qui, on l’a vu à l’au­tomne 2005, peu­vent devenir le théâtre d’explosions de vio­lence destruc­trice et aveugle.
Cette frag­men­ta­tion de la société se trou­ve en out­re ampli­fiée par la perte des valeurs ou, plutôt, par la dis­pari­tion d’un cer­tain nom­bre de repères tra­di­tion­nels. L’af­faib­lisse­ment des règles de la morale élé­men­taire, dû au relâche­ment de l’é­d­u­ca­tion et à la nociv­ité de cer­tains pro­grammes de télévi­sion, con­duit à brouiller la fron­tière entre le bien et le mal et à faire dis­paraître toute notion de devoir. La délin­quance et la crim­i­nal­ité qui en résul­tent, avec la rel­a­tive impunité de nom­breux fau­teurs de trou­bles, intro­duit, là encore, une forme de chaos qui n’est pas seule­ment social mais aus­si mental.

La famille, qui con­sti­tu­ait pour l’écras­ante majorité de nos com­pa­tri­otes un fac­teur de sta­bil­ité et de sécu­rité, se trou­ve par ailleurs con­sid­érable­ment frag­ilisée. Ses struc­tures sont dev­enues plus éphémères, plus mou­vantes et plus com­plex­es. Et la créa­tion du Pacs, comme la per­spec­tive sans cesse agitée du mariage des homo­sex­uels et de l’adop­tion des enfants par les cou­ples gays, con­tribue à l’af­faib­lir et à la rel­a­tivis­er encore plus.

Dans ce con­texte d’ef­fon­drement des valeurs, le sen­ti­ment d’iniq­ui­té se développe dans l’e­sprit de nos com­pa­tri­otes, venant de la sorte aggraver à son tour la décom­po­si­tion sociale. Il touche en effet de nom­breux Français et pour des motifs qui sont sou­vent plus douloureux encore que le sim­ple con­stat d’une iné­gal­ité finan­cière injus­ti­fiée. Ain­si, la plu­part de nos conci­toyens vic­times de la délin­quance sont portés à croire que jus­tice ne leur est pas ren­due. Sou­vent, en effet, leurs agresseurs ne sont pas arrêtés ni même recher­chés, quand ils ne sont pas relâchés.

Beau­coup de Français qui peinent à boucler leurs fins de mois éprou­vent aus­si le sen­ti­ment amer que les pou­voirs publics se dés­in­téressent de leurs dif­fi­cultés et se préoc­cu­pent davan­tage de celles des immi­grés. Que ce soit aux guichets des admin­is­tra­tions ou dans les reportages télévisés, « il n’y en a, dis­ent-ils, que pour eux ! ». Et com­ment ce sen­ti­ment ne se dévelop­perait-il pas, quand on con­state à quel point les autorités pra­tiquent la méth­ode du deux poids deux mesures ?

À l’o­rig­ine des émeutes de 2005, il y a eu la mort de deux « jeunes » de Clichy-sous-Bois prenant la fuite à la vue de la police et se pré­cip­i­tant dans un trans­for­ma­teur EDF où ils furent élec­tro­cutés. Aus­sitôt, ce fut l’é­mo­tion par­mi les plus hautes autorités : récep­tion des familles place Beau­vau, marche silen­cieuse, enquête admin­is­tra­tive, mobil­i­sa­tion de la jus­tice. Pour­tant, quelques jours plus tôt, un père de famille français avait été bat­tu à mort sans rai­son par deux voy­ous devant sa femme et sa petite fille alors qu’il se rendait à Épinay. Mais il n’y eut là aucune émo­tion, aucune marche : une enquête de rou­tine, un fait divers ordi­naire, l’in­dif­férence totale des autorités. Et cette indig­na­tion sélec­tive s’est répétée tout au long des événe­ments : lorsque des éma­na­tions de gaz lacry­mogène pénètrent dans une mosquée, le gou­verne­ment, boulever­sé, présente ses regrets offi­ciels mais, quand des églis­es sont attaquées, il ne prononce pas un mot de condamnation.

