La décadence des valeurs

31 août 2013

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Châteaurenard (13) – 31/08/13 – Discours de Bernard Bres, Université d’été 2013

Elle est partout, il suf­fit d’ou­vrir les yeux et de regarder autour de soi : les mœurs, nos con­duites, nos atti­tudes devant la vie et la mort. Celle-ci nous hante depuis 1914 qui a dévasté une généra­tion et mar­que la fin du monde tra­di­tion­nel (chute des monar­chies : Romanov, Hohen­zollern, Hab­s­bourg). Joyce dis­ait : « ce siè­cle est un cauchemar dont je tente de m’éveiller ». Le mot déca­dence, au sens de celle d’un État, d’une civil­i­sa­tion est apparu au milieu du XVI­I­Ie en France et en Angleterre ; Rome étant pour nous la référence (1734 Mon­tesquieu : « Con­sid­éra­tions sur les caus­es de la grandeur des Romains et de leur déca­dence » ain­si que Gib­bon : « His­toire de la déca­dence et de la chute de l’Em­pire romain ») même si le temps de l’his­toire est né en Grèce. On pour­rait aus­si citer celle des Amérin­di­ens au XVIe, de la Chine au XIXe ou de l’Em­pire ottoman au début du XXe sans par­ler des cat­a­stro­phes comme la peste noire en 1348 qui tua un tiers des chré­tiens. En fait, déjà les textes sumériens attes­tent de la con­science du déclin de leur empire, mais le mot déca­dence n’ex­iste pas en latin (c’est le verbe degener­are qui est employé par Caton l’An­cien, Cicéron « O tem­po­ra, O mores » sous la République, Juvé­nal sous l’Em­pire. La déca­dence romaine est citée pour la pre­mière fois par les human­istes ital­iens au XVe au sens de ruine, chute, déclin, cor­rup­tion. La déca­dence est un cadeau de la moder­nité (liée au mot pro­grès vers 1750). G.B. Shaw dira beau­coup plus tard : « la déca­dence ne peut trou­ver d’a­gents que lorsqu’elle porte le masque du pro­grès ».

Sont évo­qués la sub­ver­sion d’un état par des hommes plus forts, plus robustes, plus durs que ceux brisés par la mol­lesse, la cor­rup­tion, la tyran­nie ; la guerre (Carthage) ou un empire trop vaste devenu source de déca­dence (Alexan­dre, Rome, Charle­magne, Byzance, plus tard le Saint-Empire romain, Napoléon, les empires colo­ni­aux) en pour­suiv­ant le rêve de l’u­nité per­due (qui est aus­si celui de l’Eglise). La con­science de la déca­dence resur­git dans les années 1880–1910 avec par ex. Arthur de Gob­ineau qui dis­tingue le monde aryen (l’Oc­ci­dent) qui représente l’in­tel­li­gence, la civil­i­sa­tion, l’héritage antique et le monde sémite (musul­mans, juifs) qui est celui de l’a­n­ar­chie, de la bar­barie du désert, de la vio­lence et de l’in­tolérance religieuse puis, dans les années 1930 avec le célèbre ouvrage d’Oswald Spen­gler « Le déclin de l’Oc­ci­dent » et après la crise de1968. C’est la vieil­lesse de nos sociétés voire leur mort. En fait tout proces­sus humain passe par les phas­es de la nais­sance, de l’a­pogée et de la chute, de l’or­dre au désor­dre. Le temps ne cesse de nous détru­ire, c’est le mythe des dieux qui dévorent leurs enfants. Drieu dis­ait : « la vie est une per­pétuelle déca­dence ». Est-elle irréversible ? En 1939, les puis­sances colo­niales européennes con­trôlaient directe­ment 50 mil­lions de km2 (dont 82% par l’An­gleterre et la France) et 1/3 de la pop­u­la­tion mon­di­ale d’où une uni­fi­ca­tion cul­turelle de la planète.

On perçoit rarement la déca­dence ; le proces­sus est lent du moins au début ; arrivée à son terme, le corps social atteint est trop affaib­li pour réa­gir. Les caus­es sont mul­ti­ples, par­mi celles-ci : le prob­lème démo­graphique. Le vieil­lisse­ment de la pop­u­la­tion con­jugué à l’im­mi­gra­tion inva­sion après la par­en­thèse du baby-boom (1950–60) ont creusé l’é­cart entre la fécon­dité (1,7 enfant par femme française de souche / 2,1 avec celles d’o­rig­ine étrangère) et la mor­tal­ité. L’Oc­ci­dent a con­nu sa révo­lu­tion con­tra­cep­tive, la banal­i­sa­tion de l’a­vorte­ment et la pro­mo­tion de l’ho­mo­sex­u­al­ité (voir le funeste et sym­bol­ique « mariage gay ») ce qui con­duit à l’im­plo­sion de la société. Notons au pas­sage que le Plan­ning famil­ial est d’in­spi­ra­tion améri­caine (Pop­u­la­tion Coun­cil et Birth Con­trol 1951).

Sont donc liés la désagré­ga­tion de la famille, la fémin­i­sa­tion des hommes, le relâche­ment des mœurs et les débor­de­ments sex­uels presque con­stants dans les phas­es de déca­dence. Une trop grande lib­erté devient sou­vent la cause de celle-ci : « Recherchez la lib­erté et vous devien­drez esclave de vos désirs, recherchez la dis­ci­pline et vous trou­verez la lib­erté » Koan Zen.

S’y ajoutent la perte d’i­den­tité (une cité ne peut fonc­tion­ner que si un lien existe entre tous les citoyens, s’ils se recon­nais­sent un des­tin com­mun) l’ou­bli de l’His­toire (reniement de notre héritage) et de la mémoire. Or, la seule défaite irré­para­ble c’est l’ou­bli. Le Maréchal Foch affir­mait : « les peu­ples ne per­dent la vie que lorsqu’ils per­dent la mémoire ». Il est plus impor­tant de garder la mémoire que le feu sacré (vestales – vierges con­sacrées). Savons nous encore que nous sommes un peu­ple européen, de race blanche, de cul­ture gre­co-latine et de reli­gion chré­ti­enne ! Il est vrai qu’autre­fois c’é­tait l’al­liance du trône et de l’au­tel, du Roi et de l’Eglise et qu’au­jour­d’hui c’est celle du marché et du minaret ! Cette perte de notre sys­tème immu­ni­taire est aggravée par l’im­mi­gra­tion (con­séquence de la décoloni­sa­tion) et l’is­lami­sa­tion. Déjà Mon­tesquieu remar­quait « c’est un mal­heur pour la nature humaine lorsque la reli­gion est don­née par un con­quérant. La reli­gion mahomé­tane qui ne par­le que de glaive agit encore sur les hommes avec cet esprit destruc­teur qui l’a fondée ». Quant à Bossuet : « L’Is­lam cette reli­gion mon­strueuse qui a pour toute rai­son son igno­rance, pour toute per­sua­sion sa vio­lence et sa tyran­nie, pour tout mir­a­cle, ses armes ». Mahomet était un homme de pil­lage et de sang qui prêchait sa doc­trine à coups de cime­terre. Si bien que Charles de Fou­cault à la ques­tion : « les musul­mans peu­vent-ils devenir français ? », répondait : « non, car l’Is­lam est leur vraie patrie ». Face à la force, ils parais­sent soumis en atten­dant… selon l’adage « baise la main que tu ne peux encore couper ». Les peu­ples non-musul­mans sont des­tinés à être con­quis. Certes le phénomène migra­toire n’est pas nou­veau. Dès le XIXe, nous avons eu des immi­grés ital­iens, belges, puis polon­ais, espag­nols, por­tu­gais (en 1876 : 800 000 – 1911 : 1,2 mil­lion – 1931 : 2,7 mil­lion /6,6% de la pop­u­la­tion ) mais après 1945 et surtout à par­tir de 1962, ce furent les maghrébins (plus de 2 mil­lions entre 1962–74), armée de réserve du cap­i­tal et pro­lé­tari­at de sub­sti­tu­tion pour la gauche. Aujour­d’hui c’est 350 000 nou­veaux arrivants par an, la plu­part extra-européens. Tous les ans, 150 000 immi­grés devi­en­nent français grâce à l’aber­rant droit du sol (jus soli) : il faut revenir impéra­tive­ment au droit du sang (jus san­gui­nis). Con­séquence de cette inva­sion silen­cieuse : en 2050, 1/3 de la pop­u­la­tion sera issue de l’im­mi­gra­tion. Selon les chiffres offi­ciels, en 2008, il y avait 5 mil­lions d’é­trangers (6,5 avec les enfants) soit 11 % de la pop­u­la­tion sans compter les clan­des­tins estimés à 350 000 dont le coût de la recon­duite s’élève à 12 000 € par indi­vidu. Pour Goure­vitch, en 2009, la pop­u­la­tion d’o­rig­ine étrangère était de 7,7 mil­lions (12,2 % de la pop­u­la­tion) dont 3,5 issus du Maghreb et 2,4 sub-sahariens. N’ou­blions pas la pré­dic­tion de Boume­di­enne « des mil­lions d’hommes quit­teront l’hémis­phère sud pour aller dans l’hémis­phère nord. Ils n’iront pas en tant qu’amis. Ils iront pour le con­quérir et ils le fer­ont en le peu­plant avec leurs fils. C’est le ven­tre fécond de nos femmes qui nous don­nera la victoire ».

