L’autre scénario. Chapitre 6 : Le paradis maléfique

22 juin 2020

Temps de lecture : 9 minutes

Elle est ronde et elle tourne. Elle est belle et elle regorge d’une extra­or­di­naire richesse. Nous la croyons unique, mais la sci­ence nous laisse à penser qu’il n’en est rien. Nous la con­nais­sons entière­ment depuis à peine plus d’un siè­cle. Cela fait quar­ante ans seule­ment qu’on peut la con­tem­pler de loin. Elle est frag­ile, mais la vie y trou­ve tou­jours son chemin. Nous lui devons tout, mais nous ne la respec­tons pas assez. Elle est bien­veil­lante et féconde, mais elle peut être ter­ri­ble et meurtrière.

Elle est la terre, cette planète qui a con­sti­tué notre berceau et que nous autres les hommes avons peu­plée depuis peu. Elle est notre pat­ri­moine com­mun, mais aus­si le champ clos de nos querelles et de nos antag­o­nismes. Autre­fois, per­son­ne n’en mesurait les lim­ites, aujour­d’hui ses ressources nous parais­sent trop lim­itées. On en fait le tour en quelques dizaines d’heures et, par l’im­age ou le voy­age, on en con­naît tous les recoins. Les infor­ma­tions et les échanges se mul­ti­plient entre les nations et les con­ti­nents. Les hommes et les peu­ples appa­rais­sent moins dif­férents les uns des autres et leurs prob­lèmes com­muns ren­dent leur sol­i­dar­ité plus néces­saire, sinon plus naturelle.

Cer­tains en con­clu­ent que la terre serait engagée sur la voie d’une uni­fi­ca­tion inéluctable. Une uni­fi­ca­tion qui serait béné­fique et salu­taire pour l’hu­man­ité. Cette idée, chère aux maîtres penseurs du poli­tique­ment cor­rect, devient même un véri­ta­ble acte de foi. Elle s’ap­par­ente au cre­do d’une nou­velle reli­gion ou, à tout le moins, d’une nou­velle idéolo­gie qu’on appelle le mon­di­al­isme. Et, de toutes les idées fauss­es de la pen­sée unique, le mon­di­al­isme est sans doute la plus puis­sante et la plus répan­due. N’im­prègne-t-elle pas l’ensem­ble de notre vie sociale et nationale ?

À l’é­cole, dans les médias, dans les dis­cours poli­tiques, dans les études uni­ver­si­taires, il n’y en a que pour cette idée som­maire : la planète est dev­enue un vil­lage. Les fron­tières entre les nations vont dis­paraître, les bar­rières qui sépar­ent les peu­ples vont s’ef­fon­dr­er. Les échanges iront se mul­ti­pli­ant. Les mélanges de pop­u­la­tion, de cul­ture et d’idées vont se généralis­er. Et ce grand bras­sage, nous dit-on, servi­ra la paix et l’har­monie. Les guer­res, les con­flits, les antag­o­nismes s’ef­faceront. Les orgueils nationaux, le chau­vin­isme, l’in­tolérance et le racisme disparaîtront.

Avec ce melt­ing-pot mon­di­al, l’hu­man­ité est à l’aube d’une for­mi­da­ble muta­tion qui va la hiss­er à un degré supérieur de civil­i­sa­tion. Il faut donc, nous exhorte-t-on, com­mu­nier dans ce grand mou­ve­ment rédemp­teur qui assur­era le salut du genre humain : jetons au bûch­er ces vieilles idées qui ont fait notre passé, l’at­tache­ment à sa terre, l’amour de son peu­ple, la fierté de sa nation. Met­tons au musée tout ce qui nous a faits, notre cul­ture, notre langue, notre art de vivre. Et entrons dans la moder­nité, celle du monde mono­chrome à la langue unique et au mode de vie standardisé.