Il est vrai que cette dis­crim­i­na­tion à rebours est main­tenant entrée dans la vie quo­ti­di­enne. Nom­breux sont nos com­pa­tri­otes qui, ayant été punis avec rigueur pour un excès de vitesse ou un retard dans le paiement de leurs impôts, con­sta­tent avec amer­tume que d’autres caté­gories de per­son­nes, pour­tant en déli­catesse avec la loi comme les clan­des­tins, ne sont pas pour­suiv­ies ni inquiétées.

Com­ment s’é­ton­ner dès lors que beau­coup d’en­tre eux se sen­tent comme aban­don­nés par ceux-là même qui sont cen­sés les soutenir ? À l’in­star de ce cou­ple de boulangers que j’avais ren­con­tré dans une petite ville de Provence. Je pénètre dans le mag­a­sin, au demeu­rant fort mod­este, et je suis accueil­li par un garçon au vis­age tumé­fié qui s’esquive aus­sitôt dans l’ar­rière-bou­tique. Sa mère appa­raît quelques instants plus tard et, me recon­nais­sant, com­mence aus­sitôt à se con­fi­er. Son fils, qui avait reçu un scoot­er en cadeau de Noël, a été agressé et dépouil­lé de son engin par une bande de jeunes voy­ous maghrébins. Bien que le garçon ait pu désign­er ses agresseurs, la jus­tice ne les a pas pour­suiv­is faute d’aveux. Dans le même temps, le con­trôle fis­cal auquel étaient soumis ses par­ents s’est achevé par un lourd redressement.

Depuis lors, la boulangère, écœurée, soigne les blessures de son fils, cherche dés­espéré­ment com­ment pay­er ses dettes fis­cales et sur­veille son mari pour qu’il ne fasse pas jus­tice lui-même, sachant que, lui, serait impi­toy­able­ment puni. Alors qu’ils sont con­fron­tés à de graves dif­fi­cultés matérielles, qu’il leur faut endur­er la vio­lence et la délin­quance dans leur vie quo­ti­di­enne et s’adapter à des cul­tures étrangères qui les envahissent, les Français ont le sen­ti­ment que les pou­voirs publics ignorent leurs dif­fi­cultés, mais les acca­blent de tra­casseries et, pis, qu’ils pren­nent le par­ti de leurs tour­menteurs, n’hési­tant pas à les sanc­tion­ner pour racisme au moin­dre mou­ve­ment de mau­vaise humeur de leur part.

À cela s’a­joute un autre fac­teur de désta­bil­i­sa­tion, certes plus général et plus loin­tain, mais dont les effets néfastes ne doivent pas être sous-estimés. Je veux par­ler de la cul­pa­bil­ité dans laque­lle nos élites, ou ceux qui en tien­nent lieu, cherchent à entretenir les Français. Selon l’in­tel­li­gentsia, notre peu­ple serait au fond mau­vais, cupi­de, pré­da­teur, voire tor­tion­naire. Durant la coloni­sa­tion, n’a-t-il pas hon­teuse­ment exploité et opprimé les pop­u­la­tions soumis­es ? N’est-il pas de ce fait respon­s­able de la mis­ère du tiers monde ? N’est-ce pas lui qui s’est livré au traf­ic des esclaves ? Et si l’on remonte aux Croisades, n’a-t-il pas odieuse­ment agressé le monde musulman ?

Les mal­heureux Français, dont la plu­part n’ont évidem­ment vécu aucun de ces événe­ments, doivent subir à longueur d’an­née la com­mé­mora­tion de ces fautes ou pré­ten­dues fautes qui retombent sur leurs épaules. Que ce soit sous forme de films, d’émis­sions télévisées ou de célébra­tions offi­cielles, nos com­pa­tri­otes sont en per­ma­nence amenés à se cou­vrir la tête de cen­dres et à macér­er dans ce que cer­tains appel­lent main­tenant les heures som­bres de notre histoire.