Quant à Erdo­gan (pre­mier min­istre turc) « les mosquées sont nos casernes, les coupoles nos casques, les minarets nos baïon­nettes et les croy­ants nos sol­dats ». Mais M. Valls con­tin­ue à affirmer que l’im­mi­gra­tion est une chance pour la France et nat­u­ralise à tour de bras alors que son coût glob­al se mon­terait à 79,4 mil­liards dont les ¾ sont des coûts soci­aux, les recettes n’é­tant que de 49 mil­liards donc un déficit de 30,5 mil­liards (d’autres avan­cent un chiffre de près de 40 mil­liards soit plus de 2 points de PIB). Depuis les années 70, les ban­lieues sub­mergées par l’im­mi­gra­tion sont des non-lieux. On y vit mais on n’y habite plus. C’est l’échec total de l’in­té­gra­tion, ces pop­u­la­tions la refu­sant et la France ne pro­posant plus de mod­èle. C’est une société en voie de dés­in­té­gra­tion, en crise d’i­den­tité, une France qui ne s’aime plus. Dans ces zones de non-droit (« quartiers dits sen­si­bles ») sévis­sent des « jeunes » qui font régn­er la ter­reur, déclenchent des émeutes, des incendies crim­inels, pra­tiquent toutes sortes de trafics dont la drogue, brû­lent les véhicules, cail­lassent les forces de l’or­dre et les pom­piers, pra­tiquent le chô­mage pro­fes­sion­nel et se pré­ten­dent vic­times du racisme de la société. Ce sont des ghet­tos, une véri­ta­ble con­tre société et une immi­gra­tion de peu­ple­ment qui impose ses us et cou­tumes c’est-à-dire la bar­barie. Leurs seules valeurs sont le clan, l’ar­gent, le spec­ta­cle et le voile ! Et dire qu’Hol­lande voudrait délivr­er le droit de vote aux immi­grés non encore devenus des « français de papiers » !

Or la citoyen­neté sup­pose une adhé­sion volon­taire et un con­trôle strict de la part de l’É­tat. Pour sor­tir de la déca­dence, il fau­dra invers­er à tout prix les flux migra­toires qui men­a­cent notre iden­tité avec comme cheval de Troie, l’is­lam et son Coran, livre archaïque, sa charia bar­bare (affaires Rushdie, Van Gogh), ses foulards islamiques, ses exci­sions cli­tori­di­ennes, son dji­hadisme (affaire Mer­ah), ses reven­di­ca­tions ( les piscines, can­tines sco­laires, hôpi­taux) son racisme anti-français et sa délin­quance expo­nen­tielle (voir leur nom­bre con­sid­érable dans les pris­ons : plus de 80 % d’ex­tra-européens pour la plu­part musulmans).

Con­séquence : 2/3 des Français ont une image néga­tive de l’is­lam (deux­ième reli­gion en France) syn­onyme de soumis­sion de la femme, fanatisme, retour en arrière et polyg­a­mie. Le mul­ti­cul­tur­al­isme con­duit à la guerre civile (Liban, Koso­vo). Cette mon­tée en puis­sance de l’is­lam a suivi la chute du com­mu­nisme et l’ac­céléra­tion de la mon­di­al­i­sa­tion. La ruine des idéolo­gies et le réveil des iden­tités nous men­a­cent d’une dic­tature des minorités avec la lutte con­tre les dis­crim­i­na­tions, la police de la langue, des mœurs et de la pen­sée. C’est l’idéolo­gie du cos­mopolitisme : pas de fron­tières, libre échangisme, éloge de la diver­sité, du métis­sage des corps et des cul­tures (pour­tant De Gaulle nous avait mis en garde : « Ceux qui prô­nent l’in­té­gra­tion des musul­mans ont une cervelle de col­ib­ri »). C’est une sorte d’im­pératif moral. Or, diver­sité et métis­sage sont con­tra­dic­toires. La gou­ver­nance mon­di­ale rêve de sup­primer les racines, d’in­stau­r­er le nomadisme en tout genre et de nivel­er les cul­tures. Pour la France c’est la fin du « mod­èle répub­li­cain » d’as­sim­i­la­tion qui fonc­tion­na de 1860 à 1960 avec des immi­grés européens catholiques.

Or, aujour­d’hui la foi est dev­enue une affaire indi­vidu­elle, réduite au statut d’opin­ion par­mi d’autres. La reli­gion n’or­gan­ise plus la société. En France, elle a fait place à un laï­cisme agres­sif con­tre l’i­den­tité (la pré­ten­due neu­tral­ité face aux reli­gions). Cette crise s’est aggravée depuis 1968 (crise des voca­tions, des con­vic­tions, perte de pres­tige, prêtres ouvri­ers …). Après Vat­i­can II, l’Eglise s’en­gage sur la voie des réformes qui met­tent à mal les rites et les dogmes. Aujour­d’hui, 2 enfants sur 3 nais­sent hors mariage, bon nom­bre de chré­tiens acceptent mal les pre­scrip­tions morales, la Tra­di­tion (sauvée et incar­née par Mgr Lefeb­vre et tou­jours vivace), la dis­ci­pline, le renon­ce­ment. La mode est à l’œcuménisme (Assise 1986), aux rela­tions avec les juifs (repen­tance lors du Jubilé de l’an 2000), les protes­tants et les héré­tiques ; par con­tre elles ont échoué avec les ortho­dox­es. Durant des siè­cles, l’Église don­na le ton pour les croy­ances, les valeurs, les com­porte­ments mais, de nos jours, elle n’est plus la clé de voûte ; elle est can­ton­née à l’e­space privé d’où une pro­fonde déchris­tian­i­sa­tion, ce qui entraîne à l’é­cole l’ig­no­rance de nom­breuses œuvres lit­téraires, philosophiques, pic­turales, musi­cales dev­enues her­mé­tiques car elles ne peu­vent se
com­pren­dre que dans le con­texte religieux.

