Ils sont riches d’un grand héritage, mais ils ont le sentiment de le perdre. Ils ont soumis une partie du monde, mais tout se passe comme si le monde les dominait. Ils ont connu la grandeur, mais ils ne savent plus quel est leur avenir. On cherche à les abaisser, mais ils ont encore de la fierté. On les culpabilise pour ce qu’ils ont été, mais, s’ils ne disent rien, ils n’en pensent pas moins. On veut que leurs idées soient correctes, mais, s’ils se conforment, c’est sans conviction. Ils ont été prospères, mais ils ont le sentiment de s’appauvrir. Beaucoup d’entre eux essayent de tout obtenir sans rien donner, mais, si on le leur demandait, certains donneraient beaucoup sans rien exiger. Souvent ils protestent et revendiquent, mais ils peuvent créer et bâtir. Ils se montrent moroses, fréquemment passifs, parfois désabusés, mais ils sont capables d’enthousiasme et prêts à renouer avec le succès. Ils tolèrent encore ceux qui les dirigent, mais bientôt ils ne les laisseront plus diriger. On les dit sur le déclin, mais ils n’ont pas dit leur dernier mot.
Ce sont les Français, ils constituent un grand peuple qui a traversé l’histoire et pesé dans le monde. Un peuple brillant, inventif, courageux et entreprenant qui se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Ou il s’enfonce dans un déclin que d’aucuns disent inéluctable, ou il devient le théâtre d’un renouveau comme il en a déjà connu au cours de son histoire.
Pour certains, gagnés par le pessimisme et la désespérance, la question est tranchée : la France a son avenir derrière elle. N’est-elle pas dans une situation en tout point critique ? La croissance est en berne, le chômage est toujours massif, la dette publique atteint des records. Le commerce extérieur retombe dans le rouge. Le budget de l’État et celui de la sécurité sociale accusent un lourd déficit. Les prélèvements, les règlements et la bureaucratie pèsent d’un poids écrasant qui paralyse toutes les initiatives tandis que les systèmes d’aide sociale, toujours plus inefficaces et coûteux, créent un esprit d’assistance, de passivité et d’irresponsabilité peu propice à une reprise de l’activité et au retour de la prospérité.
Et, bien entendu, toutes les graves difficultés que rencontre aujourd’hui notre pays retentissent sur la vie quotidienne des Français. Stagnation du niveau de vie, précarité, chômage, quand ce n’est pas pauvreté et misère, beaucoup de nos compatriotes souffrent de ces maux que, naguère encore, on croyait en voie de disparition. Les valeurs et les repères se sont estompés. Le crime, la délinquance, la violence et la drogue sont désormais monnaie courante. L’islam s’installe et se développe, multipliant ses exigences et ses pressions. La mondialisation continue ses ravages, provoquant délocalisations et désindustrialisation. Quant à l’Europe bruxelloise, elle poursuit inexorablement son travail de sape, privant notre pays des moyens de se protéger et de réagir.
Mais alors, ne sommes-nous pas au début de la fin ? Notre peuple ne va-t-il pas se trouver submergé par des vagues migratoires qui vont le dissoudre ? Notre État ne va-t-il pas être vidé de sa substance par des institutions européistes et mondialistes qui vont le détruire ? Notre civilisation ne va-t-elle pas se dissoudre sous l’effet conjugué de l’autoculpabilisation et de la perte des valeurs ?
Ces interrogations sont désormais bien présentes dans l’esprit de nos compatriotes comme j’en ai pris conscience avec un peu de surprise lors d’une réception de mariage. Alors que j’interrogeais les parents sur les projets d’avenir des jeunes époux, je fus étonné de m’entendre répondre : « Ils partent pour le Canada, notre gendre a trouvé une très belle situation à Vancouver. Et j’espère qu’ils ne reviendront jamais ! » En voyant mon air interloqué, le père, un industriel pourtant solidement assis, ajouta : « Maintenant, en France, tout peut basculer et je préfère que nos petits-enfants ne voient pas ça ! »
Je n’ai jamais su si mes hôtes faisaient référence aux émeutes dans les cités qui peuvent s’amplifier et se multiplier, s’ils songeaient à la situation économique et sociale qui pourrait conduire notre pays à la faillite ou s’ils exprimaient simplement une perte totale de confiance dans l’avenir de notre nation. Mais, pour eux en tout cas, comme pour beaucoup de nos compatriotes, la question se pose : la France, bien qu’elle cherche encore à faire bonne figure, n’est-elle plus aujourd’hui qu’un petit pays en plein déclin ballotté par des forces qui la dépassent et qu’elle ne peut que subir ?