Peu importe que les autres peu­ples du monde aient tous com­mis leur lot d’a­gres­sions et d’a­troc­ités, peu importe que les Algériens du FLN se soient ren­dus coupables de ter­ri­bles exac­tions, peu importe que l’esclavage ait été organ­isé avec le con­cours des tribus arabes et des chefs africains et qu’il soit encore pra­tiqué dans cer­tains pays musul­mans, peu importe, les coupables, ce sont les Européens et tout par­ti­c­ulière­ment les Français ! Ce sont eux que l’on désigne et que l’on cloue au pilori. Comme l’écrit Max Gal­lo, « ce que veu­lent les pro­cureurs, ceux qui font le procès de la France, c’est que la France s’age­nouille, baisse la tête, avoue, fasse repen­tance, recon­naisse ses crimes, et, en robe de bure, se laisse cou­vrir d’in­sultes, de crachats, heureuse qu’on ne la vio­le qu’en chan­son et qu’on ne la brûle que sym­bol­ique­ment chaque nuit (1) ».

Et comme si cela ne suff­i­sait pas, la péri­ode actuelle est elle-même dev­enue source d’ac­cu­sa­tions et d’ad­mon­es­ta­tions. Régulière­ment en effet, on reproche aux Français leur com­porte­ment. Tout y passe. Tan­tôt on leur fait savoir qu’ils man­gent mal et qu’ils fument à l’ex­cès, tan­tôt on les accuse de con­som­mer trop d’essence avec leur voiture et d’u­tilis­er trop de sacs en plas­tic au super­marché. Mais on les tance égale­ment parce qu’ils boivent trop, ou pas assez, parce qu’ils se brossent insuff­isam­ment les dents ou qu’ils s’ex­posent incon­sid­éré­ment au soleil. À coups d’en­quêtes, de sta­tis­tiques, par le biais d’émis­sions ou de remon­trances offi­cielles, on cri­tique leur com­porte­ment sur les routes, leur égoïsme à l’é­gard des exclus, leur racisme envers les immi­grés. Les Français décidé­ment se con­duisent mal.

Com­ment dans ces con­di­tions notre société pour­rait-elle con­serv­er son har­monie ? Alors qu’ils doivent affron­ter de graves dif­fi­cultés matérielles, nos com­pa­tri­otes ne dis­tinguent plus les bornes qui pour­raient les guider. Les normes morales se sont estom­pées, les insti­tu­tions cen­sées struc­tur­er et réguler leur vie ne cessent de s’af­faib­lir, la com­mu­nauté à laque­lle ils croy­aient appartenir com­mence à se déliter. Les injus­tices, réelles ou ressen­ties comme telles, s’ac­cu­mu­lent. Et, pour couron­ner le tout, l’in­tel­li­gentsia leur explique qu’ils sont coupables et qu’ils doivent se repentir.

Il est donc urgent de remet­tre de l’or­dre et de l’har­monie dans notre nation. Et pour cela, l’idée est sim­ple : il faut rétablir, avec autorité et dans la durée, un min­i­mum de règles, de principes et d’in­sti­tu­tions sus­cep­ti­bles de recon­stituer les repères dont les Français ont besoin pour apais­er leurs incer­ti­tudes et leurs angoiss­es, struc­tur­er leur vie en com­mu­nauté et leur ouvrir de nou­velles perspectives.

À cet égard, il paraît d’abord néces­saire de val­oris­er et de favoris­er les familles. Celles-ci con­stituent un organe essen­tiel à l’équili­bre et à l’har­monie de notre société. En con­ciliant les préoc­cu­pa­tions indi­vidu­elles avec celles de la com­mu­nauté, elles dévelop­pent le sens des respon­s­abil­ités et le sens moral. C’est en leur sein que se trans­met­tent nos valeurs et nos tra­di­tions, c’est à leur niveau que se man­i­feste la sol­i­dar­ité la plus effi­cace, celle que sus­cite l’af­fec­tion ou l’amour. L’É­tat se doit donc de les aider et de les encourager.

Encore faut-il pren­dre en compte la sit­u­a­tion nou­velle des familles. Les divorces et les remariages sont plus nom­breux qu’autre­fois, les familles mono­parentales con­stituent une réal­ité. Aus­si est-ce la famille sous ses dif­férentes formes, tra­di­tion­nelle, recom­posée ou par­tielle, qu’il faut soutenir. Accor­dons-lui un statut priv­ilégié qui lui pro­cure des avan­tages fis­caux, soci­aux et civiques et offrons-lui des aides finan­cières per­me­t­tant à ceux qui ont des enfants de ne plus se trou­ver pénal­isés par rap­port à ceux qui n’en ont pas.

