Mondialisation, démondialisation : les enjeux

27 août 2011

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Les Baux-de-Provence (13) – 27/08/11 – Discours de Bernard Bres prononcé lors de l’Université d’été 2011 du MNR

Jadis, on dis­ait que le Roi était Empereur en son roy­aume sur lequel il exerçait ses prérog­a­tives régali­ennes. Aujour­d’hui, notre doulce France n’est plus qu’une coquille vide, une belle archi­tec­ture vidée de sa sub­stance. C’est le règne des maf­fias, lob­bies, eth­nies allogènes qui oppri­ment le peu­ple français, vicient son âme et ruinent notre civil­i­sa­tion qui fit pour­tant l’ad­mi­ra­tion du monde (voir Antoine de Rivarol au XVI­I­Ie siè­cle et son « Dis­cours sur l’u­ni­ver­sal­ité de la langue française »).

Qui rêve encore de la France de nos jours ?

Le mon­di­al­isme et l’homme mod­erne yan­kee broient l’i­den­tité des peu­ples (il est sym­bol­ique par exem­ple que toute référence au chris­tian­isme ait été ban­nie de la charte européenne).

Mais qu’est-ce-que la mon­di­al­i­sa­tion dont on par­le sans cesse par ces temps de crise et que Bruno Mégret et le MNR, une fois encore bien inspirés, ont mis à l’or­dre du jour de cette UDT par­faite­ment en phase avec les évène­ments actuels ?

Ce terme est apparu pour la 1ère fois en 1959 dans le jour­nal The Econ­o­mist. Toute­fois ce n’est que vers 1980–1990 qu’il s’est imposé. Il sig­ni­fie l’ac­croisse­ment des flux, du vol­ume des échanges com­mer­ci­aux de biens, de ser­vices, de main-d’œu­vre, de tech­nolo­gies et de cap­i­tal à l’échelle inter­na­tionale. A par­tir des années 90, le terme se généralise, on par­le du « vil­lage glob­al », des mou­ve­ments mon­di­al­istes et alter­mon­di­al­istes. Les Anglo-sax­ons utilisent le mot « glob­al­iza­tion » (c’est-à-dire, l’in­ter­dépen­dance au niveau mon­di­al). Au début, il s’agis­sait surtout des dimen­sions économiques et sociales, puis le con­cept s’est éten­du aux échanges humains qu’ils soient économiques, cul­turels ou poli­tiques. En revanche, le terme glob­al­i­sa­tion finan­cière s’est imposé pour désign­er la con­sti­tu­tion d’un marché mon­di­al inté­gré des cap­i­taux. Selon cer­tains, la glob­al­i­sa­tion abouti­rait à la dis­so­lu­tion des iden­tités nationales et à l’abo­li­tion des fron­tières parachevant ain­si la mondialisation.

La mon­di­al­i­sa­tion con­siste en l’in­ter­dépen­dance crois­sante des économies et con­tribue à l’ex­pan­sion des échanges et des inter­ac­tions humaines. Enfin, elle est une réal­ité géo­graphique spa­tiale : le monde s’u­ni­formise et les ter­ri­toires dis­parais­sent selon une dou­ble logique d’intégration/fragmentation ou du moins, ils sont forte­ment hiérar­chisés et polarisés.

Sou­vent, la mon­di­al­i­sa­tion est décrite comme un phénomène inéluctable,mais n’est-ce-pas un mythe ? Quant au mon­di­al­isme, c’est une idéolo­gie qui vise à détru­ire l’É­tat- Nation et à instau­r­er un gou­verne­ment mon­di­al « human­iste ». Ain­si, le 17/1/1950, les ban­quiers israélites Rock­e­feller, War­burg et Rotschild prévoy­aient : « nous aurons un gou­verne­ment mon­di­al que cela plaise ou non. La seule ques­tion est de savoir s’il sera créé par la force ou par le con­sen­te­ment ». Et, en 1991, David Rock­e­feller déclarait : « La sou­veraineté nationale d’une élite intel­lectuelle et de ban­quiers mon­di­aux est cer­taine­ment préférable aux déci­sions nationales qui se pren­nent depuis des siè­cles ». Le mon­di­al­isme répand son idéolo­gie matéri­al­iste incar­née par les USA et les sion­istes à tra­vers des clubs très fer­més comme la Tri­latérale, le club Davos, les clubs d’Aspern, le groupe Bilder­berg où se déci­dent les ori­en­ta­tions fon­da­men­tales d’un monde « orwellien ».