Personnellement, je ne veux pas le croire. Je pense qu’il n’y a aucune fatalité et que l’histoire n’est pas écrite. Ma conviction est même que notre nation possède toujours un avenir et qu’elle peut connaître à nouveau une période faste. Et, en l’affirmant, je ne crois pas perdre le sens des réalités ni céder à un optimisme de convenance.
Mon optimisme vient de la nature même du processus délétère dont notre nation est actuellement la victime. Car, si tous les maux qui l’assaillent résultaient de forces extérieures s’imposant à nous sans que nous puissions nous y opposer, si les Français étaient comme asservis par une puissance supérieure, notre nation en effet ne pourrait que succomber. Mais tel n’est pas le cas. Les fléaux qui accablent la France sont pour l’essentiel le produit d’une idéologie patiemment mise en œuvre par l’oligarchie qui nous gouverne. Les maux dont nous souffrons ne sont que les fruits vénéneux de la pensée unique et les résultats désastreux de la politique menée par le système.
Si la France se porte mal, c’est parce que, depuis des années, on la soumet aux préceptes du mondialisme et du socialisme, parce qu’on veut à tout prix niveler une société qui ne peut l’être, intégrer des populations inintégrables, construire une Europe qui n’a rien d’européen et s’ouvrir sans réserve à une mondialisation qui n’a rien de bénéfique. Notre nation souffre donc de l’action et des idées néfastes de ceux qui la dirigent.
Dès lors, il n’y a pas de fatalité. Si les responsables des troubles que nous subissons perdent leur pouvoir et leur idéologie son influence, tout redevient possible. Car ce qui a été réalisé ou, plutôt, détruit par certains, peut être corrigé et reconstruit par d’autres. Malgré la puissance de l’oligarchie au pouvoir, le développement d’un tel processus de renouveau apparaît maintenant probable. La gravité des problèmes que connaît aujourd’hui la France a en effet totalement discrédité la classe dirigeante qui se trouve mise en cause à la fois dans ses idées et dans ses hommes.
Sur le terrain idéologique, nous les avons examinées, quatre idées fondamentales structurent la pensée unique : « l’exclusion est le mal absolu », « l’intégration ça marche », « la mondialisation est bénéfique » et « l’Europe de Bruxelles est notre avenir. » Tout tourne autour de ces postulats. Tout en découle, tout y concourt. Tous les partis institutionnels y adhèrent, tous les médias les défendent, toutes les actions officielles doivent s’en inspirer et aucune élection ne doit les remettre en question. Or, nous le savons, il s’agit d’idées fausses.
La pensée unique est donc fondée sur des principes erronés qui ne tiennent pas face aux réalités. L’édifice politique et intellectuel qu’a construit le système repose sur du sable et se révèle d’une grande fragilité. Le politiquement correct est donc vulnérable et sa vulnérabilité augmente à mesure que les Français découvrent l’imposture des idées qu’il véhicule.
L’immigration ne devait pas être un problème car l’intégration allait fonctionner, mais les banlieues s’embrasent et l’islam montre tous les jours qu’avec lui, la société se communautarise. La mondialisation devait être bénéfique, mais les délocalisations, la précarité et le chômage prouvent qu’elle est porteuse de terribles épreuves. L’Europe bruxelloise devait être notre avenir, mais la volonté de faire entrer la Turquie dans l’Union montre que cette entreprise n’a rien d’européen. Les idées phares de l’intelligentsia s’en trouvent bien obscurcies.