D’ailleurs, toutes les occa­sions sont bonnes pour accélér­er ce proces­sus. Organ­ise-t-on un fes­ti­val de musique ? Ce sera sur le thème du métis­sage des cul­tures ! Veut-on ven­dre un soda ? On nous mon­tr­era des femmes et des hommes du monde entier se don­nant la main en chan­tant « Nous sommes le peu­ple du monde » ! Inter­roge-t-on un artiste, un acteur, un mem­bre du show-biz sur ses racines ? Il répon­dra qu’il est bien chez lui, mais qu’il se con­sid­ère avant tout comme un citoyen du monde et qu’il se sent chez lui partout ! Veut-on organ­is­er des jeux Olympiques à Paris ? L’e­sprit n’en est plus l’éthique de la com­péti­tion loyale et du dépasse­ment de soi mais celle de la sol­i­dar­ité mon­di­ale et de l’hu­man­ité fraternelle !

Quant aux jeunes Français, ils se trou­vent plongés très tôt dans le bain des idées mon­di­al­istes. J’en ai eu le sen­ti­ment aigu un jour que je vis­i­tais un col­lège dans le Sud de la France avec un petit groupe d’élus. Nous entrons dans une salle de classe, le pro­fesseur fai­sait un cours d’in­struc­tion civique et le chef d’étab­lisse­ment lui demande de con­tin­uer. Il pour­suit donc le dia­logue qu’il avait engagé avec sa classe. Cha­cun devait dire d’où il venait et citer une cou­tume ou un objet de son pays ou de sa région. La classe était très cos­mopo­lite et les pro­pos se suiv­aient, sou­vent très bigar­rés, lorsqu’ar­rive le tour d’une jeune fille à lunettes, très soignée de sa per­son­ne, dont on aurait juré qu’elle était la pre­mière de la classe. « Moi, je suis de Sospel mais je me sens de partout. La terre est notre vrai pays. » Le pro­fesseur nous regarde, un peu gêné. Puis il se ras­sure. Car aujour­d’hui on ne risque rien à péch­er par excès de mondialisme.

En revanche, mal­heur à celui qui rejette ce nou­veau dogme. Dire qu’on préfère la France ou l’Eu­rope, c’est incon­gru, mal­séant ou car­ré­ment odieux. Émet­tre la moin­dre réserve à l’é­gard de ce bras­sage, c’est s’en­gager sur un ter­rain miné, c’est se mon­tr­er ringard, réac­tion­naire ou pire encore. Bref, le mon­di­al­isme doit être notre croy­ance à tous. Il pré­pare le par­adis sur terre et con­stitue notre hori­zon indé­pass­able. Un point c’est tout.

Rien cepen­dant n’est moins sûr et ce par­adis pour­rait bien se révéler malé­fique. Car la doc­trine mon­di­al­iste est fondée sur un malen­ten­du qui m’a tou­jours pro­fondé­ment choqué. Elle mélange en effet l’ob­ser­va­tion de faits incon­testa­bles avec la prop­a­ga­tion d’opin­ions sub­jec­tives. Si l’on ne peut pas con­tester l’ex­is­tence même du proces­sus de mon­di­al­i­sa­tion, rien en revanche ne jus­ti­fie qu’on y voie une évo­lu­tion en tout point pos­i­tive, qu’il faudrait accélér­er sans la moin­dre précaution.
La mon­di­al­i­sa­tion, qui cor­re­spond au rapetisse­ment de la terre, lié au per­fec­tion­nement des moyens de trans­port et de télé­com­mu­ni­ca­tion, con­stitue bien une réal­ité que per­son­ne ne peut nier. On peut en effet se déplac­er aujour­d’hui d’un bout à l’autre de la planète en moins d’une journée. On peut com­mu­ni­quer instan­ta­né­ment avec n’im­porte qui de l’autre côté du globe et recevoir en direct des mes­sages d’un pays situé aux antipodes. La mon­di­al­i­sa­tion résulte aus­si de l’in­ten­si­fi­ca­tion des échanges com­mer­ci­aux ren­due pos­si­ble grâce aux nou­velles tech­niques de fab­ri­ca­tion, aux économies d’échelle et à la pro­duc­tion de masse.