L’é­cole pré­cisé­ment est un autre symp­tôme de notre crise de société. L’Homme est un être inachevé, il doit appren­dre des con­nais­sances et des savoir-faire. Aujour­d’hui, l’é­cole va mal, le niveau s’écroule, les inci­vil­ités sont légion y com­pris la drogue et la vio­lence. Le mam­mouth (1 mil­lion de fonc­tion­naires, 15 mil­lions d’élèves et d’é­tu­di­ants) est impuis­sant. Le péd­a­gogisme à la sauce Meirieu, le col­lège unique (Haby 1975), le bac pour tous ont ruiné les cours mag­is­traux et l’é­tude des textes clas­siques au prof­it de celle de la presse, des chan­sons et même du rap. L’é­cole est le reflet de la société. Selon Con­dorcet, elle devait trans­former l’Homme, régénér­er l’hu­man­ité et pour Rousseau faire de l’in­di­vidu un citoyen. Sa mis­sion tra­di­tion­nelle était d’ap­pren­dre et de trans­met­tre. Or le monde actuel, ne fait que com­mu­ni­quer. L’idéal de la société, c’est l’u­til­i­tarisme ; elle a renon­cé à édu­quer et surtout à instru­ire. L’au­torité des maîtres a été sapée par l’idéolo­gie soix­ante huitarde (« il est inter­dit d’in­ter­dire »). Le lax­isme a été instau­ré, on oublie le passé (his­toire fal­si­fiée, haine de son pays) et on dés­espère l’avenir (150 000 jeunes sor­tent du sys­tème tous les ans sans aucun diplôme). L’é­cole devient un lieu de bar­barie et de con­formisme : selon le min­istre Peil­lon « l’é­cole doit arracher les élèves aux déter­min­ismes (par­ti­c­ulière­ment famil­i­aux). Ce qui manque au social­isme pour s’ac­com­plir comme la pen­sée des temps nou­veaux, c’est une reli­gion nou­velle ». La langue est déstruc­turée. Depuis la fin des années 90 sont apparus des néol­o­gismes ridicules : auteure, pro­fesseure, écrivaine sous pré­texte de féminis­er les fonc­tions (la min­istre), métiers, grades et titres. Ensuite ce fut l’at­taque con­tre la syn­taxe, l’ac­cord du par­ticipe passé … il fal­lait éradi­quer les règles de gram­maire car le mas­culin l’emporte sur le féminin ! Du coup, il faut sup­primer made­moi­selle dans les cor­re­spon­dances et for­mu­laires offi­ciels (depuis févri­er 2012). Bien­tôt avo­cate don­nera maîtresse, on aura la chef­taine de l’É­tat ou madame pour les jeunes filles. Nég­liger sa langue mater­nelle est un signe de déca­dence morale. Les réformes calami­teuses se sont suc­cédé depuis 68. Elles visent toutes à l’é­gal­ité absolue, le refus de la sélec­tion, elles priv­ilégient le pro­jet per­son­nel de l’élève et oblig­ent à inve­stir tou­jours plus dans les ZEP et les « primo-arrivants ».

Résul­tat: 15 % des élèves entrent en 6e sans maîtris­er la lec­ture, 20 % sont en dif­fi­cultés et au niveau supérieur, la pre­mière grande école française est 65e dans le classe­ment mondial.La dis­crim­i­na­tion pos­i­tive est à l’or­dre du jour (ex. Sci­ences Po. avec Richard Desco­ings – mort depuis dans des con­di­tions sus­pectes…). Bref, on méprise le savoir sous pré­texte d’é­gal­i­tarisme forcené et on a l’il­lu­sion que l’outil infor­ma­tique pal­liera l’ab­sence de pen­sée cri­tique. En fait, l’é­cole doit relever les défis de la glob­al­ité, de la com­plex­ité, de l’ex­pan­sion incon­trôlée du savoir, sans par­ler de ceux cul­turels, soci­ologiques et civiques. L’é­cole doit affron­ter l’in­cer­ti­tude. Hei­deg­ger dis­ait « le corps enseignant doit se porter aux postes les plus avancés du dan­ger que con­stitue l’in­cer­ti­tude per­ma­nente du monde ». Or, aujour­d’hui, la seule réponse est quan­ti­ta­tive : plus de crédits, plus de per­son­nels. Il n’y a pas d’é­d­u­ca­tion sans valeurs. On a fait croire à des généra­tions que la libre expres­sion était la base de toute cul­ture alors qu’elle ne peut être que son aboutisse­ment le plus haut et le plus rare. Peguy s’in­ter­ro­geait : « com­ment enseign­er quand toute la société est pour­rie de men­songes ». Quant à Mon­taigne, il pen­sait « qu’in­stru­ire, c’est allumer un feu ». Pour cela, il faudrait une révo­lu­tion des men­tal­ités et des com­porte­ments. – Ceci nous amène à la crise de la famille dyna­mitée par les réformes du divorce, du pacs, du mariage gay, de l’adop­tion sans oubli­er la révo­lu­tion de la con­tra­cep­tion, le tra­vail des femmes, la libéra­tion sex­uelle, l’a­vorte­ment, la repro­duc­tion arti­fi­cielle (fécon­da­tion in-vit­ro, insémi­na­tion par don­neur, dons d’ovules, implan­ta­tion d’embryon) et bien­tôt la GPA (ges­ta­tion pour autrui), la PMA (pro­créa­tion médi­cale­ment assistée), la polyg­a­mie, la théorie du genre et la fémin­i­sa­tion de la société. Pour­tant pour 88 % des Français, la famille est la chose la plus impor­tante de l’ex­is­tence alors qu’on con­state une chute des mariages, une hausse des divorces (1/3), une baisse de la natal­ité, de plus en plus de foy­ers avec un par­ent unique, des mères sans mari, des céli­bataires avec enfants, des cou­ples à durée de vie lim­itée, des familles recom­posées et main­tenant des cou­ples et mariages gays…