Ain­si con­fortée dans ses bases, notre société pour­ra retrou­ver un min­i­mum d’équili­bre et de repères. Un proces­sus qui devra être ampli­fié par le rétab­lisse­ment des principes fon­da­men­taux de toute vie en société et d’abord par le retour au respect de la loi et à la sécu­rité des per­son­nes. Il est absurde en effet de vouloir rétablir des repères sans punir ceux qui les trans­gressent. Il en va du gou­verne­ment de la cité comme de l’é­d­u­ca­tion des enfants : les sanc­tions ont une valeur péd­a­gogique. Aus­si le pou­voir a‑t-il com­mis une erreur dra­ma­tique en récom­pen­sant les « jeunes » émeu­tiers de 2005 par des crédits sup­plé­men­taires pour leurs quartiers. En agis­sant ain­si, il s’est com­porté comme ces par­ents irre­spon­s­ables dont les enfants vien­nent de cass­er la vais­selle en un geste de colère et qui, afin de les calmer, leur don­nent de l’ar­gent pour s’a­cheter des jouets.

Les sanc­tions ont une ver­tu éduca­tive mais aus­si civil­isatrice et doivent donc être rétablies avec rigueur. Dans la pra­tique, la méth­ode à appli­quer est celle de la tolérance zéro. S’il faut réprimer le crime, il faut aus­si sanc­tion­ner tous les petits dél­its et ce qu’on appelle main­tenant les « inci­vil­ités ». Il faut recourir sans état d’âme à la répres­sion et à la dis­sua­sion. Si celles-ci sont effi­caces sur la route con­tre les chauf­fards, pourquoi ne le seraient-elles pas dans les cités con­tre les voyous ?

Il faut imag­in­er des peines réelle­ment dis­sua­sives. Ce qui n’est évidem­ment pas le cas lorsque l’on con­damne les émeu­tiers qui ont mis le feu dans les ban­lieues à un max­i­mum de deux mois de prison ferme. Il est temps, par exem­ple, de met­tre pénale­ment en cause les par­ents pour les crimes et les dél­its com­mis par leurs enfants. Il est aus­si néces­saire d’ex­pulser les étrangers qui com­met­tent des infrac­tions et d’ap­pli­quer la dis­po­si­tion prévue dans notre lég­is­la­tion per­me­t­tant de déchoir de leur nation­al­ité les Français de fraîche date qui com­met­tent des exac­tions graves.

Pareille répres­sion peut être effi­cace car, dans chaque com­mis­sari­at, dans chaque brigade de gen­darmerie, on sait par­faite­ment que la plu­part des dél­its sont com­mis par un petit nom­bre d’in­di­vidus mul­ti­ré­cidi­vistes par­faite­ment iden­ti­fiés. Si ceux-ci, au lieu d’être per­pétuelle­ment libérés par les juges, pou­vaient se trou­ver durable­ment mis hors d’é­tat de nuire, soit par l’ex­pul­sion du ter­ri­toire soit par une mise en déten­tion adap­tée et pro­longée, c’est l’ensem­ble de nos com­munes qui ver­raient aus­sitôt la sécu­rité s’amélior­er de façon spectaculaire.

Il ne faut d’ailleurs pas se lim­iter à quelques opéra­tions ponctuelles et médi­a­tiques. L’ef­fort en ce sens doit être pour­suivi en pro­fondeur et dans la durée. Ren­forçons les effec­tifs et les moyens de la police, améliorons sa for­ma­tion et son niveau. Quant à la jus­tice, revoyons les peines et les procé­dures pénales et mod­i­fions le recrute­ment des mag­is­trats pour qu’elle ne fonc­tionne plus comme un frein à la répres­sion mais comme une arme con­tre la délinquance.

Pour autant, ce ne sont pas seule­ment nos lois pénales mais l’ensem­ble de nos cou­tumes et de nos règles sociales qu’il faut faire respecter. Car il n’y aura plus de cohé­sion nationale si nous lais­sons se dévelop­per le proces­sus de com­mu­nau­tari­sa­tion et d’is­lami­sa­tion actuelle­ment à l’œu­vre sur notre sol.

