Ils habitent en France dans les banlieues des grandes villes, mais ils ont souvent l’impression de vivre à l’étranger dans des contrées lointaines. Tous les mois, ils rencontrent des difficultés pour boucler leur budget et, tous les ans, ils ressentent de l’angoisse pour concevoir leur avenir. Beaucoup d’entre eux sont au chômage, mais ceux qui effectuent des petits boulots ne gagnent pas plus. Quand ils ont un logement, ils aimeraient en changer, mais ils n’en ont pas les moyens. Quand ils ont un emploi, ils aimeraient gagner plus, mais ils sont contents s’ils ne le perdent pas. Leurs enfants ne possèdent pratiquement rien, mais ce sont eux qui sont rackettés. Beaucoup ont peur, mais ceux qui devraient les rassurer s’intéressent davantage à ceux qui les terrorisent. Ils respectent la loi, sinon ils sont sûrs d’être punis, mais ceux qui la bafouent sont rarement poursuivis. Ils sont censés obtenir l’appui de la nation, mais ils ont l’impression d’être abandonnés par ceux qui la dirigent.
Ce sont nos compatriotes en difficulté, beaucoup n’ont pas de quoi vivre de leur travail et doivent compter sur des allocations de toutes sortes. Ils subissent la violence et les agressions. Certains sont même sans domicile fixe, d’autres sont pénalisés par leur handicap. La vie est pour eux une épreuve permanente et, si beaucoup se battent pour survivre et s’en sortir, d’autres sombrent dans la misère, dans la marginalité ou, pire, dans la délinquance, la toxicomanie ou l’alcoolisme.
Ils font partie de ceux que la classe politique appelle les exclus. Mais sont-ils les seuls dans notre pays à connaître des difficultés ? Je ne le pense pas, car, au-delà des quatre millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, au-delà des deux millions de mal logés, c’est maintenant une fraction très importante de la population qui, sans connaître des tourments extrêmes, éprouve un mal-vivre croissant. Les classes que l’on qualifie de moyennes sont, elles aussi, confrontées à des problèmes économiques et sociaux : le chômage, la précarité, la baisse relative du niveau de vie, mais aussi la délinquance et la cohabitation souvent difficile avec les immigrés.
Et que dire de ce sentiment flou et incertain qui saisit beaucoup de nos compatriotes et leur laisse croire que l’horizon est bouché et que le présent se dérobe ? Comme s’ils n’appartenaient plus à une communauté véritable, comme si les repères qui organisaient leur vie avaient disparu, comme s’ils n’avaient plus de perspectives ni pour leurs enfants ni pour eux-mêmes.
Cette réalité, la classe politique semble la méconnaître. En tout cas, elle n’en voit que sa dimension sociale. Elle qualifie d’ailleurs le problème de « fracture sociale » et cherche à la réduire en créant, selon le jargon qu’elle affectionne, du “ lien social ”. Quant à la solution, elle se trouve selon elle dans le retour à la « cohésion sociale. » En ramenant tout à une question sociale, c’est-à-dire à un domaine qu’elle croit connaître et maîtriser, la classe politique et médiatique évite de s’engager sur un terrain où son action et ses dogmes pourraient être remis en cause. Mais, ce faisant, elle s’interdit de comprendre la réalité des phénomènes délétères qui décomposent actuellement la société française. Là encore, elle se condamne à ne rien résoudre et à tout laisser se dégrader.
Il est en effet absurde de croire que cette profonde déchirure de notre société pourrait être refermée par plus de prestations de solidarité, plus de logements HLM et des semi-emplois subventionnés par l’État. Vouloir résoudre le problème par ces seules mesures, c’est ignorer que la société française est en train de se disloquer sous la pression de leviers autrement plus dévastateurs encore que le chômage et la précarité. C’est refuser de voir que les fractures qui la traversent sont plus nombreuses et plus profondes que le seul fossé qui sépare les « exclus » des « nantis ».
Certes, la décomposition de la société française comporte des causes économiques : les affres liées à l’emploi que l’on a perdu ou que l’on ne trouve pas, l’anxiété provoquée par les petits boulots qui ne durent jamais assez longtemps et qu’il faut rechercher sans cesse, le désespoir suscité par la délocalisation de son entreprise ou l’angoisse de ne plus pouvoir payer son loyer. Autant de situations évidemment graves et inquiétantes que les Français ne devraient pas connaître en aussi grand nombre en ce début du vingt et unième siècle.