La famille était depuis le XVI­I­Ie siè­cle l’idéal bour­geois, puis pop­u­laire. Aujour­d’hui, on ne nait plus en famille et on n’y meurt plus. La famille est un refuge, c’est le « cocoon­ing », un pont entre l’in­di­vidu et le social, un réseau de sol­i­dar­ité, elle panse les plaies infligées par la société ; sa fonc­tion n’est plus d’as­sur­er une lignée ou de trans­met­tre un pat­ri­moine. De nos jours, le père a per­du ses prérog­a­tives (réformes mar­quant la fin de l’in­ca­pac­ité de la femme mar­iée en 1965, l’au­torité du chef de famille en 70, l’é­gal­ité entre époux dans les régimes mat­ri­mo­ni­aux et la ges­tion des biens en 85, l’au­torité parentale partagée en cas de divorce en 93). La société a adop­té des valeurs féminines selon A. de Benoist : pri­mat de l’é­conomie sur la poli­tique, de la con­som­ma­tion sur la pro­duc­tion, de la descrip­tion sur la déci­sion, déclin de l’au­torité au prof­it du dia­logue, obses­sion de la pro­tec­tion de l’en­fant et sur­val­ori­sa­tion de sa parole (ex. affaire d’Outreau), mise sur la place publique de la vie privée, con­fes­sions intimes de la télé-réal­ité, vogue de l’hu­man­i­taire et de la char­ité médi­a­tique, prob­lèmes de sex­u­al­ité, de pro­créa­tion et de san­té au pre­mier plan, obses­sion du paraître, du vouloir plaire et du soin de soi mais pour l’homme la séduc­tion est sou­vent assim­ilée à la manip­u­la­tion voire au har­cèle­ment, fémin­i­sa­tion de cer­taines pro­fes­sions (école, mag­i­s­tra­ture, psy­cho­logues, tra­vailleurs soci­aux, métiers de la com­mu­ni­ca­tion et des ser­vices), sacral­i­sa­tion du mariage d’amour, idéolo­gie vic­ti­maire, mul­ti­pli­ca­tion des cel­lules psy­chologiques, développe­ment des marchés de l’é­mo­tion­nel et de l’api­toiement, dévoiement de la jus­tice qui doit faire droit à la douleur des vic­times (« faire son deuil »), déi­fi­ca­tion du cou­ple et de ses prob­lèmes, goût de la trans­parence et de la mix­ité, fin du mode impératif dans le lan­gage courant : cette glob­al­i­sa­tion instau­re un monde sans fron­tières ni repères, ce qu’il appelle un monde « liq­uide ». Cette fémin­i­sa­tion est un symp­tôme de perte de viril­ité, d’ef­face­ment du père et une con­fu­sion des rôles mas­culin-féminin. Le père est réduit à une fonc­tion économique et admin­is­tra­tive, à un sou­tien affec­tif et sen­ti­men­tal, il exé­cute les volon­tés mater­nelles, il devient une sorte d’as­sis­tance sociale et ménagère, un changeur de couch­es et un pousseur de caddies.

Or, le Père sym­bol­ise la Loi au-dessus du sub­jec­tif famil­ial ; c’est celui qui coupe le lien fusion­nel enfant-mère (il met fin au com­plexe d’Œdipe), il aide l’en­fant à sor­tir du nar­cis­sisme et à entr­er dans le monde sinon la société fab­rique des immatures.L’homme devient un enfant à mater­n­er et la société un gigan­tesque jardin d’en­fants. Il assure la trans­mis­sion du nom (mais remise en cause par la réforme de 2005), l’i­den­tité, l’héritage cul­turel et la tâche à pour­suiv­re. L’en­fant sans père a du mal à accéder au « non » sym­bol­ique. La con­fu­sion homme/femme, celle des repères et des rôles (85% des familles divor­cées ou séparées ont une mère seule), l’ho­mo­parental­ité (2 mil­lions de per­son­nes) nient l’im­por­tance de la fil­i­a­tion, dére­spon­s­abilisent les par­ents et ren­for­cent la sur­veil­lance et le con­trôle accru de l’É­tat-Prov­i­dence qui se trans­forme en une Big-Moth­er : c’est une société sans père et sans repères, Nar­cisse roi. La fémin­i­sa­tion de la société et la pro­mo­tion de l’en­fant-roi provo­quent le « jeu­nisme » qui s’im­pose aux par­ents. Le désir prime, on refuse l’ef­fort, le lan­gage enfan­tin s’in­stau­re, le tutoiement sys­té­ma­tique, l’usage du prénom au lieu du nom de famille d’où des adultes infan­tiles et des petites filles nymphettes (miss beauté) avec l’aval des par­ents. L’homme est assim­ilé à la viril­ité, à la bru­tal­ité, l’héroïsme, ce qui est mal vu. Avant au sac­ri­fice féminin lors de la nais­sance cor­re­spondait le sac­ri­fice lié à la guerre. L’homme a per­du sa fonc­tion de pro­téger, de défendre, d’at­ta­quer, donc de tuer. Désor­mais, il doit dévelop­per des qual­ités féminines : soign­er son apparence, être sen­suel mais pas obsédé, amoureux mais tolérant, savoir tout faire à la mai­son, s’oc­cu­per des enfants, laiss­er du temps libre à sa femme, gag­n­er beau­coup d’ar­gent, être énergique mais pas « macho », gen­til mais pas dom­i­na­teur, par­fois efféminé, cul­pa­bil­isé … bref, il doit se soumet­tre ou renon­cer ! L’homme a l’an­goisse et la peur d’être débor­dé (syn­drome de la mante religieuse). Face à la femme, il se voit impuis­sant et coupable. On attend trop de lui et quoi ? Les femmes con­tin­u­ent de rechercher « le vrai homme » et en même temps tout les pousse à le rejeter d’où l’échec des rela­tions homme-femme et le malaise de l’homme face à la puis­sance de la fig­ure maternelle.

Le dernier avatar en date, c’est la théorie du genre. L’ul­time décon­struc­tion c’est celle du sexe : le régime de l’in­forme. On dis­tin­guait jadis la cité de Dieu et celle des hommes. L’in­di­vidu était sec­ondaire alors qu’il est sou­verain aujour­d’hui et que selon cer­tains Dieu n’ex­iste plus… Nous sommes homme dans la mesure où nous appartenons à un peu­ple, une cul­ture, une tra­di­tion. Or, selon un livre de Judith But­ter, philosophe améri­caine, paru en 1990, l’i­den­tité sex­uelle serait le résul­tat d’une con­struc­tion sociale : c’est le fameux « gen­der » ou théorie du genre qui est un refus fonci­er de la Nature et du corps sex­ué. En 2012, lors de son con­grès, le PS a pro­posé que « la décon­struc­tion des représen­ta­tions sex­uées soit enseignée par l’é­cole de la république dès le plus jeune âge ». Depuis 2011, les manuels s’y réfèrent : pour Hachette l’i­den­tité sex­uelle est la per­cep­tion sex­uelle que l’on a de son pro­pre sexe et de son ori­en­ta­tion sex­uelle. Le sexe biologique ne nous per­met pas de nous qual­i­fi­er homme ou femme ! Nathan lui aus­si dénonce des stéréo­types. Cette théorie née dans les années 50–60 dans le cadre d’é­tudes clin­iques sur l’her­maph­ro­disme et la trans­sex­u­al­ité fut reprise par le mou­ve­ment fémin­iste et en France par des penseurs rad­i­caux comme Fou­cault, Der­ri­da, Hélène Cixous. En 1995, le mot gen­der appa­raît à l’ONU et en 2011 au Con­seil de l’Eu­rope (il rap­pelle le mot célèbre de Simone de Beau­voir « on ne nait pas femme, on le devient » et les fan­tasmes d’Élisabeth Bad­in­ter « le monde androg­y­ne est l’avenir »). Donc, l’i­den­tité sex­uelle serait la pro­duc­tion de l’é­d­u­ca­tion, d’une con­struc­tion sociale, de préjugés, de stéréo­types inculqués dès l’en­fance. Le sexe biologique n’a plus d’im­por­tance, il n’y a plus de normes. La psy­ché préex­iste au corps. Donc il faut détru­ire l’hétéro­sex­u­al­ité pro­duit d’un déter­min­isme cul­turel, de règles oppres­sives et hiérar­chisées. Par con­séquent, on nie toute iden­tité fondée sur le sexe. Cha­cun peut instau­r­er sa norme et revendi­quer : c’est le tri­om­phe de la sub­jec­tiv­ité (en effet, la dif­féren­ci­a­tion aurait servi à opprimer les femmes). Les dif­férences exis­tent peut être, mais ignorons-les ! Or, on ne choisit pas son sexe, cette dif­férence est la plus immé­di­ate, la plus fon­da­men­tale au sein de l’e­spèce humaine, elle s’im­pose à tous. Rien n’ef­fac­era le sexe (un être est XX ou XY) : l’ori­en­ta­tion sex­uelle ne remet pas en cause le corps sex­ué (c’est une pul­sion). Les rôles soci­aux vari­ent d’une cul­ture à l’autre mais jamais dans le passé, dans aucune société ou cul­ture, il n’y a eu absence d’une telle répar­ti­tion, aucune n’a assigné aux hommes ou aux femmes les mêmes fonc­tions ou rôles soci­aux. Dans toutes les cul­tures du monde, les filles préfèrent les poupées, les garçons les voitures (ain­si un bébé fille répond aux pleurs d’un autre bébé, un garçon non). Les expéri­ences con­sis­tant à élever un garçon comme une fille ou l’in­verse ont échoué car le cerveau est sex­ué. S’at­ta­quer à la dis­tinc­tion des sex­es, c’est nier la dif­férence fon­da­trice de l’humanité.