Cha­cun ne peut que recon­naître l’ex­is­tence de ce phénomène qui, au demeu­rant, provoque une baisse des coûts et un accroisse­ment de la richesse col­lec­tive. Étant moi-même ingénieur et sci­en­tifique de for­ma­tion, je m’in­téresse vive­ment aux pro­grès extra­or­di­naires des tech­niques. Le développe­ment spec­tac­u­laire de l’avi­a­tion, les prouess­es enreg­istrées dans le domaine des télé­com­mu­ni­ca­tions, l’ef­fi­cac­ité des nou­velles usines de pro­duc­tion, la puis­sance des moyens de trans­port, toutes ces réal­ités sus­ci­tent mon admiration.
Pour­tant, en con­tre­point de ces suc­cès sci­en­tifiques et tech­niques, nous subis­sons aus­si une mon­di­al­i­sa­tion des prob­lèmes, liée à la raré­fac­tion des ressources et à la glob­al­i­sa­tion des pol­lu­tions. Nous savons en effet que les matières pre­mières et les ressources énergé­tiques fos­siles se trou­vent en quan­tité lim­itée sur la planète. Nous con­sta­tons que les pol­lu­tions ne can­ton­nent pas leurs effets négat­ifs aux seules zones où elles sont pro­duites, mais qu’elles se rejoignent pour provo­quer des phénomènes néfastes à l’échelle du globe. Ain­si en est-il des gaz à effet de serre, dont on nous dit qu’ils détru­isent la couche d’o­zone et qu’ils vont provo­quer un réchauf­fe­ment cli­ma­tique important.

Tous ces phénomènes écologiques et tech­no-logiques, qu’ils soient posi­tifs ou négat­ifs, appar­ti­en­nent au monde d’au­jour­d’hui et s’im­posent à nous, qu’on le veuille ou non. Mais là s’ar­rête la réal­ité objec­tive, au-delà com­mence l’opin­ion sub­jec­tive, au-delà se développe une véri­ta­ble idéolo­gie. Car, si la mon­di­al­i­sa­tion con­stitue bien une réal­ité, le mon­di­al­isme, quant à lui, relève de la pen­sée mag­ique. Une pen­sée qui trans­forme cer­tains faits réels en une vision glob­ale pré­ten­du­ment béné­fique et qui s’ap­par­ente à une utopie. Au motif que les dis­tances se trou­vent réduites, que les échanges com­mer­ci­aux se mul­ti­plient et que cer­tains prob­lèmes devraient être réso­lus à l’échelle de la planète, les sec­ta­teurs du mon­di­al­isme con­clu­ent que le monde marche désor­mais vers son unité et que ce proces­sus va faire le bon­heur de l’humanité.

Mais cette pro­fes­sion de foi est-elle bien fondée ? Et n’est-ce pas une grave erreur de croire que la terre est aujour­d’hui plus unifiée que jamais ? Le monde de ce début du vingt et unième siè­cle paraît, à bien des égards, moins uni et moins uni­forme que celui des années dix-neuf cent. À l’époque, l’Eu­rope dom­i­nait le monde et impo­sait à tous les peu­ples de la planète sa tutelle poli­tique et sa supré­matie cul­turelle. La terre se trou­vait en quelque sorte unifiée par la civil­i­sa­tion européenne dont les normes et les valeurs s’im­po­saient, au moins super­fi­cielle­ment, à l’ensem­ble du globe.

Depuis, la décoloni­sa­tion est sur­v­enue, les peu­ples soumis ont retrou­vé leur indépen­dance et leur sou­veraineté, ils ont aus­si renoué avec leurs attach­es et leur his­toire. Puis, se sont pro­duits deux événe­ments, l’ef­fon­drement de l’URSS et l’é­clate­ment du bloc sovié­tique, qui ont provo­qué une nou­velle vague d’é­man­ci­pa­tion et un for­mi­da­ble réveil des iden­tités. Durant toute cette péri­ode, le nom­bre d’É­tats indépen­dants est passé de cinquante-qua­tre à cent qua­tre-vingt-onze et des civil­i­sa­tions endormies comme celles de l’is­lam, de l’Inde ou de la Chine con­nais­sent un nou­v­el essor.