Les musul­mans présents en France peu­vent bien sûr hon­or­er leur dieu, mais ils ne doivent pas chercher à mod­i­fi­er notre organ­i­sa­tion sociale et à influ­encer notre vie publique. Si la laïc­ité exige la sépa­ra­tion des églis­es et de l’É­tat ain­si que la neu­tral­ité religieuse des pou­voirs publics, elle n’im­plique nulle­ment qu’il faille traiter toutes les reli­gions à l’i­den­tique. Aus­si est-il absurde de vouloir don­ner à l’is­lam, qui est présent sur notre sol depuis vingt ans seule­ment, des prérog­a­tives égales à celles du chris­tian­isme qui façonne notre nation depuis mille cinq cents ans. Les musul­mans qui vivent dans notre pays et souhait­ent y rester doivent accepter le car­ac­tère européen et chré­tien de notre civil­i­sa­tion et se soumet­tre à nos lois et à nos coutumes.

N’hési­tons pas à défendre nos valeurs de civil­i­sa­tion sur notre pro­pre sol et remet­tons de l’or­dre face à l’is­lam : aucune dis­cus­sion n’est pos­si­ble sur nos lois ou nos règle­ments. Dans les can­tines, dans les piscines, à l’é­cole, dans les hôpi­taux, dans les usines et les admin­is­tra­tions, tout doit rester con­forme à nos habi­tudes européennes. Dans nos villes, les mosquées et lieux de prière doivent rester dis­crets. Lors des man­i­fes­ta­tions offi­cielles, aucune men­tion par­ti­c­ulière ne doit être faite de l’is­lam. Quant aux islamistes rad­i­caux, ils doivent être expul­sés, leurs asso­ci­a­tions dis­soutes, leurs mosquées fer­mées. En bref, les musul­mans peu­vent pra­ti­quer leur reli­gion dans le cer­cle privé, mais l’is­lam doit renon­cer à toute entre­prise con­quérante et cess­er de vouloir occu­per la scène publique.

Aus­si faut-il maîtris­er l’im­mi­gra­tion et con­cevoir pour cela une poli­tique nou­velle. Dans cet esprit, la pre­mière ques­tion à résoudre est celle des clan­des­tins. Car là se trou­ve la source la plus pro­fonde de tous les dérè­gle­ments de notre société.

Le traite­ment du prob­lème des clan­des­tins con­stitue en effet le plus grand scan­dale de la société française. Voilà des per­son­nes qui bafouent nos lois, défient les autorités et obti­en­nent en retour des loge­ments, des allo­ca­tions, des places pour leurs enfants dans nos écoles et des soins médi­caux. Pis, l’é­cole et la can­tine sont gra­tu­ites et, dans la plu­part des cas, les loge­ments aus­si. Quant aux soins, ils sont pris en charge à cent pour cent. Et lorsqu’ils sont squat­ters à Paris, ils obti­en­nent d’être rel­ogés dans la cap­i­tale où le prix de l’im­mo­bili­er est inac­ces­si­ble à de nom­breux Français.

La sit­u­a­tion est désor­mais si absurde que des procé­dures spé­ci­fiques sont prévues dans les admin­is­tra­tions et notam­ment dans les hôpi­taux pour traiter les clan­des­tins. C’est à peine si l’É­tat ne délivre pas des cer­ti­fi­cats de clan­des­tinité et ne four­nit pas des papiers de sans-papiers ! Alors les Français ne com­pren­nent pas : ces gens rési­dent de manière illé­gale sur notre sol, ils sont offi­cielle­ment voués à l’ex­pul­sion, mais on les aide plus que les citoyens ordi­naires. Un peu comme si les con­trevenants au code de la route rece­vaient des bons d’essence gra­tu­its et les fraudeurs du fisc des crédits d’impôt !

Sur cette ques­tion sen­si­ble, le change­ment doit donc être total. Cha­cun recon­naît qu’il est légitime d’ap­pli­quer la loi et d’ex­pulser les clan­des­tins. Il con­vient donc de pren­dre acte de ce con­sen­sus et de don­ner à l’É­tat les moyens de le met­tre en œuvre de façon effec­tive. Il faut sup­primer toute aide directe ou indi­recte aux illé­gaux. Ren­dre aux préfets le rôle prin­ci­pal dans les déci­sions d’ex­pul­sion ! Empêch­er les recours judi­ci­aires de paral­yser le sys­tème ! Exiger des admin­is­tra­tions qui se trou­vent en con­tact avec un clan­des­tin qu’elles fassent procéder à son inter­pel­la­tion ! Quant aux per­son­nes ou aux organ­ismes aidant les clan­des­tins à se sous­traire aux autorités, ils doivent être pour­suiv­is pénalement.