Quant à la classe dirigeante, elle ne peut plus dissimuler sa déliquescence. Nous l’avons vu, les hommes politiques qui sont censés agir au service du peuple et de la nation n’ont plus de réel pouvoir. L’intelligentsia a perdu toute légitimité. Largement animée par la gauche et les soixante-huitards, elle est confrontée à son échec et n’a plus rien à proposer. La situation s’est par ailleurs tellement dégradée que ce sont maintenant les médias qui exercent le plus grand pouvoir. Et, en leur sein, au sommet de cette absurde pyramide, les plus puissants sont les saltimbanques : les Ardisson, les Cauet, les Ruquier, les Fogiel. Et, en forme de sommet posthume, en suprême symbole : le Zéro.
Les bateleurs donnent le ton aux médias, ceux-ci encadrent l’intelligentsia et celle-ci dicte leur conduite aux politiques. En caricaturant, je dirais que la France est aujourd’hui dirigée par une poignée d’amuseurs publics : le fou du roi est monté sur le trône et continue de faire le pitre.
Le système qui gouverne la France depuis des décennies et qui est à l’origine de tous ses maux se trouve donc maintenant frappé de discrédit et approche de sa fin. Les idées qui ont provoqué le déclin sont elles-mêmes en déclin. La classe dirigeante qui est responsable de la crise est elle-même en crise. Dès lors, tout peut changer.
Encore faut-il, bien sûr, que les Français en manifestent la volonté. Dans les circonstances présentes, avec les terribles handicaps qui sont les siens, la France ne continuera pas d’exister par le seul fait d’avoir été et d’être encore. En ces temps difficiles, une nation comme la nôtre ne peut avoir un avenir que si elle décide de réagir. Et je suis convaincu que cette réaction salutaire peut maintenant venir.
Notre pays peut connaître, dans les quelques années qui viennent, un véritable sursaut. La France possède une longue histoire et a déjà traversé plusieurs périodes difficiles au cours desquelles son avenir paraissait compromis. Or, en chacune de ces funestes occasions, elle a toujours trouvé en elle-même les ressources pour se ressaisir, faire face et triompher de ses épreuves. Que ce soit lors de la guerre de Cent Ans, après celle de Trente Ans, en 1793, en 1870 ou en 1940, chaque fois notre pays semblait sur le point de succomber et, chaque fois, il a réagi et a pu reprendre sa marche en avant. Aujourd’hui, il est vrai, la situation paraît moins tragique, et, en ce sens, moins propice au sursaut, mais, là encore, l’histoire nous enseigne que notre peuple peut rester assoupi pendant une longue période et soudain se réveiller et agir avec une grande vigueur.
Or, si elle le décide, la France a devant elle une voie qui lui permettra d’assurer son redressement et de retrouver un avenir de grande nation. Il suffit qu’elle la reconnaisse et qu’elle s’y engage avec assurance en rompant avec les idées fausses qui l’égarent actuellement. Et, pour ce faire, il n’est pas souhaitable de substituer au système moribond de la pensée unique un autre schéma fait de dogmes et de vérités toutes faites. Je suis pour ma part convaincu qu’il faut remplacer le politiquement correct non par une autre idéologie mais par une stratégie au service de la France. Le moment est venu pour les stratèges de prendre le pas sur les idéologues.
Il faut en effet libérer les Français des idées abstraites et des incantations. Il faut leur proposer un projet concret et ambitieux à réaliser dans la durée de façon pragmatique et volontaire. Leur offrir des perspectives : notre pays doit maintenant exprimer une vision et construire une nouvelle exception française. Il lui faut pour cela valoriser ses atouts, minimiser ses handicaps, se doter d’objectifs, réunir les moyens nécessaires pour les atteindre et maintenir le cap quoi qu’il arrive. C’est portée, guidée et mobilisée par une stratégie d’envergure que notre nation pourra à nouveau incarner pour son peuple et pour les autres un modèle et un avenir.
Chaque fois que, dans son histoire, elle a renoué avec le succès, la France se trouvait, consciemment ou non, porteuse d’une vision. Que ce soit pendant le règne de Louis XIV, sous l’Empire, sous la IIIe République ou dans les années soixante, notre pays incarnait pour le reste du monde une idée, un projet, pour lesquels il mobilisait toute son énergie et qu’il réalisait dans la durée.