Toute­fois, si cette notion de mon­di­al­i­sa­tion est récente, l’His­toire a con­nu des péri­odes équiv­a­lentes : dans l’An­tiq­ui­té, l’Em­pire perse (échanges des cités phéni­ci­ennes à la Grèce et l’Inde, de Gibral­tar aux rives du Gange), la mon­di­al­i­sa­tion hel­lénis­tique (con­quêtes d’Alexan­dre), la cul­ture grecque devient uni­verselle (bib­lio­thèque d’Alexan­drie), de même l’Em­pire romain puis, au Moyen-Age, l’Em­pire car­olingien (IXe), l’Em­pire byzan­tin (Jus­tinien Xe) sans oubli­er l’Em­pire du Milieu et la Route de la Soie ou la Ligue Han­séa­tique, enfin la Renais­sance, les grandes décou­vertes, les pre­miers empires colo­ni­aux. L’e­space ne cesse de s’é­ten­dre ain­si que les échanges économiques, tech­nologiques, cul­turels entre civil­i­sa­tions. Déjà Mon­tesquieu dis­ait : « Nous
recevons trois édu­ca­tions dif­férentes ou con­traires : celle de nos pères, celle de nos maîtres, celle du monde. Ce qu’on nous dit dans cette dernière ren­verse toutes les idées des pre­mières ». Tout ceci accen­tué au XIXe siè­cle par la révo­lu­tion indus­trielle (machine à vapeur, télé­graphe) qui per­mit une meilleure com­mu­ni­ca­tion dans le monde et des trans­ferts d’hommes, de biens, de savoirs. Par­al­lèle­ment, les empires européens se dévelop­pent. Le XXe siè­cle mar­que un coup d’ar­rêt avec les con­flits mon­di­aux, la vague de pro­tec­tion­nisme et l’échec de la Société des Nations. Ce n’est qu’après 1945 qu’elle reprend avec les créa­tions de l’ONU, de la Banque Mon­di­ale, du FMI, du GATT et la préémi­nence du mod­èle cul­turel améri­cain. La Guerre Froide, la décoloni­sa­tion, lim­i­tent son exten­sion, mais avec l’ef­fon­drement du Bloc sovié­tique en 1989, elle est relancée d’au­tant que l’Asie et l’Afrique, jusque là peu con­cernées, entrent dans son champ. Les marchés financiers se met­tent en place à l’échelle internationale.