Mais cette réalité particulièrement choquante n’est pas la seule fracture qui disloque notre société. Regardons aussi celle qui fait éclater notre nation en communautés ethniques et religieuses plus ou moins antagonistes. Totalement contraire à nos traditions et à notre droit, la communautarisation commence en effet à produire ses effets dévastateurs. Les tensions et les affrontements communautaires se font maintenant plus fréquents et beaucoup plus graves qu’on ne le reconnaît officiellement. La résurgence de l’antisémitisme, lequel avait pratiquement disparu de la vie courante depuis les lendemains de la guerre, n’en est-elle pas le signe le plus patent ? Véhiculé par certains musulmans, ce sentiment de haine crée dans de nombreux quartiers de réelles difficultés de vie pour les juifs.
Plus globalement d’ailleurs, les événements qui ont eu lieu à Paris en mars 2005 puis en mars 2006, au cours desquels les manifestants lycéens et étudiants avaient été violemment attaqués par des voyous d’origine maghrébine et africaine, montrent qu’il existe désormais un racisme anti-blanc. Un racisme dont la réalité avait d’ailleurs été établie par la presse et notamment par le journal le Monde qui titrait le 16 mars 2005 : « Manifestation de lycéens : le spectre des violences anti-blancs ? ». À cela s’ajoutent le racisme anti-arabe et le racisme anti-noir, largement dénoncés par les médias et les autorités. Résultat : beaucoup de nos quartiers constituent maintenant de véritables chaudrons d’antagonismes particulièrement difficiles à vivre pour nos compatriotes. Des chaudrons qui, on l’a vu à l’automne 2005, peuvent devenir le théâtre d’explosions de violence destructrice et aveugle.
Cette fragmentation de la société se trouve en outre amplifiée par la perte des valeurs ou, plutôt, par la disparition d’un certain nombre de repères traditionnels. L’affaiblissement des règles de la morale élémentaire, dû au relâchement de l’éducation et à la nocivité de certains programmes de télévision, conduit à brouiller la frontière entre le bien et le mal et à faire disparaître toute notion de devoir. La délinquance et la criminalité qui en résultent, avec la relative impunité de nombreux fauteurs de troubles, introduit, là encore, une forme de chaos qui n’est pas seulement social mais aussi mental.
La famille, qui constituait pour l’écrasante majorité de nos compatriotes un facteur de stabilité et de sécurité, se trouve par ailleurs considérablement fragilisée. Ses structures sont devenues plus éphémères, plus mouvantes et plus complexes. Et la création du Pacs, comme la perspective sans cesse agitée du mariage des homosexuels et de l’adoption des enfants par les couples gays, contribue à l’affaiblir et à la relativiser encore plus.
Dans ce contexte d’effondrement des valeurs, le sentiment d’iniquité se développe dans l’esprit de nos compatriotes, venant de la sorte aggraver à son tour la décomposition sociale. Il touche en effet de nombreux Français et pour des motifs qui sont souvent plus douloureux encore que le simple constat d’une inégalité financière injustifiée. Ainsi, la plupart de nos concitoyens victimes de la délinquance sont portés à croire que justice ne leur est pas rendue. Souvent, en effet, leurs agresseurs ne sont pas arrêtés ni même recherchés, quand ils ne sont pas relâchés.
Beaucoup de Français qui peinent à boucler leurs fins de mois éprouvent aussi le sentiment amer que les pouvoirs publics se désintéressent de leurs difficultés et se préoccupent davantage de celles des immigrés. Que ce soit aux guichets des administrations ou dans les reportages télévisés, « il n’y en a, disent-ils, que pour eux ! ». Et comment ce sentiment ne se développerait-il pas, quand on constate à quel point les autorités pratiquent la méthode du deux poids deux mesures ?
