XIe université d’été du MNR, Saintes (17) – 29/08/09 – Discours de Francis Bocquillet
Avant de parler du mérite dans le monde du travail, rappelons la définition du mérite…
Qu’est ce que le mérite ?
Étymologiquement : du latin meritum, gain, salaire, ce dont on est digne.
Le mérite est ce qui rend une personne digne d’estime, d’éloge, de considération ou de récompense au regard de sa conduite ou des obstacles surmontés. Le mérite peut résulter de diverses qualités morales, intellectuelles ou physiques : l’habileté, le talent, le courage, l’effort fourni, la prise de risque, la responsabilité, l’innovation…
Le mérite implique un effort pour franchir des difficultés et renvoie surtout à une force morale.
Dans un sens plus large, le mérite d’une personne désigne l’ensemble de ses qualités.
La reconnaissance du mérite a donné lieu à diverses récompenses ou décorations : Ordre national du Mérite, Mérite agricole, Mérite maritime, Médaille du Travail.…..
Dans une organisation publique ou privée, la reconnaissance du mérite, par la rémunération ou la promotion, est présentée comme un moyen de protéger les membres de cette organisation contre le favoritisme, le « fait du prince », et de s’assurer qu’ils souscrivent aux valeurs fondamentales de cette organisation. En fait, elle vise à remplacer la reconnaissance « à l’ancienneté » considérée » à juste titre » comme moins efficace.
De nombreuses citations existent sur le mérite, en voici quelques unes. Chacun bien sûr, à le droit de les approuver, ou de les contester.
- « Toute peine mérite salaire, tout salaire mérite travail. » (Yvon Gattaz)
- « Le monde récompense plus souvent les apparences du mérite que le mérite même. » (La Rochefoucault)
- « La récompense du mérite est le mérite même. » (Christine de Suède)
- « On ne doit pas juger du mérite d’un homme par ses grandes qualités, mais par l’usage qu’il en sait faire. » ( Jean de la Bruyère )
- « Jamais un envieux ne pardonne au mérite. » (Pierre Corneille)
- « Salaire plus élevé = main d’œuvre plus motivée. » (Frederick Taylor ‑1880)
- Le président américain Roosevelt avait l’habitude de dire : « Le mérite est à ceux qui luttent ».
Notons aussi qu’un travail, çà se mérite :
Pour obtenir un travail , il faut le mériter, le mériter de plusieurs façons :
Exemples :
– Méritez vous d’obtenir un poste de représentant de commerce, si vous vous présentez devant votre futur employeur, avec une barbe de 3 jours, les cheveux en bataille, et des perçings des oreilles au trou de nez en passant par les sourcils ?
– Méritez vous de vous voir confier un poste d’agent dans une banque, si vous venez de sortir de prison pour braquage ?
– Méritez vous d’être nommé Préfet, uniquement parce que vous êtes issu de la minorité visible ? ( Comme les nomment nos adversaires politiques ), une façon » soft … politiquement correct » d’invoquer la couleur de la peau des personnes concernées. Pour ma part, cette expression a selon les critères de nos adversaires, une connotation raciste, puisqu’elle définie par le mot » visible « , la façon de différencier : un Gaulois, d’un Africain ou d’un Beur, par la couleur de sa peau ( à moins que ce ne soit par la tenue vestimentaire… )
Bien entendu nous ne sommes pas opposés à ce qu’une personne issue de l’immigration, parfaitement intégrée soit nommée Préfet, si elle a les mêmes compétences qu’un Français de souche, s’il n’y a pas d’autre personnes ayant les qualifications et les qualités pour remplir cette fonction, et si bien entendu, elle renonce aux préceptes politiques de sa religion , c’est-à-dire qu’elle accepte la séparation de la loi de l’église et celle de la République .
– Méritez vous tout simplement un emploi , si vous êtes incapable de vous présenter à votre travail aux heures fixées, par votre employeur ?
Je pourrais multiplier les exemples, pendant une heure et même plus, mais vous l’avez compris : un travail çà se mérite !
Égalité, mérite, autonomie, trois principes de justice, donc, qui régissent le monde du travail et auxquels tous les individus adhérent. Le problème, c’est que ces trois dieux-là, se font la guerre !