Voyons, main­tenant, les dif­férents aspects de la mon­di­al­i­sa­tion contemporaine.
sur le plan économique. Les pays rich­es auraient béné­fi­cié de l’ac­cès du con­som­ma­teur à plus de biens à un prix plus faible que si le pro­duit était fab­riqué dans le pays lui-même. Par ailleurs, pour les déten­teurs de cap­i­taux, le ren­de­ment est meilleur. Mais ceci induit des délo­cal­i­sa­tions d” indus­tries inten­sives en main-d’œu­vre peu qual­i­fiée et une con­cur­rence accrue entre pays. De plus, la Chine et l’Inde se rap­prochent très vite de nos stan­dards (ain­si les class­es moyennes sont touchées à leur tour : voir pour l’in­for­ma­tique la recherche d’ingénieurs à Ban­ga­lore). On peut objecter aus­si que la mon­di­al­i­sa­tion n’a pas été por­teuse de crois­sance en Europe, qu’elle a généré des iniq­ui­tés, des dégâts envi­ron­nemen­taux, une con­cur­rence désas­treuse, une mise à mal de la régle­men­ta­tion, de la pro­tec­tion sociale, de la fis­cal­ité et même de l’é­d­u­ca­tion, un véri­ta­ble dump­ing social selon cer­tains. En fait, les prin­ci­paux béné­fi­ci­aires furent les NPI (nou­veaux pays indus­tri­al­isés) avec leur main-d’œu­vre qual­i­fiée à faible coût et les investisse­ments très impor­tants des pays rich­es (ex. Japon après 1945, Taïwan, Corée du sud, Hong Kong, Sin­gapour…). Toute­fois, il restent dépen­dants des marchés financiers et la répar­ti­tion des gains est très iné­gale (Brésil, Chine). Les pays pau­vres, en par­ti­c­uli­er l’Afrique noire sont restés à l’é­cart, hors de l’His­toire faute de cadres, d’in­sti­tu­tions sûres, à cause de la cor­rup­tion général­isée et d’une agri­cul­ture dépen­dante des pays riches.
Aspect financier. Après 1945, les marchés financiers étaient régle­men­tés nationale­ment et cloi­son­nés mais le FMI et la Banque Mon­di­ale (lors du con­sen­sus de Wash­ing­ton de 1971) imposèrent les « 3 D » : dérè­gle­men­ta­tion (abo­li­tion du con­trôle des changes et des restric­tions aux mou­ve­ment des cap­i­taux), dés­in­ter­mé­di­a­tion ou accès direct des opéra­teurs aux marchés et décloi­son­nement. Le 15/08/71, Nixon décidait l’in­con­vert­ibil­ité du dol­lar par rap­port à l’or, sorte de dik­tat. C’é­tait la fin du sys­tème de Bret­ton Woods. Le 6/01/76 étaient signés les accords de la Jamaïque qui con­fir­maient l’a­ban­don de toute référence à l’or comme fonde­ment de la valeur moné­taire et l’as­somp­tion du « Dieu Dol­lar » comme mon­naie de réserve inter­na­tionale avec pour corol­laire la dérégu­la­tion absolue comme unique loi du marché. Une nou­velle logique s’in­stau­re : la glob­al­i­sa­tion finan­cière. En sup­p­ri­mant les obsta­cles à la cir­cu­la­tion des cap­i­taux, elle a don­né une très forte impul­sion aux marchés financiers au prof­it surtout des firmes multi­na­tionales, des Tré­sors Publics, des étab­lisse­ments de crédits et des investis­seurs insti­tu­tion­nels, avec pour con­séquences : la volatil­ité des marchés, la vari­a­tion des taux d’in­térêts et de change et des risques sys­témiques (pertes économiques et de con­fi­ance : théorie des « domi­nos »). Quant aux USA, ils pou­vaient désor­mais, faire financer leurs déficits com­mer­ci­aux par le reste du monde grâce à l’émis­sion de Bons du Tré­sor. Aujour­d’hui, les états et les insti­tu­tions se révè­lent impuis­sants à gér­er les crises. C’est tout l’en­jeu actuel !
Aspect cul­turel. Avec les réseaux d’in­for­ma­tions et de com­mu­ni­ca­tions, les indi­vidus sont devenus inter­dépen­dants : le bras­sage des courants philosophiques et religieux (ren­con­tres oecuméniques d’As­sise) s’ac­centue au détri­ment de l’Oc­ci­dent et de l’Homme Blanc cau­casien. En effet, avec le mul­ti­cul­tur­al­isme qui tend à élim­in­er les peu­ples et à con­ver­tir les sociétés occi­den­tales à celui-ci, la glob­al­i­sa­tion se pro­file. De plus, les poli­tiques relaient cette action funeste. Par ex. en 2005, Azouz Begag, Min­istre délégué à l’é­gal­ité des chances menaçait : « il faut tra­vers­er le périphérique, aller chez les indigènes, là-bas, les descen­dants de Verc­ingé­torix, cass­er les portes et si elles ne veu­lent pas s’ou­vrir, y aller aux for­ceps. Partout où la diver­sité n’ex­iste pas, ce doit être une inva­sion de cri­quets. Partout de manière qu’on ne puisse pas revenir en arrière ». Les USA veu­lent impos­er une sous-cul­ture com­mune (F. Brigneau dis­ait que « ce pays était passé directe­ment de la bar­barie à la déca­dence sans con­naître la civil­i­sa­tion »). C’est l’im­péri­al­isme anglo-sax­on avec l’anglais de com­mu­ni­ca­tion pour tous afin d’asseoir leur supré­matie. C’est une véri­ta­ble guerre cul­turelle ! Ain­si, le Com­man­dant en chef des forces de l’OTAN, le Général Wes­ley Clar­ck déclarait : « il ne doit plus y avoir en Europe de place pour un peu­ple non métis­sé (ex. Ser­bie) ; les peu­ples non-mélangés appar­ti­en­nent aux idées périmées du XIXe… ». C’est la nou­velle Baby­lone, la Tour de Babel infer­nale, la cul­pa­bil­i­sa­tion et le métis­sage oblig­a­toire, une « cul­ture monde » qui détru­it tous les par­tic­u­lar­ismes, un pseu­do human­isme. En fait, la diver­sité, c’est l’érad­i­ca­tion de nos cul­tures, de nos cou­tumes, de notre génie, de notre droit à vivre sur la terre de nos ancêtres. D’où, il résulte une sorte de guerre civile larvée du fait de la crim­i­nal­i­sa­tion de notre héritage his­torique et de notre iden­tité. Or, celle-ci est fon­da­men­tale, c’est une norme légitime, nos racines : les peu­ples pren­nent enfin con­science qu’ils sont men­acés de dis­pari­tion et qu’ils ne sont plus maîtres de leur des­tin. L’é­gal­i­tarisme mul­ti­cul­turel vise à détru­ire le fait national.
Quant à l’aspect poli­tique, on peut dire que la mon­di­al­i­sa­tion, c’est le pri­mat de l’in­ter­na­tion­al sur la Nation avec la mise à mort de la sou­veraineté. Les états sont mar­gin­al­isés (ex. la con­struc­tion européenne avec les traités d’Am­s­ter­dam, Maas­tricht, Schen­gen…). Les « États-nations » sont réduits à l’im­puis­sance ; ce sont les insti­tu­tions inter­na­tionales (Banque Mon­di­ale, FMI, OCDE, Forum de Davos, G8, G20) qui pren­nent les déci­sions cap­i­tales. Par ailleurs, les ONG se dévelop­pent pour pal­li­er à l’ac­tion publique mais elles sont minées par l’idéolo­gie tiers-mondiste et sou­vent très opaques, (ex. Green­peace). En défini­tive, la Nation n’est plus qu’un trou­peau qui ne songe qu’à paître avec de bons chiens de garde que de mau­vais berg­ers mènent à leur guise.
Pour ce qui est du fac­teur humain et social. Sur 6 mil­liards d’habi­tants, 3 %, soit 200 mil­lions vivent hors de leur pays natal. Ce sont soit les mieux for­més, soit les plus défa­vorisés (Afrique) ou réfugiés plus ou moins authen­tiques. 500 mil­lions se dépla­cent pour le tourisme (réel ou sup­posé). Face à l’im­mi­gra­tion-inva­sion subie par l’Eu­rope et aux réac­tions de rejet sus­citées, s’est dévelop­pé le dogme de l’an­ti-racisme pour saper l’e­sprit de résis­tance et empoi­son­ner les con­sciences. C’est la néga­tion de la réal­ité qui nous livre à la barbarie.
Quant à l’aspect écologique, les risques sont glob­al­isés (ex type le change­ment cli­ma­tique ou réputé tel par le GIEC qui exerce une véri­ta­ble chape de plomb sur les sci­en­tifiques). On assiste à de véri­ta­bles cam­pagnes de dés­in­for­ma­tion (effet de serre, risques nucléaires, éner­gies renou­ve­lables…) avec la créa­tion de con­cepts nou­veaux comme le développe­ment durable inven­tés lors de som­mets comme Kyoto et de con­traintes imposées an nom de ces pré­ten­dues vérités. C’est une véri­ta­ble manip­u­la­tion par la peur suscitée.