À l’origine des émeutes de 2005, il y a eu la mort de deux « jeunes » de Clichy-sous-Bois prenant la fuite à la vue de la police et se précipitant dans un transformateur EDF où ils furent électrocutés. Aussitôt, ce fut l’émotion parmi les plus hautes autorités : réception des familles place Beauvau, marche silencieuse, enquête administrative, mobilisation de la justice. Pourtant, quelques jours plus tôt, un père de famille français avait été battu à mort sans raison par deux voyous devant sa femme et sa petite fille alors qu’il se rendait à Épinay. Mais il n’y eut là aucune émotion, aucune marche : une enquête de routine, un fait divers ordinaire, l’indifférence totale des autorités. Et cette indignation sélective s’est répétée tout au long des événements : lorsque des émanations de gaz lacrymogène pénètrent dans une mosquée, le gouvernement, bouleversé, présente ses regrets officiels mais, quand des églises sont attaquées, il ne prononce pas un mot de condamnation.
Il est vrai que cette discrimination à rebours est maintenant entrée dans la vie quotidienne. Nombreux sont nos compatriotes qui, ayant été punis avec rigueur pour un excès de vitesse ou un retard dans le paiement de leurs impôts, constatent avec amertume que d’autres catégories de personnes, pourtant en délicatesse avec la loi comme les clandestins, ne sont pas poursuivies ni inquiétées.
Comment s’étonner dès lors que beaucoup d’entre eux se sentent comme abandonnés par ceux-là même qui sont censés les soutenir ? À l’instar de ce couple de boulangers que j’avais rencontré dans une petite ville de Provence. Je pénètre dans le magasin, au demeurant fort modeste, et je suis accueilli par un garçon au visage tuméfié qui s’esquive aussitôt dans l’arrière-boutique. Sa mère apparaît quelques instants plus tard et, me reconnaissant, commence aussitôt à se confier. Son fils, qui avait reçu un scooter en cadeau de Noël, a été agressé et dépouillé de son engin par une bande de jeunes voyous maghrébins. Bien que le garçon ait pu désigner ses agresseurs, la justice ne les a pas poursuivis faute d’aveux. Dans le même temps, le contrôle fiscal auquel étaient soumis ses parents s’est achevé par un lourd redressement.
Depuis lors, la boulangère, écœurée, soigne les blessures de son fils, cherche désespérément comment payer ses dettes fiscales et surveille son mari pour qu’il ne fasse pas justice lui-même, sachant que, lui, serait impitoyablement puni. Alors qu’ils sont confrontés à de graves difficultés matérielles, qu’il leur faut endurer la violence et la délinquance dans leur vie quotidienne et s’adapter à des cultures étrangères qui les envahissent, les Français ont le sentiment que les pouvoirs publics ignorent leurs difficultés, mais les accablent de tracasseries et, pis, qu’ils prennent le parti de leurs tourmenteurs, n’hésitant pas à les sanctionner pour racisme au moindre mouvement de mauvaise humeur de leur part.
À cela s’ajoute un autre facteur de déstabilisation, certes plus général et plus lointain, mais dont les effets néfastes ne doivent pas être sous-estimés. Je veux parler de la culpabilité dans laquelle nos élites, ou ceux qui en tiennent lieu, cherchent à entretenir les Français. Selon l’intelligentsia, notre peuple serait au fond mauvais, cupide, prédateur, voire tortionnaire. Durant la colonisation, n’a-t-il pas honteusement exploité et opprimé les populations soumises ? N’est-il pas de ce fait responsable de la misère du tiers monde ? N’est-ce pas lui qui s’est livré au trafic des esclaves ? Et si l’on remonte aux Croisades, n’a-t-il pas odieusement agressé le monde musulman ?
Les malheureux Français, dont la plupart n’ont évidemment vécu aucun de ces événements, doivent subir à longueur d’année la commémoration de ces fautes ou prétendues fautes qui retombent sur leurs épaules. Que ce soit sous forme de films, d’émissions télévisées ou de célébrations officielles, nos compatriotes sont en permanence amenés à se couvrir la tête de cendres et à macérer dans ce que certains appellent maintenant les heures sombres de notre histoire.