Chère à cer­taines élites qui voient le monde à l’im­age de l’Eu­rope, l’idée d’une planète se glob­al­isant et s’u­ni­formisant se révèle donc large­ment fal­lac­i­euse. Ain­si, par exem­ple, la recherche du bras­sage mul­ti-eth­nique, très présente dans la pen­sée poli­tique­ment cor­recte, n’a nulle­ment cours sur tous les con­ti­nents : les phénomènes migra­toires, si trau­ma­ti­sants pour les pays occi­den­taux, ne con­cer­nent pas les autres nations du monde. Certes, quelques pays pétroliers font appel à une forte main-d’œu­vre étrangère car leur richesse est sans com­mune mesure avec leur pop­u­la­tion. Des mou­ve­ments migra­toires impor­tants se pro­duisent aus­si en Afrique en rai­son de fron­tières qui ne cor­re­spon­dent à aucune réal­ité eth­nique ou his­torique. Mais, en dehors de ces cas par­ti­c­uliers, le phénomène est inex­is­tant dans le monde non occi­den­tal : il n’y a pas d’im­mi­gra­tion au Japon, en Chine ou en Inde.

Hors d’Eu­rope, il n’y a pas non plus de crise d’i­den­tité, pas plus que d’é­tat d’âme. Sur les autres con­ti­nents, les tra­di­tions nationales, l’indépen­dance, la sou­veraineté, sont con­sid­érées comme des biens essen­tiels et brandies avec assur­ance et bonne con­science. Cha­cun se ressource dans ses orig­ines, et l’oc­ci­den­tal­i­sa­tion, véhiculée par le com­merce, l’in­dus­trie et la tech­nolo­gie, n’est bien sou­vent qu’un ver­nis super­fi­ciel qui n’en­trave nulle­ment la volon­té des peu­ples de vivre selon leurs valeurs et leurs tra­di­tions. La mon­di­al­i­sa­tion, à l’év­i­dence, ne débouche pas sur l’u­ni­fi­ca­tion du monde.

Rien ne per­met, par ailleurs, d’af­firmer que ce proces­sus de glob­al­i­sa­tion irait dans le sens de la paix et de l’har­monie. Bien au con­traire, en resser­rant l’e­space et en mul­ti­pli­ant les échanges, la mon­di­ali-sation décu­ple les fac­teurs d’af­fron­te­ment entre les com­mu­nautés comme entre les nations. Certes, au plan inter­na­tion­al, les enjeux sont essen­tielle­ment économiques et ne déclenchent générale­ment pas de con­flits armés. Mais la com­péti­tion à laque­lle elle donne lieu s’ap­par­ente, à bien des égards, à une guerre économique mondiale.
C’est en tout cas ce que pense Edward Luttwak, le con­seiller d’un ancien prési­dent améri­cain qui déclare sans détour : « La puis­sance de feu c’est la cap­i­tal­i­sa­tion ; la péné­tra­tion des marchés rem­place les bases à l’é­tranger et les gar­nisons. Les équiv­a­lents des armes nucléaires sont les poli­tiques indus­trielles d’in­vestisse­ment. » Et Bill Clin­ton de renchérir devant le sénat des États-Unis : « La sécu­rité économique améri­caine doit être élevée au rang de pre­mière pri­or­ité de la poli­tique étrangère améri­caine : il faut à cet effet met­tre autant d’én­ergie et de ressources pour gag­n­er cette guerre-là qu’il en a fal­lu pour gag­n­er la guerre froide. »

Si cette dernière peut être qual­i­fiée de troisième con­flit mon­di­al, la com­péti­tion économique forcenée à laque­lle on assiste aujour­d’hui ne peut-elle pas être con­sid­érée comme la qua­trième guerre mon­di­ale ? Une guerre dont les bel­ligérants ne sont pas rassem­blés en deux blocs qui s’af­fron­tent, mais éparpil­lés en plusieurs camps qui se bat­tent cha­cun pour son compte. Une guerre où tous les coups sont pra­tiqués, où l’on compte des morts et des blessés, des vain­queurs et des vain­cus, une guerre où il faut atta­quer et se défendre.