Aujourd’hui, il n’y a rien de tel et la France n’a plus aucune stratégie ni aucun objectif concret de grande ampleur. Certes, pour en tenir lieu, nos dirigeants distillent un discours plein de bonnes intentions et de propos moralisateurs et vantent un modèle, celui des droits de l’homme. Mais pareille posture ne débouche sur rien car il y a fort longtemps que notre nation a mis en œuvre ces droits et ce n’est donc pas dans ce domaine qu’elle pourrait accomplir de nouveaux progrès significatifs. Quant au reste du monde, il est totalement vain de vouloir y répandre ces principes si l’on ne dispose d’aucune puissance politique. La France, dans ce registre, ne peut que concurrencer les organisations caritatives. Or, ce n’est évidemment pas en la transformant en ONG qu’on rendra un avenir à notre nation.
En réalité, la classe politique n’a aucune stratégie, aucun projet à proposer aux Français et, chacun peut hélas le constater, la France se laisse porter par les événements. Comment d’ailleurs pourrait-il en être autrement ? Si l’on cherche, au-delà des habillages moralisateurs et des mensonges politiciens, à discerner le fil directeur du message de la classe politique, on s’aperçoit qu’il tient en un mot : adaptation. La France doit s’adapter à la mondialisation, à l’Europe, à ses élargissements successifs, elle doit s’adapter à l’ouverture des frontières, à la concurrence internationale ainsi qu’à la libéralisation des échanges, elle doit s’adapter à l’immigration, à l’islam et aux cultures étrangères.
Bref, la France, nous explique-t-on, doit s’adapter à tout ce qui lui arrive sans avoir la possibilité d’opérer le moindre choix et de trancher entre telle ou telle option. Pas question pour elle de construire une alternative ou de tenter quoi que ce soit pour réguler ou maîtriser ce qui survient ! D’ailleurs, ne vit-elle pas dans le court terme permanent ? Ses dirigeants n’ont-ils pas toujours en tête la prochaine élection, laquelle a généralement lieu dans l’année qui vient ? Aussi notre pays est-il devenu le jouet de la transformation du monde. Il subit passivement et douloureusement ses évolutions, encaisse les coups, et ne développe aucun plan pour les parer et reprendre l’initiative.
Pourtant, au milieu du siècle dernier, la France s’était pourvue d’un tel instrument de mobilisation et d’action destiné alors à lui permettre de surmonter les épreuves de l’après-guerre. On peut aujourd’hui la critiquer, mais c’est grâce à la stratégie alors mise en œuvre que la France, vaincue en 1940, a réussi, dans les années cinquante et surtout dans les années soixante soixante-dix, à revenir au premier plan de la scène mondiale.
Portée par une volonté de grandeur et de renouveau, elle s’était dotée d’un État fort et d’institutions politiques stables. Elle avait fait le choix de l’économie mixte, alliant la force de régulation et de mobilisation de la puissance publique au dynamisme du marché. Ce fut une politique de modernisation à marche forcée, avec la construction massive de logements modernes, l’équipement du pays en grandes infrastructures de transport et de télécommunications. Ce fut aussi, dans les secteurs de haute technologie, le lancement, sous la houlette de l’État, de programmes ambitieux comme les centrales nucléaires, le TGV ou Ariane. Et, pour le reste, ce fut la croissance économique, une croissance régulée par l’État, stimulée par la demande intérieure, le progrès technique et les effets, alors positifs, du Marché commun à six.
Dans le domaine international, la France avait fait le choix de l’indépendance, cherchant à se dégager de la tutelle des deux blocs et à tenir une position équilibrée entre le tiers monde et le monde développé. Elle s’était érigée en porte-parole des pays non alignés, se faisant le chantre du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Enfin et surtout, elle était sortie de l’Otan, se dotant de l’arme nucléaire stratégique.
Ayant ainsi retrouvé à la fois la prospérité et l’indépendance, la France pouvait à nouveau jouer un rôle majeur dans le concert des nations. Grâce à une stratégie claire et lucide, menée avec détermination et persévérance, elle avait pu faire face aux défis de l’époque et tirer le meilleur parti de la situation internationale. Jusqu’en 1968 et même jusqu’en 1974, voire 1981, notre pays a donc connu une période relativement florissante, faite de prestige international et d’expansion économique, une période que l’on a justement appelée les Trente Glorieuses.