Peu importe que les autres peuples du monde aient tous commis leur lot d’agressions et d’atrocités, peu importe que les Algériens du FLN se soient rendus coupables de terribles exactions, peu importe que l’esclavage ait été organisé avec le concours des tribus arabes et des chefs africains et qu’il soit encore pratiqué dans certains pays musulmans, peu importe, les coupables, ce sont les Européens et tout particulièrement les Français ! Ce sont eux que l’on désigne et que l’on cloue au pilori. Comme l’écrit Max Gallo, « ce que veulent les procureurs, ceux qui font le procès de la France, c’est que la France s’agenouille, baisse la tête, avoue, fasse repentance, reconnaisse ses crimes, et, en robe de bure, se laisse couvrir d’insultes, de crachats, heureuse qu’on ne la viole qu’en chanson et qu’on ne la brûle que symboliquement chaque nuit (1) ».
Et comme si cela ne suffisait pas, la période actuelle est elle-même devenue source d’accusations et d’admonestations. Régulièrement en effet, on reproche aux Français leur comportement. Tout y passe. Tantôt on leur fait savoir qu’ils mangent mal et qu’ils fument à l’excès, tantôt on les accuse de consommer trop d’essence avec leur voiture et d’utiliser trop de sacs en plastic au supermarché. Mais on les tance également parce qu’ils boivent trop, ou pas assez, parce qu’ils se brossent insuffisamment les dents ou qu’ils s’exposent inconsidérément au soleil. À coups d’enquêtes, de statistiques, par le biais d’émissions ou de remontrances officielles, on critique leur comportement sur les routes, leur égoïsme à l’égard des exclus, leur racisme envers les immigrés. Les Français décidément se conduisent mal.
Comment dans ces conditions notre société pourrait-elle conserver son harmonie ? Alors qu’ils doivent affronter de graves difficultés matérielles, nos compatriotes ne distinguent plus les bornes qui pourraient les guider. Les normes morales se sont estompées, les institutions censées structurer et réguler leur vie ne cessent de s’affaiblir, la communauté à laquelle ils croyaient appartenir commence à se déliter. Les injustices, réelles ou ressenties comme telles, s’accumulent. Et, pour couronner le tout, l’intelligentsia leur explique qu’ils sont coupables et qu’ils doivent se repentir.
Il est donc urgent de remettre de l’ordre et de l’harmonie dans notre nation. Et pour cela, l’idée est simple : il faut rétablir, avec autorité et dans la durée, un minimum de règles, de principes et d’institutions susceptibles de reconstituer les repères dont les Français ont besoin pour apaiser leurs incertitudes et leurs angoisses, structurer leur vie en communauté et leur ouvrir de nouvelles perspectives.
À cet égard, il paraît d’abord nécessaire de valoriser et de favoriser les familles. Celles-ci constituent un organe essentiel à l’équilibre et à l’harmonie de notre société. En conciliant les préoccupations individuelles avec celles de la communauté, elles développent le sens des responsabilités et le sens moral. C’est en leur sein que se transmettent nos valeurs et nos traditions, c’est à leur niveau que se manifeste la solidarité la plus efficace, celle que suscite l’affection ou l’amour. L’État se doit donc de les aider et de les encourager.
Encore faut-il prendre en compte la situation nouvelle des familles. Les divorces et les remariages sont plus nombreux qu’autrefois, les familles monoparentales constituent une réalité. Aussi est-ce la famille sous ses différentes formes, traditionnelle, recomposée ou partielle, qu’il faut soutenir. Accordons-lui un statut privilégié qui lui procure des avantages fiscaux, sociaux et civiques et offrons-lui des aides financières permettant à ceux qui ont des enfants de ne plus se trouver pénalisés par rapport à ceux qui n’en ont pas.
Ainsi confortée dans ses bases, notre société pourra retrouver un minimum d’équilibre et de repères. Un processus qui devra être amplifié par le rétablissement des principes fondamentaux de toute vie en société et d’abord par le retour au respect de la loi et à la sécurité des personnes. Il est absurde en effet de vouloir rétablir des repères sans punir ceux qui les transgressent. Il en va du gouvernement de la cité comme de l’éducation des enfants : les sanctions ont une valeur pédagogique. Aussi le pouvoir a‑t-il commis une erreur dramatique en récompensant les « jeunes » émeutiers de 2005 par des crédits supplémentaires pour leurs quartiers. En agissant ainsi, il s’est comporté comme ces parents irresponsables dont les enfants viennent de casser la vaisselle en un geste de colère et qui, afin de les calmer, leur donnent de l’argent pour s’acheter des jouets.