Pour le reste, faut-il con­tin­uer à accueil­lir des cen­taines de mil­liers d’im­mi­grés chaque année sans se préoc­cu­per des con­séquences qui en résul­tent pour notre société ? Faut-il ignor­er l’ag­gra­va­tion du chô­mage et de l’in­sécu­rité que provoque leur présence sur notre sol ? Faut-il fer­mer les yeux sur les coûts que représen­tent ces pop­u­la­tions et, surtout, faut-il refuser de recon­naître l’échec de l’in­té­gra­tion, la mon­tée du com­mu­nau­tarisme et la régres­sion de nos principes human­istes et répub­li­cains ? Faut-il faire comme si les émeutes de novem­bre 2005 n’avaient jamais eu lieu ?

Cer­tains posent la ques­tion d’une immi­gra­tion choisie qui devrait se sub­stituer à l’im­mi­gra­tion subie que nous con­nais­sons actuelle­ment. Pourquoi pas ? Il peut exis­ter en effet une immi­gra­tion utile. Le savant russe de renom qui vient apporter son tal­ent à un lab­o­ra­toire de recherche français en est un exem­ple. Et, au-delà de ce cas excep­tion­nel, il est des immi­grés qui ont su s’as­sim­i­l­er, vivre comme les Français, respecter nos lois, tra­vailler, pay­er leurs impôts et se fon­dre dans notre com­mu­nauté. Beau­coup, il est vrai, sont d’o­rig­ine européenne, mais cer­tains vien­nent du Maroc ou de Tunisie par exem­ple. Ils pour­raient donc con­stituer une immi­gra­tion choisie délibéré­ment accep­tée et accueillie.

Mais pour cela il faut que l’im­mi­gra­tion subie soit inter­rompue. Or, aujour­d’hui, elle représente l’essen­tiel des flux migra­toires dont les sources prin­ci­pales sont la procé­dure d’asile et celle du regroupe­ment famil­ial. La pre­mière devrait donc être lim­itée à un tout petit nom­bre de per­son­nes réelle­ment per­sé­cutées dans leur pays pour leurs con­vic­tions et la sec­onde pure­ment et sim­ple­ment abrogée.

Quant à l’im­mi­gra­tion choisie, il faut la sélec­tion­ner selon le seul critère de l’in­térêt nation­al. La pre­mière exi­gence à for­muler à ce titre con­cerne bien sûr la capac­ité de l’im­pé­trant à s’as­sim­i­l­er. Aus­si les quo­tas à instau­r­er devraient-ils être étab­lis selon le critère de la nation­al­ité. Dans cet esprit, les ressor­tis­sants des pays musul­mans ou africains, qui s’in­tè­grent très mal et sont déjà très nom­breux sur notre sol, devraient se voir affecter des quo­tas qua­si nuls, tan­dis que les citoyens des États d’Eu­rope ori­en­tale par exem­ple pour­raient béné­fici­er d’une quotité plus généreuse.

S’agis­sant par ailleurs des étrangers régulière­ment présents en France, ils devraient eux aus­si être jugés en fonc­tion de leur capac­ité à s’as­sim­i­l­er. Pourquoi en effet renou­vel­er la carte de séjour de ceux qui ne s’in­tè­grent pas, qui ne tra­vail­lent pas et qui posent prob­lème ? Il faudrait plutôt réduire con­sid­érable­ment la durée de valid­ité de cette carte afin d’éviter que cer­tains ne s’in­stal­lent dans des sit­u­a­tions fauss­es. Enfin, la voie pour devenir français devrait, dans le même esprit, être lim­itée à ceux qui appor­tent la preuve de leur assim­i­la­tion. Il con­viendrait de revoir en con­séquence le code de la nation­al­ité de telle sorte que celle-ci ne com­porte plus qu’une seule procé­dure d’ac­qui­si­tion, celle de la naturalisation.