Tout ce que nous venons de pass­er en revue a été ren­du pos­si­ble par deux fac­teurs essen­tiels : la faib­lesse des coûts de trans­port au regard des coûts de pro­duc­tion et la baisse de ceux de com­mu­ni­ca­tion au niveau mon­di­al sans oubli­er la dif­fu­sion sous forme numérique des infor­ma­tions y com­pris finan­cières. L’échange de biens a entrainé avec le GATT puis l’OMC, la baisse des bar­rières douanières dans tous les domaines même l’a­gri­cul­ture et les ser­vices. Quant à l’é­conomie, elle s’est finan­cia­risée tan­dis que se dévelop­paient multi­na­tionales et transnationales.

Enfin, la mon­di­al­i­sa­tion des tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion (type inter­net) touche aujour­d’hui directe­ment chaque individu.

Pour nous résumer, voici les con­séquences du mondialisme :

  • ouver­ture des fron­tières d’où immi­gra­tion surtout extra-européenne non con­trôlée, coloni­sa­tion de l’Eu­rope et men­ace de l’Is­lam (les infidèles sont dans nos murs). Selon Gus­tave Lebon « l’in­flu­ence prépondérante des étrangers ôte à un peu­ple le plus pré­cieux, son âme ».
  • sup­pres­sion des bar­rières douanières.
  • délo­cal­i­sa­tion, braderie de nos savoirs faire, destruc­tion des PME, PMI. La planète est trans­for­mée en un vaste marché anglo-saxon.
  • fin de l’indépen­dance nationale. Or « de toutes les lib­ertés humaines, c’est l’indépen­dance de la patrie la plus pré­cieuse ». (Charles Maurras)
  • mépris des iden­tités et tra­di­tions ancestrales.
  • ter­ror­isme intel­lectuel, règne des lob­bies, his­toire manipulée.
  • chan­tage envi­ron­nemen­tal pour créer des peurs et impos­er des change­ments aux citoyens réticents.