J’ai encore le souvenir de ce que représentait pour moi la France à cette époque. En 1969, j’étais à Polytechnique. Mai-68 venait de passer mais notre nation me paraissait encore forte, digne de respect et de dévouement. Lors des prises d’armes, quand je regardais flotter l’étendard de l’école, la devise « Pour la patrie, les sciences et la gloire », qui y était brodée en lettres d’or, n’était pas vaine à mes yeux. Aujourd’hui, je conserve le même sentiment mais à la fierté se mêle une sorte de nostalgie. Car, à l’évidence, la France n’a plus la même force de rayonnement.
Pourtant, j’en suis convaincu, il n’y aucune fatalité à cet abaissement. Notre nation peut parfaitement, comme dans les années soixante, se doter d’une stratégie adaptée et bénéfique. Une telle stratégie existe et constitue le seul recours pour sortir notre pays du déclin où il pourrait s’enfoncer. Une stratégie qui pourrait même offrir des perspectives plus vastes que celles dont la France avait pu se doter dans les années soixante. À l’époque, en effet, la situation internationale était complètement figée par le partage de la planète en deux blocs. Demain, dans le monde multipolaire qui se prépare, les possibilités de manœuvre pour un pays comme la France seront beaucoup plus importantes.
En ce début du vingt et unième siècle, notre nation peut donc se fixer un objectif stratégique majeur, un but clair, grand, difficile à atteindre mais néanmoins réaliste. Un projet exaltant qui mobilise l’énergie et l’enthousiasme de tous mais qui puisse être réalisé en un temps raisonnable.
Mon sentiment est que la France devrait se donner deux objectifs à atteindre dans les quinze années qui viennent : faire de notre nation la première puissance en Europe et de l’Europe la première puissance dans le monde. J’en suis sûr, malgré tous les handicaps qui sont actuellement les siens, de tels buts sont à la portée de notre pays. Un tel projet, bien qu’audacieux, peut être mené à bien par la France.
Pour ceux qui seraient sceptiques, je rappelle que notre nation dispose encore d’atouts non négligeables. Dans le domaine économique, les Français possèdent un remarquable savoir-faire. Nos ingénieurs, nos chercheurs et nos entrepreneurs, mais aussi nos ouvriers et nos techniciens sont capables des plus belles prouesses et la France, pourvu qu’elle le veuille, peut relever tous les défis technologiques et industriels. La meilleure preuve en est l’extraordinaire capacité de l’économie française à se maintenir au meilleur niveau en dépit de toutes les contraintes qu’on lui impose.
D’autre part, notre nation peut encore compter sur ce qu’elle a été et sur ce que les plus dynamiques des Français savent encore réaliser. Même si ce potentiel s’érode année après année, elle pèse quand même d’un poids certain dans la compétition internationale. Malgré le marasme qui l’accable, n’occupe-t-elle pas encore, avec un PIB de deux mille cent dix-huit milliards d’euros, la sixième place dans le monde ? N’est-elle pas le cinquième exportateur mondial, le troisième pays nucléaire, le cinquième pour la recherche scientifique ?
Le peuple français, même s’il donne parfois le sentiment d’être complètement anesthésié par le politiquement correct, est, de tous les peuples européens, celui qui lui résiste le mieux. N’est-ce pas en France que la droite nationale a réalisé ses scores les plus beaux et les plus durables ? N’est-ce pas notre pays qui s’oppose le mieux à l’imperium américain ? N’est-ce pas notre nation qui a pris la tête du non à la constitution européenne ? Notre peuple a encore du ressort. Au fond de lui-même, il a conservé cette aptitude à la résistance, ce goût de la liberté et cette aspiration à la grandeur qui lui ont permis de traverser les siècles.
La France peut donc s’imposer de nouveau comme la première puissance en Europe. Et la stratégie que je propose pour atteindre cet objectif comporte trois axes majeurs.
Il s’agit d’abord d’assurer le renouveau économique de la France. Et, pour cela, il faut rompre avec le socialisme qui a sclérosé notre société en bridant toutes les initiatives et commencer par rendre le maximum de liberté à ceux qui travaillent, créent et innovent. Il faut favoriser la recherche et l’entreprise, reconstruire l’enseignement et rétablir partout le principe de l’excellence, de l’émulation et de la récompense selon le travail et le talent. Dans la guerre économique qui fait rage, toutes les ressources de notre pays doivent être mobilisées pour assurer la défense et la promotion de notre industrie. L’idée est de faire de la France le pays le plus performant d’Europe.