Pour­tant alors que beau­coup de con­tem­po­rains sont affran­chis de toute règle, règne l’or­dre moral appelé éthique (pour une société laïque, c’est mieux). La nou­velle morale définit ce que la société doit devenir : elle doit être « juste ». C’est une société ultra-per­mis­sive et hyper-morale. Il faut trans­former le monde pour le ren­dre plus égal­i­taire. C’est le refus du monde tel qu’il est. Le salut chré­tien est rem­placé par la foi en le pro­grès : à la fin la société sera par­faite ! Cette idéolo­gie du pro­grès affirme que les peu­ples parvien­dront au même type de société. Les Lumières déjà au XVI­I­Ie reje­taient tout héritage : la lib­erté c’est s’é­manciper du passé (mais Fus­tel de Coulanges affir­mait : « le passé ne meurt jamais en l’Homme, il peut bien l’ou­bli­er mais il le garde tou­jours en lui »). L’Homme ain­si se créerait lui-même à par­tir de rien, ce qui serait sur­réal­iste ! On con­sid­ère à présent que les dif­férences sont sources d’iné­gal­ité et d’op­pres­sion. L’Homme est sen­sé être le même partout, ce qui est absurde. L’idéolo­gie des Droits de l’Homme est dev­enue la reli­gion de notre temps. C’est une dic­tature morale qui s’ap­puie sur l’af­fec­tiv­ité ; le mal absolu c’est la néga­tion de celle-ci. La nou­velle inqui­si­tion dis­pose d’un arse­nal juridique (lois Gayssot, Per­ben, Lel­louche, Taubi­ra …), ses dévots, ses mis­sion­naires et ses ligues de ver­tu (Licra, Mrap, Ligue des Droits de l’Homme, SOS Racisme, Crif …). Toute sin­gu­lar­ité ou iden­tité est assim­ilée à du fanatisme, de la xéno­pho­bie, de la dis­crim­i­na­tion, du racisme, du fas­cisme et pour­suiv­ie. « L’Em­pire du Bien » investit tout même le plus intime de la vie privée. De ce fait, les indi­vidus « libérés » des règles de com­porte­ment tra­di­tion­nel n’ont jamais été aus­si uni­formisés. Le com­mu­nisme total­i­taire l’avait rêvé, le libéral­isme occi­den­tal l’a réal­isé : le flicage devient général­isé et sophis­tiqué. C’est la fin des valeurs aris­to­cra­tiques et pop­u­laires, le tri­om­phe des valeurs bour­geois­es. C’est la dic­tature des « bons sen­ti­ments » qui telle l’eau tiède se déverse sur les mass­es et les indi­vidus. C’est la mort de l’e­sprit (De Gaulle util­i­sait 4 000 mots, Sarkozy 400 et Hol­lande anone). Les jour­nal­istes et les média font la loi, c’est le dis­cours per­ma­nent des nou­veaux bul­letins parois­si­aux. Nous vivons dans le présent per­pétuel, l’in­stant (plus de passé ni de futur), le cœur s’ex­hibe, les poli­tiques expri­ment « leur émo­tion », leur sol­i­dar­ité, les faits de société et le com­pas­sion­nel règ­nent (ex : Lady Di). Partout les poli­tiques enton­nent la ritour­nelle des « valeurs » (dia­logue, tolérance, humanisme).

Beau­coup de films et de feuil­letons TV sont des romans à l’eau de rose (femmes battues, peines de cœur, vio­ls pour met­tre du piment …) avec tous les pon­cifs du jour, le Téléthon quête son obole, on se goin­fre dans une « teuf » pour lut­ter con­tre la faim dans le monde, l’hys­térie foot­bal­lis­tique déclenche un pseu­do délire patri­o­tique ; on attaque tou­jours les tabous d’hi­er, les tra­di­tions mais on ne dénonce jamais ceux d’au­jour­d’hui. Les con­tes­tataires de mai 68 voulaient jouir sans entrav­es, la société de con­som­ma­tion les a comblés ; ain­si l’a­vant-garde est dev­enue un nou­v­el académisme : la con­tre cul­ture du « bobo ». Par ailleurs, l’é­tat hygiéniste promet d’élim­in­er l’aléa, le risque, le con­flit mais un proverbe indi­en dit : « il n’y a pas de boucli­er con­tre le des­tin ». C’est la sécuri­sa­tion à out­rance. Le con­trôle social s’é­tend pour tout uni­formiser (voir la plat­i­tude des dis­cours poli­tiques), c’est l’al­ié­na­tion, l’asservisse­ment et l’au­to­cen­sure (même dans les cer­cles privés, les gens hési­tent à par­ler). Le peu­ple doit avoir peur de déroger aux normes. L’homme de l’empire du bien est un zom­bie, replié sur lui-même dans l’anony­mat de masse (selon Philippe Mur­ray nous sommes passés de l’ho­mo sapi­ens à l’ho­mo fes­tivus). Ain­si cette société sans repère devient chao­tique, le con­formisme s’é­tend avec des esclaves sans maître, dérac­inés, sans cul­ture, inter­change­ables, vul­nérables sous l’emprise du marché et de l’É­tat. Le peu­ple est devenu vic­time et tim­o­ré sous l’empire du bien où la com­pas­sion et la pitié sont à l’op­posé de toute jus­tice sociale (les dames patron­ness­es du XIXe ont été rem­placées par « les restos du cœur ». On par­le de frac­ture sociale, de déshérités, d’ex­clus, de défa­vorisés, de hand­i­caps… L’É­tat devient le thérapeute. Or, dis­crim­in­er c’est dis­tinguer, dis­cern­er : tout ceci est con­sid­éré comme injuste, arbi­traire voire comme une inci­ta­tion à la haine.