Lorsqu’ils revendiquent l’égalité, les salariés dénoncent l’arrivisme de certains de leurs collègues, » le règne de l’argent corrupteur « , le » chacun pour soi » , la chute du toute déontologie professionnelle : certains trichent ou ont intérêt à « truander » l’autre…
Tout comme Émile Durkheim qui craignait que le capitalisme n’entraîne le règne de l’égoïsme ou l’anomie, les salariés accusent l’avancement par le mérite ou l’autonomie briseuse de solidarité de creuser les inégalités.
Ce sont pourtant les mêmes salariés qui, à un autre moment de l’entretien, revendiquent la reconnaissance de leur mérite, qu’il soit justifié par des diplômes ( Après tout, je n’empêche personne de faire la même formation que moi !) . ou dans les nouvelles organisations de management, par la performance qu’ils estiment fournir.
L’égalité peut alors apparaître comme un ordre hiérarchique paralysant, ouvrant des privilèges tels que l’ancienneté, dans ce monde où « se côtoient bourdons oisifs et abeilles laborieuses » (il y a aussi des bourdons laborieux et des abeilles oisives !)…
Les augmentations au mérite » sont supposées récompenser les efforts, les résultats, être réparties selon des critères aussi objectifs que possible et être clairement expliquées à chacun.
Leur but étant de « stimuler l’ardeur » des salariés ou de « les motiver ».
Mais selon un audit réalisé par le cabinet SRM Consulting,: » il y a loin de la théorie à la pratique « .
En effet : « loin d’encourager les meilleurs » les augmentations de salaires individualisées au mérite suscitent fréquemment de violents mécontentements, au point parfois de constituer l’une des causes majeures de détérioration du climat social poussés très souvent par des syndicats politisés à gauche voir à l’extrême gauche ou la » méritocratie » comme ils disent.… n’est pas admise dans leur idéologie. (Ils préfèrent certainement la médiocratie !)
Parmi ces mécontentements évoqués il y a :
- L’absence d’explications sur les raisons ayant motivé les mesures individuelles ;
- L’absence de critère objectif clairement connu ;
- L’existence de dérive (la promotion canapé ou par amitié supposé ou réel)
Au final, loin de stimuler les efforts et de récompenser les meilleurs, le salaire au mérite a souvent par conséquence dans notre société » qui perd ses valeurs » de susciter un sentiment d’injustice ou d’arbitraire et de créer la zizanie au sein de l’équipe de travail. Pourtant, est il encourageant de voir qu’un collègue qui travaille beaucoup moins, que soi, s’absente régulièrement pour des raisons de maladies réelles ou fictives, perçoive le même salaire, voir même dans certains cas pour des raisons d’ancienneté , un salaire supérieur. Celui qui n’est pas récompensé financièrement par son assiduité au travail , par ses efforts, pour sa persévérance, ressent assez vite , un sentiment d’injustice, et peu à peu , le découragement l’emporte, sur la ténacité.
Le mérite scolaire et la compétence professionnelle ont été, pendant longtemps, des visas suffisants pour ascension sociale. Mais force est de constater que ce n’est plus toujours le cas aujourd’hui.
Certains effets pervers de la course aux diplômes sont dénoncés de longue date et de nombreuses recherches récentes en confirment l’actualité.
Pour arriver à un statut social « x », l’étudiant d’aujourd’hui doit faire des études plus longues et plus coûteuses que l’étudiant d’hier. Cette course à une scolarisation de plus en plus élevée, pour une rémunération stable ou plus basse, est l’un des effets pervers les plus importants que l’on retrouve dans les sociétés occidentales.
Le temps ou un guichetier d’une banque pouvait en devenir le Directeur est fini, il n’avait pas les diplômes que l’on demande aujourd’hui à un cadre bancaire pour devenir Directeur, mais il en avait la compétence , acquise au fil des années, grâce à son travail ses efforts et sa persévérance. C’était une réelle promotion au mérite. La promotion au mérite dans notre société, s’amenuise, et dévalorise l’effort.
Mérite et rémunération
Comment parler du mérite dans le travail sans parler de rémunération ?