Michel Fou­cault appelait ce nou­veau cycle his­torique l’hy­per-moder­nité. En fait, c’est un change­ment de représen­ta­tion du monde comme au XVe siè­cle la décou­verte de l’im­primerie ou au XVI­I­Ie la révo­lu­tion coper­ni­ci­enne, avec la dom­i­na­tion des USA (il est sym­bol­ique que depuis 1995, l’emploi de l’anglais ait dépassé celui du français dans les insti­tu­tions européennes alors que seule­ment 12 % de la pop­u­la­tion est anglo­phone. Alors cette société mon­di­ale est-elle inéluctable et nous con­duit-elle à un nou­v­el « âge d’or » ou va-t-elle trans­former le monde en une arène où s’af­fron­teront des sociétés atom­isées dans une guerre qui ne sera pas seule­ment commerciale ?

Devant cet état de fait est apparu un nou­veau con­cept, la démon­di­al­i­sa­tion qui prône une nou­velle organ­i­sa­tion de l’é­conomie mon­di­ale et pro­pose de remet­tre en cause la glob­al­i­sa­tion finan­cière et le libre-échange. Selon l’é­con­o­miste Jacques Sapir ou encore Emmanuel Todd, le refus d’i­den­ti­fi­er le libre- échange comme cause de la tour­mente actuelle mon­tre que ses par­ti­sans ont quit­té l’u­nivers de la réflex­ion pour entr­er dans celui de la pen­sée mag­ique. Il faut met­tre en place un pro­tec­tion­nisme à l’échelle con­ti­nen­tale européenne car aujour­d’hui l’Eu­rope est un con­ti­nent de libre échange dans un monde pro­tec­tion­niste. Les deux grands axes retenus sont : la mise en place de tax­es douanières et la reter­ri­toli­sa­tion de la pro­duc­tion. C’est à Walden Bel­lo, penseur philip­pin que revient la pater­nité du terme « démon­di­al­i­sa­tion » en 2002 (dans son ouvrage Deglob­al­iza­tion). Selon lui, il faut réori­en­ter les économies, de la pri­mauté de la pro­duc­tion pour l’ex­por­ta­tion à celle des­tinée aux marchés locaux. Il cri­tique fer­me­ment le libre-échange et la déré­gle­men­ta­tion finan­cière qui porte atteinte aux droits soci­aux et à l’en­vi­ron­nement surtout pour les pays du sud.

Aris­tote dis­ait déjà que la cupid­ité de l’homme était insa­tiable. Pour cela, les anci­ennes reli­gions ont tou­jours mis en garde con­tre la pas­sion de l’Ar­gent pour lui-même : mythes de Midas, de l’An­neau de Poly­crate, le « déclin des Dieux » étant lui-même la con­séquence de la con­voitise (« l’Or du Rhin »). Charles Péguy avait quant à lui dénon­cé le bas­cule­ment dans la moder­nité, l’i­dolâtrie du culte du Veau d’or et de la sacral­i­sa­tion de l’argent.

Or, aujour­d’hui, le prof­it est plus impor­tant que le pro­duit, la spécu­la­tion que la créa­tion, le financier que l’ou­vri­er, les valeurs éter­nelles (beauté, hon­neur…) sont caduques. Dieu est mort, l’Ar­gent est roi. Le cap­i­tal­isme de masse, l’in­di­vid­u­al­i­sa­tion hédon­iste et le social­isme alter­mon­di­al­iste, nous ont amené au point de rup­ture et à la crise com­mencée en 2008. Celle-ci est par­tie des USA et du dol­lar, piv­ot du sys­tème moné­taire inter­na­tion­al. Or, c’est une mon­naie de singe : si cer­tains pays ces­saient de l’u­tilis­er comme mon­naie de réserve, les USA seraient en fail­lite. Il faut donc remet­tre en cause son statut et la Chine pour­rait être un acteur décisif. Cette crise a provo­qué la remise en cause du cap­i­tal­isme financier et a entrainé ce con­cept de démon­di­al­i­sa­tion que d’au­cuns con­sid­èrent comme réac­tion­naire (mais « vivre c’est réa­gir » selon Mau­r­ras) ou qua­si- révo­lu­tion­naire. En effet, c’est une crise sys­témique du cap­i­tal­isme lui-même, le prob­lème étant de trou­ver tou­jours à ven­dre plus à des hommes ayant de moins en moins les moyens d’acheter.