La Jus­tice est désor­mais chargée de faire régn­er ce nou­v­el ordre moral avec la loi instau­rant la Halde (Haute autorité de lutte con­tre les dis­crim­i­na­tions et pour l’é­gal­ité) et toutes les lois dites antiracistes déjà citées. La moin­dre sélec­tion, préférence, hiérar­chie devient intolérable : c’est l’art. 225–1 Code Pénal « toute dis­tinc­tion entre les per­son­nes à rai­son de leur orig­ine, sexe, sit­u­a­tion famil­iale, apparence physique, de leur patronyme, état de san­té, hand­i­cap, de leurs car­ac­téris­tiques géné­tiques, mœurs, ori­en­ta­tion sex­uelle, de l’âge, opin­ion poli­tique, activ­ité syn­di­cale, appar­te­nance vraie ou sup­posée à une eth­nie, nation, race ou reli­gion déter­minée con­stitue une dis­crim­i­na­tion ». Mais les mêmes font l’éloge de la dis­crim­i­na­tion pos­i­tive c’est-à-dire de passe-droits et priv­ilèges pour les pré­ten­dus défa­vorisés. Or, tout ordre social se car­ac­térise par des exclu­sions et des dis­crim­i­na­tions. Etre vic­time de nos jours est rentable (voir le fameux « devoir de mémoire » qui con­tred­it sou­vent l’His­toire car il est sub­jec­tif). Quant à l’im­pre­scriptibil­ité des crimes con­tre l’hu­man­ité, elle est con­traire à la tra­di­tion européenne (celle de l’am­nistie et du devoir d’ou­bli). L’His­toire est muselée (par ex. la loi Gayssot inter­dit de con­tester le juge­ment de Nurem­berg qui pour­tant attribue fausse­ment le crime de Katyn com­mis par les sovié­tiques aux alle­mands). De même, la loi Taubi­ra sur l’esclavage colo­nial qui ne dit mot de la traite négrière ou musul­mane qui firent pour­tant plus de vic­times et durèrent bien au-delà ! La loi doit-elle décider de la vérité his­torique ? Non, car elle con­duit à l’aber­rante litanie des repen­tances (coloni­sa­tion, Vichy, Algérie etc…). Le droit devient une morale de sub­sti­tu­tion. Les juges exer­cent une autorité au-dessus de la poli­tique (mais voir le « mur des cons » et le Syn­di­cat de la mag­i­s­tra­ture qui ne respecte aucune déon­tolo­gie). Or, ten­ter de moralis­er le Poli­tique, c’est l’anéan­tir selon Julien Fre­und. C’est une source de despo­tisme et de dic­tature (ex.voir Machi­av­el et sa cri­tique de Savonarole).

Mais aujour­d’hui, le Poli­tique qui doit organ­is­er les pou­voirs, design­er l’en­ne­mi et exercer le com­man­de­ment, ne gou­verne plus rien. La démoc­ra­tie est par essence par­tic­i­pa­tive et non représen­ta­tive : c’est le mod­èle grec. Notre sys­tème est épuisé car notre démoc­ra­tie en fail­lite ne représente plus rien avec ses élites auto­proclamées. Valéry dis­ait : « la poli­tique c’est l’art d’empêcher les gens de pren­dre part aux affaires les con­cer­nant ». Il faut rétablir le référen­dum et la pro­por­tion­nelle. Or, le droit, l’é­conomie, la morale sont au-dessus du poli­tique sans oubli­er la perte de notre sou­veraineté et le mon­di­al­isme annon­cés lors de déc­la­ra­tions célèbres : « La sou­veraineté supra­na­tionale d’une élite intel­lectuelle et de ban­quiers mon­di­aux est cer­taine­ment préférable aux déci­sions nationales qui se pren­nent depuis des siè­cles » (D. Rock­e­feller 1991) et « nous aurons un jour un gou­verne­ment mon­di­al que cela plaise ou non, la seule ques­tion est de savoir s’il sera créé par la con­quête ou par le con­sen­te­ment » (Rock­e­feller, Roth­schild et War­burg 1950).

Pour revenir à la jus­tice, rap­pelons que celle-ci s’est con­stru­ite sur l’idée de l’élim­i­na­tion de la vengeance privée. Seule l’in­sti­tu­tion judi­ci­aire est investie du droit de punir au nom de la société. Mais depuis trente ans, la jus­tice devient répara­trice ; elle se con­cen­tre sur le préju­dice occa­sion­né d’où l’im­por­tance don­née aux par­ties civiles et les droits exor­bi­tants recon­nus à cer­taines asso­ci­a­tions anti-racistes d’ester en jus­tice et de percevoir des sommes ruineuses pour les con­damnés. C’est une régres­sion, le retour à la loi du tal­ion, les principes sont vio­lés (lois rétroac­tives après 1945) ; or le mépris des lois, c’est le com­mence­ment de la déca­dence. Selon l’adage romain « ubi soci­etas, ibi jus », il n’y a de société que là où il y a du droit. En Europe, la jus­tice repose sur la notion d’équité, l’or­dre naturel dans l’An­tiq­ui­té. Pla­ton la présente comme « la médecine de la méchanceté », Rome l’as­sim­i­le à la ver­tu, pour Aris­tote le juge est un mag­is­trat insti­tué par la com­mu­nauté pour dire le droit, pour Hobbes, il doit se borner à être l’or­gane sou­verain et pour Kant c’est celui qui inter­prète la loi, parachève l’œu­vre lég­isla­tive ou constitutionnelle.

Présen­te­ment, la jus­tice se réfère aux droits de l’homme et à l’É­tat de droit. Celui-ci cherche à sub­or­don­ner le poli­tique au droit tan­dis que le juge est amené lui-même à jouer de plus en plus un rôle poli­tique. Pen­dant ce temps, nous avons 63 000 détenus pour 51 000 places, 20% des peines de prison ferme ne sont pas exé­cutées et 1/3 des détenus relèvent, paraît-il, de la psy­chi­a­trie. Par­al­lèle­ment en 2009, 1 mil­lion de gardes à vue ont été pronon­cées par­fois pour n’im­porte quelle rai­son (voir en 2013 la répres­sion féroce suite aux man­i­fes­ta­tions con­tre le mariage gay). L’in­sti­tu­tion judi­ci­aire se mon­tre lax­iste pour des dél­its graves, mais est inflex­i­ble en cas de racisme sup­posé ou d’ho­mo­pho­bie : les mal pen­sants subis­sent ses foudres (par ex. les dis­so­lu­tions récentes de mou­ve­ments nation­al­istes). Aujour­d’hui le délin­quant est perçu comme une vic­time surtout s’il est immi­gré, il faut le réin­sér­er, la répres­sion est source d’ex­clu­sion, pay­er sa dette, châti­er serait trop trau­ma­ti­sant… On se focalise sur le milieu (pau­vreté, chô­mage, iné­gal­ités, famille, édu­ca­tion, envi­ron­nement social) mais jamais sur la nature du délin­quant. Les lois s’empilent, les réformes aus­si, les pris­ons sont con­sid­érées comme des écoles du crime, les Français se sen­tent aban­don­nés par l’É­tat, livrés aux voy­ous sou­vent d’outre-Méditer­ranée et sont ten­tés par l’au­todéfense vive­ment réprimée par la jus­tice. On veut sanc­tion­ner tou­jours plus et en même temps tout est fait pour ne pas incar­cér­er (toute per­son­ne con­damnée à une peine de 2 ans ou moins ne l’est pas) : 80 000 peines ne seraient jamais exé­cutées et Taubi­ra veut même rem­plac­er la prison par la pro­ba­tion jusqu’à 5 années pronon­cées ! Les poli­tiques se con­tentent de vot­er des lois de cir­con­stances qui devi­en­nent incom­préhen­si­bles pour le citoyen de base con­fron­té à la triste réal­ité de la délin­quance, sans par­ler de l’in­flu­ence néfaste de la Cour de Jus­tice européenne et de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Le MNR soumet­tra à référen­dum le rétab­lisse­ment de la peine de mort pour les crimes les plus graves et des peines fer­mes seront exé­cutées sans faib­lesse y com­pris pour les mineurs.