Le salaire au mérite n’est pas une invention d’aujourd’hui mais c’est une notion déjà présente depuis l’Antiquité : Le sixième roi de la première dynastie babylonienne exerçait du salaire au mérite comme le prouve les gravures sur une stèle de basalte retrouvée à Suse et conservée au Louvre.
Aujourd’hui, dans notre pays, il y a par exemple de très nombreux représentants de commerce, « payés au mérite », puisqu’ils sont rémunérés à la fois par un petit salaire fixe, auquel s’ajoute une prime égale à un pourcentage sur le chiffre d’affaire qu’il ont réalisé pour le compte de leur entreprise.
Dans certaines entreprises « souvent les plus performantes », les salariés sont rémunérés selon un salaire fixe, auquel s’ajoutent des primes de résultat.
C’est ce qu’on appelle : « la participation ».
Tout travail mérite salaire. Mais lequel ?
Nous constatons, que dans notre pays des injustices existent, entre le mérite et le salaire.
En effet, est-ce que les » patrons » du CAC 40 méritent les salaires exorbitants qu’ils perçoivent ( jusqu’à 400 fois le SMIC mensuel , soit plus de 30 années de SMIC ) et parfois même sans aucun mérite au regard des résultats qu’il ont obtenus, et tout cela, sans avoir engagé un centime de fonds propre, certains vont même toucher en plus, des dizaines de millions, en cas de départ anticipé ( pour ne pas dire licenciement ), même si l’entreprise qu’ils dirigeaient coulent sous des dettes abyssales. C’est ce que l’on appelle en langage politiquement correct : » les parachutes dorés » Il y a aussi les » retraites chapeau » des chapeaux brodés à l’or fin !..Là encore on parle de plusieurs millions d’euros
Que les « grand patrons » perçoivent de gros salaires pourquoi pas…
- s’ils ont fait progresser l’entreprise qu’ils dirigent,
- s’ils s’emparent de nouveaux marchés,
- s’ils récompensent l’effort de leurs cadres et de leurs salariés,
- s’ils obtiennent aussi et en même temps de bons rendements pour leurs actionnaires,
Dans ces cas là, ils ont du mérite et doivent percevoir le fruit de leur travail.
Nous préférerions qu’un grand patron perçoive , certes un gros salaire ( pour tenir compte de la concurrence mondiale ) mais que ce salaire soit beaucoup plus lié au résultat. Mais, bien entendu, s’ils ont mené leur entreprise à la faillite : pas de parachute doré, pas de retraite chapeau. Ce sont des salariés et tous les salariés d’une entreprise à mon sens, doivent être traités sur le même pied d’égalité. Les méritants sont récompensés par des salaires plus élevés que les non méritants.
Un entrepreneur qui a créé sont entreprise à la sueur de son front, grâce à son talent, ses efforts, son courage, mérite de gros revenus et pourtant bien souvent, malgré toutes ses qualités, il ne percevra que le salaire d’un cadre moyen . Et pourra même malgré son mérite, finir ruiné !..
Que dire encore du mérite :
- d’un ouvrier du bâtiment, qui par tous les temps doit assumer sa tâche, souvent difficile, laborieuse, pénible.
- d’un cuisinier qui travaille debout durant toute le journée, et doit supporter des chaleurs pénibles.
- d’un mouleur dans une fonderie, qui lui travaille dans la poussière et dans la chaleur.
Je pourrai comme cela égrener de nombreux autre métiers pénibles…
Ces ouvriers , ne méritent ‑ils pas d’être mieux payés, d’avoir leur retraite plus tôt, que l’employé de bureau , ou l’employé d’EDF qui vient relevé votre compteur ?
La réponse coule de source, et pourtant , la réalité n’est pas celle là. Leurs efforts, sont beaucoup moins récompensés financièrement, et il doivent aussi travailler plus longtemps.
Mais bien entendu, un employé administratif, un cadre, un fonctionnaire, qui rempli sa mission courageusement, consciencieusement et en responsabilité, à lui aussi du mérite, même si son effort physique est moindre, que les travailleurs manuels. Il devrait y avoir dans ces fonctions des différences de rémunération, entre ceux qui en font le minimum et ceux qui remplissent leur tâche avec assiduité, courage et conscience professionnelle, ce qui n’est pas toujours le cas dans notre société.