Les sanctions ont une vertu éducative mais aussi civilisatrice et doivent donc être rétablies avec rigueur. Dans la pratique, la méthode à appliquer est celle de la tolérance zéro. S’il faut réprimer le crime, il faut aussi sanctionner tous les petits délits et ce qu’on appelle maintenant les « incivilités ». Il faut recourir sans état d’âme à la répression et à la dissuasion. Si celles-ci sont efficaces sur la route contre les chauffards, pourquoi ne le seraient-elles pas dans les cités contre les voyous ?
Il faut imaginer des peines réellement dissuasives. Ce qui n’est évidemment pas le cas lorsque l’on condamne les émeutiers qui ont mis le feu dans les banlieues à un maximum de deux mois de prison ferme. Il est temps, par exemple, de mettre pénalement en cause les parents pour les crimes et les délits commis par leurs enfants. Il est aussi nécessaire d’expulser les étrangers qui commettent des infractions et d’appliquer la disposition prévue dans notre législation permettant de déchoir de leur nationalité les Français de fraîche date qui commettent des exactions graves.
Pareille répression peut être efficace car, dans chaque commissariat, dans chaque brigade de gendarmerie, on sait parfaitement que la plupart des délits sont commis par un petit nombre d’individus multirécidivistes parfaitement identifiés. Si ceux-ci, au lieu d’être perpétuellement libérés par les juges, pouvaient se trouver durablement mis hors d’état de nuire, soit par l’expulsion du territoire soit par une mise en détention adaptée et prolongée, c’est l’ensemble de nos communes qui verraient aussitôt la sécurité s’améliorer de façon spectaculaire.
Il ne faut d’ailleurs pas se limiter à quelques opérations ponctuelles et médiatiques. L’effort en ce sens doit être poursuivi en profondeur et dans la durée. Renforçons les effectifs et les moyens de la police, améliorons sa formation et son niveau. Quant à la justice, revoyons les peines et les procédures pénales et modifions le recrutement des magistrats pour qu’elle ne fonctionne plus comme un frein à la répression mais comme une arme contre la délinquance.
Pour autant, ce ne sont pas seulement nos lois pénales mais l’ensemble de nos coutumes et de nos règles sociales qu’il faut faire respecter. Car il n’y aura plus de cohésion nationale si nous laissons se développer le processus de communautarisation et d’islamisation actuellement à l’œuvre sur notre sol.
Les musulmans présents en France peuvent bien sûr honorer leur dieu, mais ils ne doivent pas chercher à modifier notre organisation sociale et à influencer notre vie publique. Si la laïcité exige la séparation des églises et de l’État ainsi que la neutralité religieuse des pouvoirs publics, elle n’implique nullement qu’il faille traiter toutes les religions à l’identique. Aussi est-il absurde de vouloir donner à l’islam, qui est présent sur notre sol depuis vingt ans seulement, des prérogatives égales à celles du christianisme qui façonne notre nation depuis mille cinq cents ans. Les musulmans qui vivent dans notre pays et souhaitent y rester doivent accepter le caractère européen et chrétien de notre civilisation et se soumettre à nos lois et à nos coutumes.
N’hésitons pas à défendre nos valeurs de civilisation sur notre propre sol et remettons de l’ordre face à l’islam : aucune discussion n’est possible sur nos lois ou nos règlements. Dans les cantines, dans les piscines, à l’école, dans les hôpitaux, dans les usines et les administrations, tout doit rester conforme à nos habitudes européennes. Dans nos villes, les mosquées et lieux de prière doivent rester discrets. Lors des manifestations officielles, aucune mention particulière ne doit être faite de l’islam. Quant aux islamistes radicaux, ils doivent être expulsés, leurs associations dissoutes, leurs mosquées fermées. En bref, les musulmans peuvent pratiquer leur religion dans le cercle privé, mais l’islam doit renoncer à toute entreprise conquérante et cesser de vouloir occuper la scène publique.
Aussi faut-il maîtriser l’immigration et concevoir pour cela une politique nouvelle. Dans cet esprit, la première question à résoudre est celle des clandestins. Car là se trouve la source la plus profonde de tous les dérèglements de notre société.