Au-delà de la Jus­tice, pour sur­veiller la société, on dis­pose main­tenant de moyens que les régimes total­i­taires ne pos­sé­daient pas. Le poli­tique­ment cor­rect impose des mots à tous : c’est la pen­sée unique. Le débat est rem­placé par le ser­mon, la pro­pa­gande, l’é­tat régle­mente tout. Ain­si, même la lutte con­tre le ter­ror­isme per­met de sup­primer des lib­ertés. La société devient un panop­tique plus red­outable que celui de Ben­tham. Elle devient « un trou­peau d’an­i­maux ternes et indus­trieux » selon le juge­ment de Toc­queville. Avant on par­lait de « class­es dan­gereuses », à présent, c’est le peu­ple lui-même qu’il faut domes­ti­quer. Péguy con­statait : « quand ce n’est pas le mar­tyre physique, ce sont les êtres qui n’ar­rivent plus à respir­er ». Le Prince mod­erne veut tout voir, tout écouter comme le tyran Hiéron à Syra­cuse dans l’An­tiq­ui­té. Aujour­d’hui, le réseau d’é­coute plané­taire « Ech­e­lon » inter­cepte 80% des com­mu­ni­ca­tions à tra­vers le monde (voir affaire Snow­den ) : l’in­for­ma­tique, inter­net, les satel­lites sont les instru­ments de la société de sur­veil­lance. Le citoyen est désar­mé : à quand les puces élec­tron­iques pour con­trôler les individus ?

Cette société dépres­sive ou cha­cun est cen­sé être son pro­pre sou­verain a de plus en plus d’in­ter­dits et de tabous alors que les repères ont été abo­lis. C’est le règne de l’il­lim­ité : le virtuel domine le réel. C’est une société de plaisirs, de lib­ertés mais aus­si de con­formisme, de sur­veil­lance et de la per­for­mance. L’homme se sent dépassé, vul­nérable et frag­ile : l’e­spérance s’é­vanouit, la fatal­ité l’emporte avec l’en­nui et la mélan­col­ie. On survit mais on ne « vit » pas (obses­sion de la sécu­rité, peur de la mort). Rien n’a plus de sens : les sociétés les plus rich­es sont les plus pau­vres spir­ituelle­ment. Toutes ces caus­es provo­quent le grand malaise actuel avec l’ef­face­ment des dif­férences. Il y a plu­ral­ités d’i­den­tités revendiquées de toutes parts : lin­guis­tiques, eth­no­cul­turelles, religieuses, sex­uelles d’où des con­flits por­tant sur les valeurs. Qui suis-je ? Qui sommes-nous ? La ques­tion ne se pose pas dans la société tra­di­tion­nelle. Denis de Rouge­mont dis­ait : « la déca­dence d’une société com­mence quand l’homme se demande : que va-t-il arriv­er au lieu de que faire ? ». Elle se pose en cas de dis­so­lu­tion des liens soci­aux et de destruc­tion des repères. L’idéal n’est plus, comme dans la pen­sée clas­sique, de se con­former à l’or­dre naturel mais de s’en affranchir. La moder­nité s’at­taque aux tra­di­tions, aux croy­ances afin d’in­stau­r­er un monde uni­forme ; seules les iné­gal­ités quan­ti­ta­tives demeurent. Or, chaque peu­ple s’i­den­ti­fie dans l’his­toire, des valeurs ou des mod­èles. C’est le savoir com­mun (héros, âge d’or…), c’est l’imag­i­naire (mythes grecs, cycle du Graal…), c’est l’i­den­tité reconnue.

Selon René Char : « notre héritage n’est précédé d’au­cun tes­ta­ment » (c’est-à-dire sans répar­ti­tion). La con­science iden­ti­taire, c’est la préférence naturelle pour ceux qui parta­gent la même appar­te­nance que nous (ex. bre­ton, français, européen, chré­tien). Il y a celle de prox­im­ité (famille, peu­ple, eth­nie, nation), celle de la mémoire (his­toire, tra­di­tions), celle biologique (dev­enue sus­pecte car les races n’ex­is­tent plus,parait-il !) et enfin cul­turelle (façon de vivre, de penser, de croire). Or la société marchande exige l’a­ban­don des iden­tités et le Sys­tème tient les média, réduit les détracteurs au silence, fait régn­er partout fatal­isme et soumis­sion ; il dis­tribue les rôles : pou­voir légal, oppo­si­tion tolérée et sup­prime les con­tre pou­voirs (extrême-droite par ex). Tel un Jupiter mod­erne, il rend fou ceux qu’il veut défendre : il sus­cite de faux rebelles à pro­fu­sion (voir le show-biz) et répand la con­fu­sion idéologique. C’est la fin des illu­sions lyriques et des utopies « style mai 68 ». Un vrai rebelle, c’est un Sol­jen­it­syne et non un pseu­do philosophe tel BHL passé du maoïsme au gauchisme mondain et au sion­isme ou le mil­liar­daire gay Bergé : avec ces gens-là on pour­rait repren­dre la phrase de Cio­ran : « l’Oc­ci­dent est une pour­ri­t­ure qui sent bon ». Le pou­voir d’an­tan est un astre mort. Aucune révo­lu­tion ne peut ren­vers­er le sys­tème selon les anci­ennes méth­odes. Il n’y a plus de Palais d’Hiv­er à occu­per manu mil­i­tari : ce sont les réseaux qui impor­tent d’où le désar­roi. L’Em­pire n’a pas de cen­tre ni de fron­tières ou bar­rières. C’est un appareil décen­tral­isé avec des fron­tières mou­vantes en con­stante expan­sion, des iden­tités hybrides, des hiérar­chies flex­i­bles, des échanges pluriels et des réseaux de commandement.

Alors vivons-nous vrai­ment la fin d’un monde ? En réal­ité la fin de notre monde à déjà eu lieu. A dis­paru le monde où les enfants savaient lire et écouter, admir­er les héros et non les voy­ous ou les vic­times, où l’idéolo­gie ne broy­ait pas les âmes, où il y avait plus de devoirs que de droits, où l’hon­neur (« la poésie du devoir » selon A. de Vigny) était sacré, où il y avait des fron­tières, des tra­di­tions, des iden­tités char­nelles, des repères, où la vie quo­ti­di­enne était réglée, où on croy­ait en Dieu et où la famille était respec­tée. Aujour­d’hui, espace et temps sont abo­lis, la société éclatée, livrée aux marchands, c’est la reli­gion du moi nar­cis­sique, la lib­erté absolue, la poli­tique de la table rase, l’in­di­vidu devient pré­caire et nomade. Depuis 68, la mod­erni­sa­tion éman­ci­patrice (libéral­isme, mul­ti­cul­tur­al­isme) a boulever­sé l’é­conomie et la société avec pour objec­tif d’élim­in­er les com­mu­nautés iden­ti­taires : le prof­it domine tout. Il faut ren­dre impos­si­ble le retour à la tra­di­tion. Quant à l’É­tat, il pra­tique la « gou­ver­nance » (en fait ce sont les financiers qui diri­gent). L’é­conomie est entrée en austérité et en dépres­sion (¼ de la pop­u­la­tion européenne est men­acée de pau­vreté). Les peu­ples parais­sent épuisés, sidérés, abêtis, fatal­istes. Faut-il s’en­fon­cer dans le chaos et la nuit, atten­dre et subir en déplo­rant le passé ou pos­er les jalons d’une renais­sance ? Faisons nôtre le con­seil de George Orwell : « dans une époque de mal­hon­nêteté uni­verselle, dire la vérité est un acte révolutionnaire ».