Une autre injustice dans les rémunération et le mérite :
Certes des progrès ont été fait depuis quelques années en la matière, mais aujourd’hui encore, dans certaines professions, les femmes dans les mêmes fonctions, sont bien moins rémunérées que les hommes… pourtant elle mérite le même salaire, c’est une injustice dans les salaires qui devra être totalement corrigée. Il va sans dire que nous sommes au MNR favorable à l’application d’une égalité totale des salaires entre homme et femme exerçant la même profession à partir du moment ou elles exercent leur tâche dans les mêmes conditions qu’un homme à leur fonction.
Au MNR nous nous proposons que :
L’effort, le courage, l’assiduité, la pénibilité, soient rémunérés à leur juste valeur.
Il faut aussi redonner de la valeur aux travaux manuels et non les présenter aux jeunes générations comme des emplois réservés aux plus nuls d’entre eux, et leur réapprendre qu’il n’y a pas de sots métiers, mais des sottes gens dans toutes les professions.
Dans de nombreux emplois, l’expérience sur le tas, la prise de risque , la créativité, ou encore certaines compétences plus techniques comptent plus que la formation théorique reçue.
Or dans tous les cas où le mérite professionnel ne recouvre pas le mérite scolaire.
Caler l’affectation des emplois ou les salaires sur les seules titres scolaires est injuste, et revient à écarter des jeunes peu diplômés, mais qui sont pourtant pourvus de qualités, mais non scolaires.
La question, au niveau de la société, est de savoir si tout investir dans l’éducation est » socialement rentable « , au sens que cela produit des » bénéfices sociaux » tels que la croissance, une meilleure intégration sociale, un civisme renforcé, un bien-être accru, autant d’effets allant bien au-delà des individus directement concernés.
Une société équilibrée à besoin, de diplômés et de non diplômés, tous ceux qui travaillent quelque soit leur tâche ont du mérite.
Celui qui travaille , quoi qu’il fasse, mérite plus que celui qui ne fait rien et vie au crochet de ceux qui travaillent…
C’est sans nul doute une évidence pour vous… mais aujourd’hui, dans la réalité, ce n’est pas toujours le cas. Vous avez sûrement quelques exemples autour de vous.
Au MNR nous considérons que nous devons valoriser ceux qui travaillent et mieux rémunérer les travaux manuels en appliquant une échelle de salaire basée sur pénibilité
La reconnaissance du mérite dans le travail, ne doit pas être considérée comme la récompense d’un quelconque valeur intrinsèque, mais comme un système incitatif de motivation et d’encouragement , délibérément orienté vers ce qui fait progresser l’ensemble de la société .
Le système du mérite doit constituer le fondement de notre société.
La méritocratie s’impose comme la seule voie à la fois juste et efficace de répartir les places ( inégales ) dans les sociétés démocratiques.
Ce sont incontestablement ces valeurs que nous devons promouvoir et non nous laisser tenter par le misérabilisme ambiant
La notion du mérite est intimement lié à la capacité de travail réelle du salarié.
Honneur à l’optimisme et au mérite !
Permettez moi de conclure mon intervention par quelques lignes en vers.
Le travail ne doit , quoiqu’en soit la besogne,
Devenir corvée, rester un exercice
Quelque soit le labeur, même s’il faut qu’on s’y cogne
La tâche accomplissons, si le temps est propice
Que vous soyez patrons, cadre ou simple ouvrier
Sachez qu’au MNR, préférons le mérite
Les meilleurs doivent toujours être récompensés
Que des salaires décents, au travail les incitent
Méritez le travail , ou travail au mérite ?
La question est posée, avez-vous la réponse ?
En quelques mots ce jour, en étant explicite
J’ai tenté devant vous, vous en faire l’annonce.
Y ai-je réussi ? c’est à vous de le dire,
Dans mes explications, ai-je droit au mérite ?
Si tel est bien le cas, à vous de m’applaudir !..
Mais si j’ai tout raté, n’aurais point d’enchérîtes.
Francis Bocquillet