La mon­di­al­i­sa­tion n’est donc pas le creuset de l’u­ni­fi­ca­tion du monde mais la nou­velle arène des affron­te­ments entre les nations. Des affron­te­ments qui ne sont pas sans provo­quer de graves dom­mages dans les dif­férents camps. Dans les États en voie de développe­ment, ces phénomènes débouchent sou­vent sur des formes d’esclavage mod­erne, avec l’ex­ploita­tion éhon­tée d’une main-d’œu­vre par­fois enfan­tine, par­fois car­cérale. Et que dire du mépris total de beau­coup de ces pays pour l’en­vi­ron­nement qui met en cause les équili­bres naturels et la san­té des ouvriers ?

En France et en Europe, nous subis­sons d’une autre façon les rav­ages provo­qués par ce con­flit d’un nou­veau type dont les effets dévas­ta­teurs appa­rais­sent quo­ti­di­en­nement sous nos yeux. Provo­quant délo­cal­i­sa­tions, fail­lites, restruc­tura­tions et plans soci­aux, la con­cur­rence sauvage est respon­s­able de la pres­sion à la baisse des revenus salari­aux et des presta­tions sociales. Elle est l’une des caus­es prin­ci­pales de la pré­car­ité et du chô­mage. Et il n’y a là rien d’é­ton­nant, car, si la con­cur­rence est inté­grale et plané­taire, les nations les plus dévelop­pées per­dent néces­saire­ment des capac­ités de pro­duc­tion au prof­it de ceux qui s’in­dus­tri­alisent. Même si la richesse glob­ale aug­mente, l’é­conomie des pays anci­en­nement les plus prospères ne peut que con­naître de graves perturbations.

Ce proces­sus de désin­dus­tri­al­i­sa­tion ne met pas seule­ment en cause les équili­bres économiques et soci­aux des nations comme la nôtre, il com­pro­met égale­ment leur indépen­dance et à terme leur sécu­rité col­lec­tive. Com­ment imag­in­er en effet que les grands pays d’Eu­rope occi­den­tale puis­sent, sans risque, se priv­er d’in­dus­tries essen­tielles et accepter une spé­cial­i­sa­tion qui les place en sit­u­a­tion de dépen­dance pour de nom­breux biens stratégiques ? Com­ment croire que cer­tains pays nou­velle­ment indus­tri­al­isés, qui sont en train d’ac­quérir des monopoles de pro­duc­tion, n’ex­erceront pas dans l’avenir des chan­tages économiques ou n’ex­igeront pas le paiement de véri­ta­bles tributs ?

Il s’ag­it là d’une per­spec­tive d’au­tant plus préoc­cu­pante que les événe­ments ne se déroulent pas comme on nous les avait annon­cés. Les nou­veaux pays indus­tri­al­isés ne se con­tentent pas en effet de sup­planter l’Oc­ci­dent dans la fab­ri­ca­tion des biens de con­som­ma­tion ordi­naires, ils s’emparent égale­ment des secteurs à haute valeur ajoutée. Com­ment se fait-il, par exem­ple, qu’au­cune des trois grandes usines de fab­ri­ca­tion de dalles de téléviseur à écran plat ne soit implan­tée en Europe ou aux États-Unis ? Instal­lées en Corée, au Japon et en Chine, ces unités très sophis­tiquées ne néces­si­tent pour­tant pas une main-d’œu­vre abon­dante et bon marché. Leur local­i­sa­tion en Asie est donc bien le signe que cette région du monde est en train de pren­dre le pas sur l’Oc­ci­dent dans des secteurs d’avenir comme l’élec­tron­ique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si de grandes sociétés indus­trielles comme IBM com­men­cent à fer­mer leurs sites de recherche en Europe pour les implanter en Inde.

La mon­di­al­i­sa­tion lance à notre pays et à notre con­ti­nent un for­mi­da­ble défi que la France sem­ble aujour­d’hui totale­ment ignor­er, aveuglée qu’elle est par l’idéolo­gie mon­di­al­iste. Il faut donc ouvrir les yeux et aban­don­ner cette idée fausse d’une mon­di­al­i­sa­tion béné­fique, paci­fique et inéluctable.

La terre est belle, mais le par­adis mon­di­al­iste est maléfique.

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