Déjà en1988, notre Prix Nobel de sci­ences économiques Mau­rice Allais avait tiré la son­nette d’alarme. Selon lui « une libéra­tion totale des échanges et des mou­ve­ments de cap­i­taux n’est pos­si­ble, souhaitable que dans le cadre d’ensem­bles régionaux regroupant des sys­tèmes économiques et poli­tiques asso­ciés et de développe­ment économique et social com­pa­ra­bles. Donc ayant une iden­tité struc­turelle ; à l’échelle mon­di­ale, c’est irréal­is­able et même nuis­i­ble ». De plus, il dénonçait la pré­ten­due effi­cience des marchés, la notion de marché mon­di­al étant, selon lui, une abstrac­tion niant les réal­ités. Or, avec l’ef­fon­drement des fron­tières, la recherche du prof­it a pu se don­ner libre ‑cours sans entrave aucune d’où une fuite en avant décon­nec­tée du réel (pro­duits financiers dérivés, virtuels, abstraits, opaques, tox­iques dif­fusés par les ban­ques d’af­faires (« les banksters ») avec des spécu­la­teurs avides de prof­its max­i­mums (titri­sa­tion). Donc, en sep­tem­bre 2008, la liq­ui­da­tion de Lehmann Broth­ers mar­qua le début du krach mon­di­al. Les qua­tre prin­ci­pales ban­ques mon­di­ales : la FED, la BCE, la Banque du Japon et celle d’An­gleterre injec­tèrent 5000 mil­liards de dol­lars dans l’é­conomie mon­di­ale entre 2008 et 2010 soit près de 10% du PIB mon­di­al. Résul­tat un endet­te­ment pub­lic et privé gigan­tesque avec une économie en stagfla­tion et même en réces­sion. Le 16/05/2011 la dette des USA atteignait 14 294 mil­liards de dol­lars et le 5/08 l’a­gence de nota­tion Moody’s abais­sait la note du colosse aux pieds d’argile en qua­si ces­sa­tion de paiement (il faut dire que les USA sont un pays où l’on con­somme plus qu’on ne pro­duit et où l’é­pargne est inex­is­tante. Dès 2007, la dette des ménages représen­tait 100% du PIB).

Notons au pas­sage que ces agences de nota­tion ont le pou­voir exor­bi­tant d’im­pos­er une cure d’austérité aux États. En France, l’in­ter­dic­tion faite à l’É­tat français d’emprunter auprès de sa banque cen­trale a per­mis de faire sauter tous les ver­rous qui encadraient jusque-là la capac­ité d’en­det­te­ment pub­lic. L’É­tat pou­vait dis­pos­er alors d’une facil­ité d’en­det­te­ment illim­itée auprès des marchés. Dès 1982, les social­istes finançaient leurs déficits grâce à ceux-ci. Aujour­d’hui, notre dette publique est de 1 646 mil­liards d’eu­ros, soit près de 85% du PIB ou 26 250 euros par habi­tant. Le ser­vice de la dette nous coûte 125 mil­lions d’eu­ros par jour, 5 Mil­lions par heure, soit la total­ité des recettes fis­cales directes. Sans vouloir jouer les Cas­san­dre, nous courons à l’abîme ! Cette logique du cap­i­tal­isme débridé induit des effets néfastes :

  • des rich­es qui le sont encore plus (600 000 en France ont un revenu de plus de 100 000 euros par an)
  • les pau­vres sont de plus en plus nom­breux (8 mil­lions de Français; soit 13,5% ont moins de 950 euros par mois, soit un jeune adulte sur 5)
  • les class­es moyennes (entre 1 150 et 2 600 euros de revenus men­su­els) sont vouées à la dis­pari­tion (vach­es à lait de l’É­tat prov­i­dence et de l’as­sis­tanat à des mil­lions de parasites)

Après 2008, les ban­ques et les grandes entre­pris­es furent sauvées par des fonds publics mais aucun respon­s­able ne fut sanc­tion­né. Selon eux, « la crise est la preuve que le marché se régule » (d’après la théorie de « la main invis­i­ble »). Or, les États emprun­tent à plus de 3% auprès des ban­ques qui, elles, s’aut­o­fi­nan­cent à des taux oscil­lant entre 0,5 et 1% auprès de la BCE ou de la Réserve Fédérale. Donc, les marchés déti­en­nent la clé du finance­ment des États. L’é­conomie n’est pas une sci­ence exacte, l’homme n’est pas un agent rationnel, ni seule­ment un pro­duc­teur-con­som­ma­teur, il est imprévis­i­ble. La crise a démon­tré que la planète finan­cière était inca­pable de s’au­toréguler. Il faudrait donc une lég­is­la­tion créa­trice d’im­po­si­tions et régle­men­ta­tions con­traig­nantes pour la cir­cu­la­tion des titres (surtout « dérivés » à l’o­rig­ine des « bulles »).