Nos amis de Polémia par la plume d’Y­van Blot font une analyse intéres­sante. Pour eux, la déca­dence de l’Oc­ci­dent (la terre du couchant ) améri­can­isé a été mis en exer­gue par Hei­deg­ger dans son analyse du sys­tème (le Gestell). La société aurait 4 idol­es majeures : la tech­nique, l’ar­gent, la masse et l’é­go ce qui résume bien notre analyse. Ces idol­es provo­quent l’asservisse­ment de l’homme par le Gestell comme nous l’avons démon­tré par ailleurs. Pour en sor­tir, il pro­pose des voies philosophiques dont les valeurs s’op­poseront à la déca­dence de notre monde européen en voie de dis­pari­tion. Il faut retourn­er à l’être de notre human­ité, c’est un préal­able absolu car la poli­tique seule ne peut guérir cette mal­adie dont elle ignore l’essence. Yvan Blot pré­conise face à la tech­nique le recours à la beauté. Selon lui, la reli­gion la plus con­sciente serait l’ortho­dox­ie avec l’amour de la beauté de la Créa­tion tel que le prône Dos­toïevs­ki. En effet, l’u­til­i­tarisme, c’est la pri­mauté à la laideur, il détru­it la terre, l’idéal, rend l’homme médiocre, efface le sacré et le divin. L’homme devient un ani­mal. Il faut rechercher la beauté et retrou­ver la médi­ta­tion. Face à l’ar­gent, opér­er un retour aux valeurs de la démoc­ra­tie directe et de la lib­erté enrac­inées dans un cadre nation­al. Aujour­d’hui, l’É­tat obèse et impuis­sant affaib­lit la démoc­ra­tie con­fisquée par les oli­garchies, les insti­tu­tions inter­na­tionales domi­nent avec les puis­sances d’ar­gent irre­spon­s­ables dont les ges­tion­naires apa­trides s’ap­par­entent à des délin­quants (voir scan­dales financiers). Face à la masse, nous devons recourir à une édu­ca­tion human­iste. Il faut une cul­ture non seule­ment tech­nique mais aus­si éthique, mil­i­taire, patri­o­tique comme par ex. en Russie. Revenons au mod­èle gré­co-latin : un citoyen bien dans son âme et son corps visant à se dépass­er soi-même vers la per­fec­tion. Face à l’é­go, un retour à une dimen­sion religieuse. Le chris­tian­isme a forgé la France et il est au-dessus des autres reli­gions. L’homme est appelé à imiter le divin (Dieu s’est fait homme), il ne faut pas couper le chaînon entre la philoso­phie d’Aris­tote et le chris­tian­isme. Donc, l’Homme pour­rait retrou­ver sa lib­erté authen­tique et se libér­er de l’u­til­i­tarisme tech­nique, de la cupid­ité et du con­formisme de la masse décervelée et de son égo (retrou­ver l’héroïsme sym­bol­isé par St-Georges com­bat­tant le drag­on). Le pou­voir doit revenir au peu­ple servi par une aris­to­cratie du courage et de l’e­sprit, posi­tion voi­sine de celle de D. Venner.

Pour notre part et pour con­clure, nous avons vu que la nou­velle Guerre de Trente Ans (1914–45) fut aus­si funeste que la guerre du Pélo­pon­nèse pour les cités grec­ques. Après 45, nous entrons en
dor­mi­tion suite à ce qua­si-sui­cide et sa folle dépense d’én­ergie et de sang. L’Eu­rope amputée à Yal­ta a les USA et l’URSS comme suzerains ; de plus, elle est écrasée sous le poids de sa prétendue
respon­s­abil­ité quant à la Shoah, plongée dans les délices de la con­som­ma­tion de masse, de la pornogra­phie et des idéolo­gies mor­tifères, rongée par une crise iden­ti­taire morale et finan­cière. Elle a per­du sa part prométhéenne ou fausti­enne (moder­nité, sci­ence, tech­nique, com­merce), reste sa part apollini­enne selon Ven­ner. Elle ploie sous le fardeau (poids du passé) minée par le rel­a­tivisme et le com­mu­nau­tarisme, elle con­fond la morale et les droits de l’homme. L’Eu­rope tient son iden­tité d’un regard pla­toni­cien sur le monde, la Cité et l’Homme, une con­cep­tion idéal­iste de la sci­ence, de la poli­tique et de la morale ; visions régies par l’idéal de vérité, de jus­tice et de l’idée du Bien. L’Oc­ci­dent a appris à tous com­ment accéder à l’u­ni­versel en inven­tant l’in­sti­tu­tion de l’é­cole et de l’u­ni­ver­sité (la mon­di­al­i­sa­tion est aus­si issue de l’Eu­rope). L’Eu­rope fut la matrice de l’hu­man­ité, elle doit assumer sa pro­pre cul­ture, son héritage, revenir aux principes qui ont été les siens. L’im­prévu est roi, l’avenir imprévis­i­ble, il n’y a pas de fatal­ité his­torique. Nous devons affron­ter d’im­menses défis et des cat­a­stro­phes red­outa­bles. Il faut retrou­ver notre indi­vid­u­al­ité agis­sante, notre inven­tiv­ité et notre énergie. L’hu­man­ité est diverse, faite de dis­crim­i­na­tions vitales, de sépa­ra­tions fécon­des ; la mon­di­al­i­sa­tion provo­quera des explo­sions et la recherche de l’i­den­tité pour chaque société. Certes, l’Oc­ci­dent était blanc et chré­tien, il l’est de moins en moins, colonisé par ses anci­ennes pos­ses­sions mais con­traire­ment aux USA (géno­cide indi­en), les européens sont des indigènes. Aujour­d’hui nous avons peur de l’Is­lam, c’est le choc des civil­i­sa­tions, nous avons la nos­tal­gie de l’Em­pire et de sa supré­matie ; un bas­cule­ment s’est pro­duit avec l’ou­bli de nos racines gré­co-latines pour celles judéo-chré­ti­ennes et la fas­ci­na­tion pour la cul­ture des USA dont Oscar Wilde dis­ait « qu’ils for­maient un pays qui est passé directe­ment de la bar­barie à la déca­dence sans avoir jamais con­nu la civilisation ».

L’Eu­rope sort de l’His­toire, elle renie son passé et a peur de l’avenir, elle a adop­té une morale abstraite (droits de l’homme), a renon­cé à la puis­sance, elle veut le con­sen­sus, elle est en état d’ape­san­teur et de léthargie. Elle a oublié que l’his­toire est trag­ique et con­sent à sa pro­pre dis­pari­tion en som­brant dans un nihilisme général­isé. Peut-elle renaître et incar­n­er le foy­er d’une nou­velle cul­ture ? La poli­tique doit repren­dre ses droits : capac­ité d’une société à se délim­iter, à s’i­den­ti­fi­er, à choisir à l’ex­térieur ce qui la nour­rit, la ren­force et à rejeter ce qui men­ace son unité interne, capac­ité de se con­naître, de se choisir, de se préfér­er face à l’empire améri­cain sion­iste et à l’Is­lam. Là est la voie de la renais­sance à laque­lle le MNR est prêt à apporter sa contribution.

Bernard Bres
Mem­bre du Bureau national

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