Le second axe stratégique est celui du retour à la cohésion nationale. Une cohésion aujourd’hui menacée d’éclatement sous les coups de boutoir du communautarisme, de la précarité économique et de la perte des repères. Pour permettre à notre société de retrouver son unité, ses valeurs et son harmonie, il faut rétablir des normes simples et stables, enracinées dans nos traditions mais adaptées à la réalité du monde d’aujourd’hui. L’immigration doit être maîtrisée, l’islamisation proscrite, les fondements de notre identité multiséculaire réaffirmés. La solidarité nationale doit retrouver tout son sens et les familles toute leur place. La sécurité des biens et des personnes doit être rétablie. L’idée est de concevoir un modèle de société durable qui fasse la synthèse entre la modernité et nos traditions, entre les exigences de notre identité et les impératifs de la mondialisation, bref, un modèle qui puisse rendre à notre pays ses racines et ses ailes.
Encore faut-il que la France se dote des moyens de l’action et poursuive à cette fin un troisième axe stratégique visant le retour du politique. Il faut en effet rendre sa souveraineté au peuple français, restituer à ses représentants et à ses dirigeants la puissance qui leur est nécessaire pour agir et décider. L’équilibre des pouvoirs doit aussi être rétabli et l’exécutif retrouver toutes ses prérogatives. Notre pays a besoin d’être pourvu à nouveau d’un État fort. Non pas omnipotent et tentaculaire, mais apte à protéger les Français, à imposer l’intérêt général et à faire prévaloir le long terme. Un État capable de faire de la France la première puissance en Europe.
Pour autant, notre nation ne peut se limiter à ce seul objectif, aussi ambitieux soit-il. Car, que pèserait la France, même renforcée, au sein d’une Europe mondialisée, dépendante et affaiblie ? Notre pays doit donc assumer ses responsabilités européennes et chercher à faire de l’Europe une grande puissance, la première dans le monde.
À l’heure où l’on peut craindre un « choc des civilisations », notre nation ne peut espérer s’affirmer seule sur la scène mondiale comme elle a pu le faire dans les siècles passés. La civilisation européenne constitue en effet aujourd’hui un enjeu aussi important que les nations elles-mêmes et la France se doit de prendre en compte cette nouvelle dimension stratégique. Aussi doit-elle faire le choix capital et décisif d’une Europe européenne, indépendante et puissante. Une Europe respectueuse des nations qui la composent, s’érigeant en communauté de civilisation et leur rendant la puissance qu’elles ont perdue chacune individuellement.
Pour cela, il nous faut tourner le dos aux pratiques bruxelloises. L’Union doit cesser de s’occuper de tout ce qui est accessoire pour se consacrer à tout ce qui peut assurer la puissance de notre continent. Et, pour atteindre cet objectif, point n’est besoin de s’enliser dans des débats institutionnels byzantins. La priorité doit aller aux initiatives concrètes et la dynamique venir des nations.
Aussi faut-il que la France prenne la décision stratégique de porter ce projet de nouvelle Europe, de s’en faire l’avocat et de chercher à le mettre en œuvre. Pour mener à bien cette mission, il faut qu’elle multiplie les initiatives concrètes, au besoin en dehors des institutions bruxelloises et qu’elle constitue autour d’elle un noyau de nations suscep-tibles de peser dans l’Union. L’idée est que la France devienne le moteur de la puissance européenne.
Je l’affirme donc, tout demeure possible. Notre nation comme notre civilisation ont encore un avenir et même, si elles le veulent, un avenir digne de leur passé.
Encore faut-il que les Français s’ouvrent une voie et se dotent, comme ils ont su le faire en maintes occasions, d’une stratégie de redressement. C’est à eux d’en décider : ou ils continuent de se laisser subjuguer par les saltimbanques qui nous conduisent vers le néant, ou ils réagissent et redonnent un avenir à notre nation.
Il faut choisir : le zéro ou le renouveau.