De même, intro­duire de nou­veaux man­age­ments des firmes, une relo­cal­i­sa­tion géo­graphique de la fab­ri­ca­tion des pro­duits et reter­ri­to­ri­alis­er les plus-val­ues et prof­its des firmes. Ain­si, les États pour­raient lever des impôts sur les prof­its des multi­na­tionales, lut­ter con­tre la fraude et la spécu­la­tion, empêch­er les firmes de localis­er leurs plus-val­ues dans des zones défis­cal­isées, lut­ter con­tre les par­adis fis­caux. Aujour­d’hui, l’ac­tion­naire fixe le taux de ren­de­ment exigé ; or, il faudrait tenir compte en plus de l’É­tat, des col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales et des salariés, priv­ilégi­er les entre­pre­neurs et non les financiers. Il faut tax­er les trans­ac­tions finan­cières (idée de la taxe Tobin à repren­dre) pour con­tr­er la spécu­la­tion, accroître l’im­po­si­tion de l’ac­tion­naire selon le principe de nation­al­ité et non plus de rési­dence fis­cale (afin d’éviter les exilés fis­caux). Quant aux firmes, on pour­rait intro­duire des instances de déci­sions poli­tiques au sein de leur CA. De nos jours, la finance domine le poli­tique, le citoyen est exclu des déci­sions fon­da­men­tales. Le sys­tème est devenu oli­garchique. Toute­fois, chez les pays émer­gents tels la Chine, on assiste au retour du poli­tique con­tre la pri­vati­sa­tion du monde ( à laque­lle elle con­tribue par ailleurs). Face à celle-ci, « ate­lier du monde », il faut con­stituer de grands blocs civil­i­sa­tion­nels homogènes. Les hommes d’É­tat ont aban­don­né leurs prérog­a­tives au prof­it d’une utopique « gou­ver­nance mon­di­ale » d’où pri­vati­sa­tions, déré­gle­men­ta­tions, dérégu­la­tions éta­tiques au béné­fice des firmes et une expan­sion à l’in­fi­ni de la sphère marchande dans la vie des citoyens. Nous assis­tons à la mort de l’É­tat et à l’adop­tion du mythe de l’É­tat sans Droit ain­si qu’à l’avène­ment d’une hyper-classe oli­garchique sans légitim­ité légale ou démoc­ra­tique. Les forces de tra­vail devi­en­nent corvéables à mer­ci, la charge humaine pou­vant être réduite à tout moment à l’a­van­tage de l’ac­tion­naire apa­tride… Or, depuis Jean Bod­in, nous savons « qu’il n’est de richesse que d’hommes », nous ne pou­vons nég­liger le fac­teur humain encore moins l’ef­fac­er même si l’in­tel­li­gence arti­fi­cielle se développe. Enfin, il est impératif, vous l’avez com­pris, de rétablir le pro­tec­tion­nisme, les bar­rières douanières et de procéder à une réin­dus­tri­al­i­sa­tion. Bien sûr, ceci sup­pose de con­trôler la cir­cu­la­tion des per­son­nes, des marchan­dis­es et des cap­i­taux. Quant à l’eu­ro, soit on peut en sor­tir comme le pense E. Todd, soit ce qui nous paraît plus crédi­ble, adopter un euro dif­féren­cié (solu­tion de J. Sapir) c’est-à-dire qu’il deviendrait une mon­naie non plus unique mais com­mune (il resterait en vigueur pour les échanges de la zone euro avec l’ex­térieur mais à l’in­térieur on reviendrait aux mon­naies nationales).