Cette démarche d’as­sim­i­la­tion des étrangers appelés à rester sur notre sol exige bien évidem­ment que ceux-ci adoptent une atti­tude de respect à l’é­gard de notre nation. Aujour­d’hui hélas, il n’en est rien. Et les mem­bres de la classe poli­tique en sont d’ailleurs les pre­miers respon­s­ables. Au lieu de rap­pel­er aux immi­grés leurs devoirs et de fix­er claire­ment les lim­ites à ne pas franchir, ils ne cessent de les plain­dre et d’af­firmer que leurs droits seraient bafoués. Ils vont même jusqu’à exprimer à leur égard de la repen­tance et à se mon­tr­er envers eux serviles, voire obséquieux. Ain­si, j’ai été par­ti­c­ulière­ment choqué, comme beau­coup de nos com­pa­tri­otes, par le com­porte­ment « com­préhen­sif » des pou­voirs publics à l’é­gard des « jeunes » incen­di­aires lors de la crise des banlieues.

Le prési­dent de la République, comme le Pre­mier min­istre, avait renchéri sur les con­di­tions de vie pré­ten­du­ment déplorables que la France aurait réservées à ces « jeunes », alors que c’est en réal­ité un tout autre dis­cours qu’il aurait fal­lu leur tenir. « La France vous a tout apporté, aurais-je aimé leur enten­dre dire, des loge­ments bon marché et con­fort­a­bles, l’in­struc­tion et les soins gra­tu­its, les loisirs et les sports sans frais. Les Français ont tout partagé avec vous, leurs crèch­es, leurs écoles, leurs quartiers, leurs usines, mais aus­si leurs emplois et toutes les aides qui aupar­a­vant leur étaient réservées. Notre pays vous a offert tout ce qu’il a pu et, en retour, vous ne lui avez rien apporté d’autre que des jérémi­ades, des insultes, de la haine, de la vio­lence et des trafics. Main­tenant, ça suf­fit ! Vous avez eu les droits, vous devez respecter vos devoirs, respecter la France et les Français, la république et ses lois, notre civil­i­sa­tion et ses valeurs. » Comme le souligne Élis­a­beth Lévy, « À psalmodi­er le mantra de  » l’im­mi­gra­tion-une-chance-pour-la-France « , on a oublié que la France pou­vait être une chance pour les immi­grés (2) ».

Il est donc temps que notre nation se fasse à nou­veau respecter. Com­ment d’ailleurs un immi­gré pour­rait-il aspir­er à devenir français s’il n’a pas de respect pour notre nation ? Et com­ment pour­rait-il en éprou­ver si les Français eux-mêmes et leurs dirigeants ne ressen­tent que de la honte, dou­blée d’un sen­ti­ment de cul­pa­bil­ité, à l’é­gard de la France ? Le moment est venu de rétablir dans l’e­sprit de nos com­pa­tri­otes un min­i­mum de con­fi­ance en eux-mêmes.

Il faut cess­er de dén­i­gr­er les Français, de les rabaiss­er et de les trans­former en coupables de tout et de n’im­porte quoi ! Tournons la page du passé sans plus nous préoc­cu­per de peser les éventuelles cul­pa­bil­ités et regar­dons vers l’avenir.

En redonnant ain­si aux Français la fierté de ce qu’ils sont, en rétab­lis­sant l’au­torité de la loi et la pro­tec­tion des hon­nêtes citoyens, en ren­voy­ant chez eux les étrangers clan­des­tins et ceux qui ne s’as­sim­i­lent pas, en préser­vant l’u­nité et l’i­den­tité de la com­mu­nauté nationale mais aus­si en con­sol­i­dant les struc­tures famil­iales, on peut met­tre un terme aux injus­tices et rétablir les repères indis­pens­ables à l’équili­bre et à l’har­monie de notre nation.

Si une telle poli­tique est menée avec fer­meté et con­ti­nu­ité, n’en dou­tons pas, la France retrou­vera sa cohé­sion et nos com­pa­tri­otes leur sérénité. Ain­si que la vigueur et la foi pour faire de la France la pre­mière puis­sance en Europe.

1. Max Gal­lo, Fier d’être Français, Fayard, 2006.
2. Élis­a­beth Lévy, Le Figaro, 7 mai 2004.

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