Le traitement du problème des clandestins constitue en effet le plus grand scandale de la société française. Voilà des personnes qui bafouent nos lois, défient les autorités et obtiennent en retour des logements, des allocations, des places pour leurs enfants dans nos écoles et des soins médicaux. Pis, l’école et la cantine sont gratuites et, dans la plupart des cas, les logements aussi. Quant aux soins, ils sont pris en charge à cent pour cent. Et lorsqu’ils sont squatters à Paris, ils obtiennent d’être relogés dans la capitale où le prix de l’immobilier est inaccessible à de nombreux Français.
La situation est désormais si absurde que des procédures spécifiques sont prévues dans les administrations et notamment dans les hôpitaux pour traiter les clandestins. C’est à peine si l’État ne délivre pas des certificats de clandestinité et ne fournit pas des papiers de sans-papiers ! Alors les Français ne comprennent pas : ces gens résident de manière illégale sur notre sol, ils sont officiellement voués à l’expulsion, mais on les aide plus que les citoyens ordinaires. Un peu comme si les contrevenants au code de la route recevaient des bons d’essence gratuits et les fraudeurs du fisc des crédits d’impôt !
Sur cette question sensible, le changement doit donc être total. Chacun reconnaît qu’il est légitime d’appliquer la loi et d’expulser les clandestins. Il convient donc de prendre acte de ce consensus et de donner à l’État les moyens de le mettre en œuvre de façon effective. Il faut supprimer toute aide directe ou indirecte aux illégaux. Rendre aux préfets le rôle principal dans les décisions d’expulsion ! Empêcher les recours judiciaires de paralyser le système ! Exiger des administrations qui se trouvent en contact avec un clandestin qu’elles fassent procéder à son interpellation ! Quant aux personnes ou aux organismes aidant les clandestins à se soustraire aux autorités, ils doivent être poursuivis pénalement.
Pour le reste, faut-il continuer à accueillir des centaines de milliers d’immigrés chaque année sans se préoccuper des conséquences qui en résultent pour notre société ? Faut-il ignorer l’aggravation du chômage et de l’insécurité que provoque leur présence sur notre sol ? Faut-il fermer les yeux sur les coûts que représentent ces populations et, surtout, faut-il refuser de reconnaître l’échec de l’intégration, la montée du communautarisme et la régression de nos principes humanistes et républicains ? Faut-il faire comme si les émeutes de novembre 2005 n’avaient jamais eu lieu ?
Certains posent la question d’une immigration choisie qui devrait se substituer à l’immigration subie que nous connaissons actuellement. Pourquoi pas ? Il peut exister en effet une immigration utile. Le savant russe de renom qui vient apporter son talent à un laboratoire de recherche français en est un exemple. Et, au-delà de ce cas exceptionnel, il est des immigrés qui ont su s’assimiler, vivre comme les Français, respecter nos lois, travailler, payer leurs impôts et se fondre dans notre communauté. Beaucoup, il est vrai, sont d’origine européenne, mais certains viennent du Maroc ou de Tunisie par exemple. Ils pourraient donc constituer une immigration choisie délibérément acceptée et accueillie.
Mais pour cela il faut que l’immigration subie soit interrompue. Or, aujourd’hui, elle représente l’essentiel des flux migratoires dont les sources principales sont la procédure d’asile et celle du regroupement familial. La première devrait donc être limitée à un tout petit nombre de personnes réellement persécutées dans leur pays pour leurs convictions et la seconde purement et simplement abrogée.
Quant à l’immigration choisie, il faut la sélectionner selon le seul critère de l’intérêt national. La première exigence à formuler à ce titre concerne bien sûr la capacité de l’impétrant à s’assimiler. Aussi les quotas à instaurer devraient-ils être établis selon le critère de la nationalité. Dans cet esprit, les ressortissants des pays musulmans ou africains, qui s’intègrent très mal et sont déjà très nombreux sur notre sol, devraient se voir affecter des quotas quasi nuls, tandis que les citoyens des États d’Europe orientale par exemple pourraient bénéficier d’une quotité plus généreuse.