Bref, l’Eu­rope et la France sont entrées en dor­mi­tion alors qu’elles écrivaient l’his­toire et qu’elles doivent faire face à une crise sociale, socié­tale, économique, finan­cière, envi­ron­nemen­tale, morale et spir­ituelle : une véri­ta­ble crise de civil­i­sa­tion. Mau­r­ras dis­ait que « l’avenir appar­tient à celui qui recueille l’éter­nelle fleur du passé » ; de même Niet­zsche déclarait « l’homme de demain est celui qui aura la mémoire la plus longue ». Alors devons-nous nous fon­dre dans un mag­ma informe d’une sous-human­ité anonyme et retourn­er à la bar­barie ou sor­tir l’épée du four­reau et entamer la Recon­quista ? Dis­ons-le, pour par­o­di­er Dru­mont, « jamais les ques­tions ne furent plus grandes et jamais les hommes ne furent plus petits ». Car, comme le remar­quait Sénèque « il n’est pas de vent favor­able pour qui ne sait où il va ». Ceci s’ap­plique par­faite­ment à la sit­u­a­tion de notre pays qui dérive depuis des décen­nies tel un Bateau ivre vers de mor­tels écueils. Dès les années 20, Oswald Spen­gler avait analysé dans un célèbre ouvrage « le déclin de l’Oc­ci­dent » mais que penserait-il-aujour­d’hui de cette ter­ri­ble crise ? Comme le dit juste­ment notre Prési­dent Bruno Mégret, un des rares respon­s­ables lucides, le poli­tique doit repren­dre ses droits, retrou­ver la capac­ité à s’i­den­ti­fi­er, à rejeter ce qui men­ace l’u­nité interne et con­forter ce qui la nour­rit. Le poli­tique doit recou­vr­er sa pléni­tude con­tre les empires à voca­tion uni­verselle (mes­sian­ique des USA, con­quérant de l’Is­lam) ; c’est le retour à la Nation ce qui sig­ni­fie la fin des insti­tu­tions con­stru­ites depuis la fin de la sec­onde guerre mon­di­ale (Nations Unies, FMI, Banque Mon­di­ale, OMC et autres ONG). La Nation doit lut­ter con­tre la coloni­sa­tion interne imposée par le sys­tème financier. C’est le com­bat entre un sys­tème qui s’af­fran­chit de toute règle, toute loi, tout bon sens ou intérêt col­lec­tif pour faire pré­val­oir son intérêt par­ti­c­uli­er et le tri­om­phe de l’in­di­vidu con­tre tout lien d’ap­par­te­nance et ceux qui acceptent qu’au-dessus de l’in­térêt indi­vidu­el et même du droit, il y ait la Nation et l’É­tat. L’en­jeu pour chaque société c’est de se con­naître, se choisir, se préfér­er (d’où les notions de préférence nationale et européenne qui nous sont chères). Le sys­tème anglo-sax­on et sa survie sont l’en­jeu de cette crise due au mon­di­al­isme qui ne serait qu’une dégénéres­cence du cap­i­tal­isme en ultra-libéral­isme. Il nous faut, donc, con­naître nos enne­mis, les désign­er (selon les pré­ceptes de Carl Schmitt), compter et rassem­bler les nôtres : bref, choisir notre camp. L’Eu­rope n’est peut-être que « le petit cap du con­ti­nent asi­a­tique » selon la for­mule de Paul Valéry mais elle a pour­tant été la matrice de l’his­toire actuelle sous toutes ses formes. Mon­taigne nous enseignait que « l’ad­ver­sité est une four­naise à recuire les âmes ». La nôtre devra être bien trem­pée car nous devons lut­ter con­tre des forces puis­santes et occultes infil­trées au cœur de l’ap­pareil d’É­tat et des insti­tu­tions européennes. Il fau­dra retrou­ver notre foi, notre iden­tité, notre indépen­dance et con­stru­ire une Europe impéri­ale avec l’axe euro-sibérien, dégagée de l’On­cle Sam et de Tel-Aviv.

Quant à notre organ­i­sa­tion poli­tique, est-il préférable d’avoir une seule hiérar­chie, un seul chef, un seul par­ti comme ce fut le cas naguère avec le FN et Le Pen (qui tri­om­pha dans César avant d’in­car­n­er Harpagon puis le Roi Lear et de baiss­er le rideau avec le Roi se meurt) ou devons-nous nous unir avec nos amis de la NDP et du PDF partageant une même doc­trine avec de petites struc­tures allant dans la même direc­tion, cha­cun sachant où et qui il doit frap­per (en quelque sorte une nou­velle ver­sion de l’Hy­dre de Lerne) ; tout ceci est à méditer et cette UDT vous apportera sans doute quelques réponses.

En con­clu­sion, l’Eu­rope doit s’éd­i­fi­er sur les valeurs fon­da­tri­ces de sa civil­i­sa­tion dont nous assumons pleine­ment l’héritage incom­pa­ra­ble et l’his­toire glo­rieuse. Brisons les chaînes du mon­di­al­isme et retrou­vons notre lib­erté et notre puissance.

Bernard Bres
Mem­bre du Bureau national

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