S’agissant par ailleurs des étrangers régulièrement présents en France, ils devraient eux aussi être jugés en fonction de leur capacité à s’assimiler. Pourquoi en effet renouveler la carte de séjour de ceux qui ne s’intègrent pas, qui ne travaillent pas et qui posent problème ? Il faudrait plutôt réduire considérablement la durée de validité de cette carte afin d’éviter que certains ne s’installent dans des situations fausses. Enfin, la voie pour devenir français devrait, dans le même esprit, être limitée à ceux qui apportent la preuve de leur assimilation. Il conviendrait de revoir en conséquence le code de la nationalité de telle sorte que celle-ci ne comporte plus qu’une seule procédure d’acquisition, celle de la naturalisation.
Cette démarche d’assimilation des étrangers appelés à rester sur notre sol exige bien évidemment que ceux-ci adoptent une attitude de respect à l’égard de notre nation. Aujourd’hui hélas, il n’en est rien. Et les membres de la classe politique en sont d’ailleurs les premiers responsables. Au lieu de rappeler aux immigrés leurs devoirs et de fixer clairement les limites à ne pas franchir, ils ne cessent de les plaindre et d’affirmer que leurs droits seraient bafoués. Ils vont même jusqu’à exprimer à leur égard de la repentance et à se montrer envers eux serviles, voire obséquieux. Ainsi, j’ai été particulièrement choqué, comme beaucoup de nos compatriotes, par le comportement « compréhensif » des pouvoirs publics à l’égard des « jeunes » incendiaires lors de la crise des banlieues.
Le président de la République, comme le Premier ministre, avait renchéri sur les conditions de vie prétendument déplorables que la France aurait réservées à ces « jeunes », alors que c’est en réalité un tout autre discours qu’il aurait fallu leur tenir. « La France vous a tout apporté, aurais-je aimé leur entendre dire, des logements bon marché et confortables, l’instruction et les soins gratuits, les loisirs et les sports sans frais. Les Français ont tout partagé avec vous, leurs crèches, leurs écoles, leurs quartiers, leurs usines, mais aussi leurs emplois et toutes les aides qui auparavant leur étaient réservées. Notre pays vous a offert tout ce qu’il a pu et, en retour, vous ne lui avez rien apporté d’autre que des jérémiades, des insultes, de la haine, de la violence et des trafics. Maintenant, ça suffit ! Vous avez eu les droits, vous devez respecter vos devoirs, respecter la France et les Français, la république et ses lois, notre civilisation et ses valeurs. » Comme le souligne Élisabeth Lévy, « À psalmodier le mantra de » l’immigration-une-chance-pour-la-France « , on a oublié que la France pouvait être une chance pour les immigrés (2) ».
Il est donc temps que notre nation se fasse à nouveau respecter. Comment d’ailleurs un immigré pourrait-il aspirer à devenir français s’il n’a pas de respect pour notre nation ? Et comment pourrait-il en éprouver si les Français eux-mêmes et leurs dirigeants ne ressentent que de la honte, doublée d’un sentiment de culpabilité, à l’égard de la France ? Le moment est venu de rétablir dans l’esprit de nos compatriotes un minimum de confiance en eux-mêmes.
Il faut cesser de dénigrer les Français, de les rabaisser et de les transformer en coupables de tout et de n’importe quoi ! Tournons la page du passé sans plus nous préoccuper de peser les éventuelles culpabilités et regardons vers l’avenir.
En redonnant ainsi aux Français la fierté de ce qu’ils sont, en rétablissant l’autorité de la loi et la protection des honnêtes citoyens, en renvoyant chez eux les étrangers clandestins et ceux qui ne s’assimilent pas, en préservant l’unité et l’identité de la communauté nationale mais aussi en consolidant les structures familiales, on peut mettre un terme aux injustices et rétablir les repères indispensables à l’équilibre et à l’harmonie de notre nation.
Si une telle politique est menée avec fermeté et continuité, n’en doutons pas, la France retrouvera sa cohésion et nos compatriotes leur sérénité. Ainsi que la vigueur et la foi pour faire de la France la première puissance en Europe.
1. Max Gallo, Fier d’être Français, Fayard, 2006.
2. Élisabeth Lévy, Le Figaro, 7 mai 2004.